Duvivier en couleurs

Duvivier en couleurs

Le Nouvelliste | Publi le :04 septembre 2013
 Dieulermesson PETIT FRERE
djason_2015@yahoo.fr \Montevideo, 22 août 2013
annickduvivierEntre Annick et la peinture, il existe une histoire d’amour tumultueuse où les saisons changent avec les thèmes. Peintre, dessinatrice à l’encre forte, illustratrice et commissaire d’expositions, cette ancienne élève de Ralph Allen et collaboratrice de Marie Alice Théard est une promesse sûre de l’art pictural haïtien. Ouvrons grandes les parenthèses sur cette créatrice aux touches divines.
Son nom ne vous dit peut-etre pas grand chose. Ses toiles, oui. Sa touche toute authentique et les courbes récurrentes et combien séduisantes qui immobilisent le spectateur en présence de ses tableaux, oui. Toujours joviale, un sourire illuminé au coin des lèvres, des yeux rêveurs, Annick est cette créatrice qui ne badine pas avec le pinceau et/ou le crayon. Dessinatrice habile, peintre accompli, illustratrice, elle met les couleurs dans l’univers et des lumières dans le ”gris des pavés” pour ne pas sombrer dans le vide. Sa peinture est vivante. Expressive. Raffinée. Elle dit la vie, suggère et révèle des côtés mystérieux de la vie.
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Figure montante de la peinture haïtienne, l’ancienne élève du très renommé peintre haïtien, Ralph Allen, a la peinture dans les veines. Dans le sang. Dans tout le corps. Comme une femme qui porte un enfant. Énergique, elle peint, nous confie-t-elle, pour oublier la réalité, créer sa part de monde et jouir du plaisir de la vie en envoyant des énergies positives dans l’univers pour le bonheur de l’humanité. Sa peinture rivalise avec la réalité. Il y a chez elle une poésie intense, une force suggestive et un pouvoir magique qui interrogent l’horizon du regard du spectateur. Qui transforment le spectacle quotidien. Et envoutent l’admirateur.
Une peinture aux accents pluriels
La peinture d’Annick Duvivier a ceci de particulier: ses toiles sont comme des tranches de vie, des morceaux de souvenirs éparpillés çà et là au coin des rues. Le long du chemin menant à la ”Grotte où nage la sirène”. C’est une peinture sentimentale. Aux accents d’élégance et de noblesse. A Festival arts, ses tableaux ornent les murs dans un équilibre intérieur qui exprime toute la délicatesse de sa touche. Alliant des oppositions d’ombre et de lumière tantôt pour évoquer les paysages et les marines. Tantôt une nature morte. Ou encore un nu.
Justesse d’impression, jeux de couleurs, charge d’émotions sont, entre autres, autant de particularités qui donnent à ses oeuvres une dimension personnelle et forgent son authenticité. La quête perpétuelle de nouveauté est presqu’une hantise chez cette créatrice à l’âme colorée. ”La peinture me permet de me relaxer et de m’évader, mais souvent il m’arrive d’avoir des disputes frustrantes qui me poussent à blanchir une toile et tout recommencer. Elle n’appartient à aucun courant artistique précis. C’est elle qui l’a confirmé : ”A chaque saison ses folies, ses défis et ses inspirations”.
Sa curiosité pour le traitement des éléments naturels et des paysages s’affirme avec force. La collaboratrice de Marie Alice Théard a aussi un faible ou une passion pour le nu. Les courbes du regard, les formes corporelles, la pointe des seins, la rotondité des fesses  sont d’une rare séduction. Et sa touche,d’une finesse exceptionnelle. ”Le corps nu a une grâce, ses lignes sont sensuelles et dégagent une atmosphère particulière qui me ravit”, affirme-t-elle. Est-ce pourquoi, il revient toujours dans sa production.
