Comment stopper l’effondrement total de l’Etat d’Haïti ?

Lemoine Bonneau, Editorialiste. Photo et Texte Courtoisie Le Nouvelliste

Les événements survenus le samedi 24 novembre dernier à Malpasse, occasionnant le décès de quatre agents douaniers, dans des circonstances aussi cruelles que dramatiques, constituent un signal négatif lancé, d’une part, aux fonctionnaires publics qui exécutent pour l’Etat des missions dans différents domaines, et, d’autre part, à tous ceux qui ont consenti d’énormes sacrifices depuis de longues années. Sacrifices pour mobiliser les consciences, remembrer certaines entités afin de jeter les bases d’une nouvelle forme de gestion des affaires de la République. L’Etat concrétise ses missions et ses objectifs à travers l’administration publique qui, sur la base de la gestion, de l’aménagement et de règlementation, fait fonctionner le personnel de la fonction publique.

Quel que soit le niveau de développement d’un Etat et peu importe sa forme, il existe un certain nombre de services qu’il ne peut conférer à une entité privée ni à une collectivité décentralisée. Ces services, qui constituent des missions de souveraineté, ont été créés pour permettre à l’Etat de garantir sa pérennité. Au nombre de ces missions de souveraineté figure le service des douanes. En raison de son statut, un agent douanier, peu importe sa position sur le territoire national, agit au nom de l’Etat et doit bénéficier de la protection et de l’assistance des autorités constituées. Une insulte, une attaque et un assassinat perpétré sur la personne d’un douanier dans l’exercice de ses fonctions constituent un affront à l’Etat. Une semaine après le drame de Malpasse, quelles sont les dispositions prises par le gouvernement pour fixer les responsabilités de ceux qui représentent la puissance publique chargée de protéger ces victimes ? Pendant combien de temps les résultats de cette enquête seront connus et les coupables punis conformément à la loi ?

Depuis le début des années 90, l’Organisation des Nations unies, sur la base d’études et de recherches, a mis sur pied l’enquête sur l’Indice de développement humain pour permettre à chaque pays de saisir l’opportunité de planifier son développement en disposant des indicateurs identifiés pour collecter les données. Sur la base de ces données, l’organisation mondiale classe les pays en raison de leur niveau de vie. Constatant la faillite de certains Etats, et tenant compte du nombre de missions de maintien de la paix de l’Onu déployées dans la plupart des pays en conflit, des études sont publiées chaque année sur les Etats fragiles. Les turbulences politiques engendrées par le coup d’Etat du 30 septembre 1991 et la crise politique découlant des élections de 21 mai 2000 ont mis notre pays sous les feux des projecteurs. Ces crises politiques ont provoqué à tort ou à raison plusieurs missions civiles et militaires. Depuis lors, Haïti est classé parmi les Etats fragiles.

Le drame de Malpasse vient de renforcer la position de notre pays au rang des Etats fragiles. L’administration Moïse-Céant va-t-elle continuer à assister au dépérissement de l’Etat ? Ne peut-elle pas trouver les voies et moyens à un véritable consensus sur la base d’un dialogue sans faut-fuyant, sans rancune, pour le bénéfice de la patrie commune ?

Lemoine Bonneau, lbonneau@lenouvelliste.com

https://lenouvelliste.com/public/index.php/article/195489/comment-stopper-leffondrement-total-de-letat-dhaiti

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