Dos au mûr, le pouvoir opte pour le « dialogue »

Après les grandes manifestations du 18 novembre et du 17 octobre à travers le pays, les représentants des trois pouvoirs de l’État se sont retrouvés le lundi 19 novembre, au palais national, pour se pencher sur la crise politique, économique et sociale qu’affronte le pays.

Au terme de cette rencontre, ils ont résolu, selon un communiqué, de poursuivre le dialogue avec tous les secteurs de la vie nationale, de résoudre les problèmes liés à l’insécurité et d’intensifier les mesures d’apaisement social.

Il s’agit là de tout un programme pour une administration qui se trouve dos au mûr, entre des revendications persistantes exigeant la lumière sur le gaspillage présumé de 3,8 milliards de dollars des fonds Petro-Caribe, et les demandes réitérées de démission du président Jovenel Moïse.

C’est au nom de ces réclamations que les activités sont globalement paralysées durant une deuxième journée consécutive, au lendemain de la mobilisation du dimanche 18 novembre, qui a drainé une foule imposante à la capitale et dans plusieurs autres villes.

Des barricades de pneus usagés, de pierres et d’objets divers jonchent le 20 novembre encore certaines artères de l’aire métropolitaine de Port-au-Prince, où les activités ont du mal à reprendre leur cours habituel.

L’opposition veut mettre les bouchées doubles

Dans la foulée des dernières manifestations, des mouvements d’opposition, qui semblent avoir pris du tonus, entendent bloquer le pays durant 3 jours pour obtenir le départ du chef de l’État.

L’enjeu est de voir si l’étau va se resserrer ou se relâcher autour du président. Ce qui est sûr cependant, c’est que les marges de manœuvre de Jovenel Moïse, de plus en plus impopulaire, se rétrécissent.

Entretemps, la méfiance ne fait que s’étendre et la situation économique déjà désastreuse ne pourra que s’aggraver après des journées de paralysie. La monnaie nationale a littéralement plongé et le Dollar se vend à environ 75 Gourdes.

Le sang

Le sang qui a coulé durant ces journées de mobilisation tend aussi à creuser le fossé entre la population et le pouvoir en place.

Le dernier bilan communiqué par la police fait état d’au moins 9 morts, 5 blessés et 35 arrestations, alors que les secteurs d’opposition parlent de 11 morts, 45 blessés et 75 arrestations.

A ce propos, la “New england human right organization” (Nehro) presse les autorités policières et judiciaires de diligenter une enquête pour déterminer les auteurs des actes d’assassinat et de violence perpétrées contre les citoyens. La Nehro exige la libération sans condition des personnes arrêtées et détenues arbitrairement, durant cette journée de manifestation.

Cette organisation déplore également les violences qui ont été commises ces derniers jours dans plusieurs quartiers populaires.

Elle insiste sur la situation qui prévaut dans le quartier de La Saline (secteur nord) où des attaques de bandits armés auraient fait entre 15 et 25 morts, selon l’organisme de droits humains “Fondation Je Klere” (Fjkl).

Plusieurs quartiers de la capitale sont sous l’emprise de bandes armées rivales. Par exemple, à Martissant (secteur sud), les familles sont quasiment prises en otage. Des individus en armes y font régner la terreur, tuent et pillent en toute impunité.

Plusieurs unités spécialisées de la police ont conduit une opération à Martissant dans la matinée du lundi 19 novembre, mais les effets sont peu visibles.

[gp apr 20/11/2018 11 :00]  Alter Presse., Haiti & USA.,.,//   http://www.alterpresse.org/spip.php?article23797#.W_Rh9uJOnwo

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