Le parcours de cette grande dame des pinceaux -elle n’a que 26 ans- est auréolé de succès. De prouesses qui ne laisseraient quiconque indifférent. Illustratrice de manuels scolaires pendant une année pour le compte des  éditions Zémès, elle a aussi assuré des cours d’art pour enfants à Créatis, atelier d’art décoratif depuis janvier 2010 et des cours d’art pour enfants et adultes à la galerie Festival Arts. En 2006, elle a reçu le premier prix du concours de sac à main de l’American Intercontinental University à Miami et a suivi, la même année, des cours en studio au musée de Fort Lauderdale. Sans oublier sa participation à différentes expositions individuelles et collectives en compagnie de peintres de renom tant en Haïti (Festival arts, Karibe Convention Center, Hôtel Christopher) et à l’étranger ( Etats-Unis, République dominicaine).
Une fine restauratrice
A la suite d’une exposition individuelle à Festival arts Haïti, elle y est restée pour travailler et peindre. L’atmosphère artistique  et le contact avec d’autres artistes constituent autant de stimulants qui l’aident à évoluer et à perfectionner son art. Après le tremblement de terre de 2010, elle a été appelée à restaurer plusieurs pièces abîmées. Là, elle a découvert un nouveau métier -la restauration- et, depuis, s’y adonne avec tact et amour.
Blouse blanche, assise sur une petite chaise dans un coin gauche de la galerie, Annick met les couleurs. Entourée d’oeuvres de grands maîtres. Attentive, une touche ici, un point par-là, sensible aux moindres détails, elle s’accroche à son travail. Avec méticulosité. Ce nouveau métier lui plaît bien. Il n’y a pas de doute. Elle s’y met tout entier. Crée et recrée des images très symboliques. Émotives. Vivantes. Gaies. Bien dans sa peau. Elle a même confié que l’art est toute sa vie. Elle vit et gagne sa vie avec.
Modèles, goûts et techniques
En matière d’art, Annick est une fine connaisseuse. Elle est une peintre qui a du goût. De la recherche. Ses modèles sont nombreux et sortent de l’ordinaire.  Elle adore Rachel Castera à cause de l’audace de sa palette. La technique minutieuse de Jacques Michel Gourgues. L’expression de la touche de Luckner Lazard. Les couches transparentes de Bernard Séjourné. La mise en page de Raphaël Denis. Côté étranger, elle est friande du style et de l’usage des feuilles d’or de son artiste favori, Gustav Klimt. La technique et la liberté de Picasso ne la laissent pas du tout indifférente. Sans oublier les positions, les formes, les nus et les mélanges de couleurs de Lucian Freud.
Une peinture d’exception
Annick ne lésine pas sur les particularités de la peinture haïtienne. C’est, à ses yeux, une peinture d’exception. Rien que ça. Des peintres naïfs aux peintres sophistiqués, les oeuvres sont d’une richesse rare. Étonnante. Ce qui manque, selon elle, c’est sa mise en valeur. ”Comme vous l’avez mentionné dans l’un de vos textes, Haïti est une terre d’artistes. De peintres précisément”.
En effet, en Haïti, l’art est partout. En nous. Dans les déchets. A Port-au-Prince. A Pétion-ville. Au bord de mer. Dans les villes de province. Les oeuvres d’art s’étalent à même le sol. Dans la poussière. Sous la pluie comme au soleil. Sur les trottoirs comme sur les murs. Tellement de talents dans la ville !
Dieulermesson PETIT FRERE djason_2015@yahoo.fr Montevideo, 22 août 2013
Annick Duvivier a fait des études de Beaux-Arts et Illustration à Altos de Chavon entre 2006 et 2008, en République dominicaine, une école de Design affiliée à Parsons de New York. Elle y a suivi des séminaires en dessins en été 2011 et janvier 2012. Récipiendaire de plusieurs prix, entre autres, le  premier prix du concours de sac à main et le ” Art and Humanities Award Everglades High School” à Miami en 2006, elle a participé à des expositions en Haïti, en République dominicaine et aux Etats-Unis.
Source : Le Nouvelliste
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