Éduquer n’est pas dominer

 

par Teddy Thomas

 

(L’enseignement public sous son aspect psychosocial)

 

De nombreuses études ont été publiées sur l’enseignement public en Haïti. Des plans de réforme élaborés par des experts auraient maintes fois été présentés aux autorités nationales pour finir leurs jours dans les tiroirs. Certains projets amorcés furent interrompus par des circonstances imprévues relevant le plus souvent de l’instabilité politique dans le pays. Entre-temps, le thème inévitable de l’enseignement rebondit sans cesse dans les débats sur l’avenir et le développement de notre pays. Sans être spécialiste en la matière, je me pose parfois certaines questions au sujet de ce qu’on appelle communément l’éducation. Est-elle une fin en soi ou un moyen d’atteindre d’autres objectifs plus éloignés ? Est-elle spécifique à une culture ou à une civilisation particulières ? À partir de quel niveau faut-il se considérer éduqué ? L’éducation rend-elle ceux qui l’ont reçue essentiellement meilleurs que ceux qui ne l’auraient pas ?

 

Il faudrait, tout d’abord, faire le point sur ce que nous désignerons par le terme « éducation ». J’en ai rencontré plusieurs acceptions, à différentes époques et en différents lieux. Commençons donc par jeter ensemble un coup d’oeil sur les définitions avant de parcourir quelques généralités sur l’évolution de ces dernières, pour ensuite entrer dans le vif du sujet avec une perspective haïtienne de la question.

 

Les dictionnaires français que j’ai consultés proposent, au sujet de l’éducation, les définitions suivantes : Mise en oeuvre des moyens propres à assurer la formation et le développement de l’être humain (Robert). Action de développer les facultés morales, physiques et intellectuelles ; son résultat (Hachette). Action d’éduquer, de former, d’instruire quelqu’un ; manière de comprendre, de dispenser, de mettre en œuvre cette formation (Petit Larousse). Ce dernier ayant répété le verbe dans la définition du substantif, j’y ai aussi vérifié sa définition du verbe « éduquer » : Former l’esprit de quelqu’un, développer ses aptitudes intellectuelles, physiques, son sens moral – On remarquera que ces définitions ont ceci de commun qu’elles suggèrent un projet au sens large, s’adressant aux qualités non seulement intellectuelles, mais aussi physiques et morales. Il ne s’agit là que des premières définitions, celles qui paraissent en tête de liste parce qu’elles correspondent à l’emploi le plus fréquent du terme.

 

Plus bas, en deuxième ou troisième place, figure dans chacun de ces dictionnaires une autre définition qui, dans le contexte du présent article, retient aussi l’attention : Connaissance et pratique des usages de la société (Robert). Connaissance et pratique des usages (politesse, bonnes manières, etc.) de la société » (Hachette). Connaissance des bons usages d’une société ; savoir-vivre » (Larousse) – Nous y reviendrons.

 

Les autres définitions proposées concernent plutôt les spécialisations ; elles accolent un adjectif au substantif « éducation » : éducation physique, politique, civique, etc.

 

Le sens des mots évolue souvent, surtout lorsqu’ils sont communs à plusieurs langues et utilisés dans différents pays. Une évolution parallèle semble ainsi se produire comme par un effet de vases communicants entre des sociétés peut-être physiquement éloignées, mais rapprochées par la culture ou les intérêts. « Éducation » est l’un de ces mots acceptés par plusieurs langues. Il existe sous des formes variées non seulement dans le français et d’autres langues romanes, mais aussi en anglais et probablement dans plusieurs idiomes. Alors qu’un même mot peut acquérir successivement différents sens à travers le temps, il peut arriver que plusieurs de ses acceptions interviennent simultanément dans le parler de la même époque. L’une d’elles bénéficie souvent d’une utilisation prioritaire dans un milieu donné, à un certain moment.

 

Le choix de l’emploi prioritaire et de la forme grammaticale des mots est fréquemment déterminé par des personnes qui occupent une position dominante dans leur société. Cette dernière l’accepte souvent par conformisme, par commodité ou pour d’autres raisons parfois même apparentées à la politique. Il se dit, par exemple, que le mot « carrosse» aurait autrefois été employé au féminin (Toujours d’un valet ta carrosse est suivie [Régnier] – cité par le dictionnaire Littré). Un jour, Louis XIV se trompa sur le genre de ce mot. Personne, dans l’entourage du Roi Soleil, n’ayant eu l’imprudent courage de relever l’erreur de Sa Majesté, nous nous retrouvons aujourd’hui à dire « un » carrosse, sous peine d’être sanctionnés par les gens de bien qui parlent du bon français. En d’autres temps, sous d’autres cieux, on a aussi vu comment des termes comme « terroristes » et « révolutionnaires » peuvent changer de camp au gré des alliances ou des sympathies de ceux qui parlent. Dans un milieu sectaire, un même acte ou un même propos sera assorti d’un qualificatif différent selon que son auteur appartiendra ou non au sérail.

 

Autrefois, en Haïti, la haute société et la bourgeoisie moyenne disaient donner à leur progéniture une bonne éducation, pour en faire des enfants bien élevés. Celui qui transgressait les règles de bienséance pouvait s’entendre accuser, dans un ordre croissant de sévérité, d’être un impoli, un mal élevé, un grossier personnage ou une personne sans éducation. Cette éducation n’avait pas beaucoup à voir avec la formation scolaire, car il s’agissait alors des bonnes manières (voir les définitions plus haut), qui n’étaient autres que l’art de reproduire ce qu’on croyait savoir des coutumes de l’aristocratie française : observer à table une certaine gestuelle, éviter de roter bruyamment, bien s’exprimer en français, etc., tout ce dont pouvait se préoccuper ce beau monde très peu enclin à produire lui-même les nécessités de base de son existence. Cette aristocratie de facto donnait le ton a l’ensemble de la population, dictant ses goûts et ses définitions. C’est ainsi qu’à l’époque, on se voyait forcé de lui reconnaître le monopole de la bonne éducation et le privilège exclusif du « paraître ».

 

Au fil des décennies, les usages évoluèrent chez nous au rythme des changements qui s’opéraient dans les pays modèles. On vit ainsi changer le sens de la « bonne éducation », qui déborda les limites auparavant tracées par ceux qui se faisaient passer pour les gardiens des manières européennes. En même temps que le langage, la donne politique et sociale fut forcée de s’aligner petit à petit. Les nouveaux bénéficiaires furent parmi ceux qui avaient pioché dur sur les bancs de l’école pour se frayer au compte-gouttes une petite place parmi les gens d’en haut. Cette ascension sociale, difficilement réalisée, permit aux accédants de se mettre en position de dire les quatre vérités (en bon français) à ceux qui continuaient à leur parler de haut, malgré leur excellente « préparation ». La bonne société dut donc condescendre à partager les privilèges, du moins en partie, avec ceux qui s’imposaient désormais comme fonctionnaires, professionnels, professeurs, bref, des gens dont on ne pouvait plus dire qu’ils n’avaient pas d’éducation. « Welcome to the community of educated people », comme on le dit aux États-Unis pour accueillir les nouveaux diplômés des universités. L’instruction, qui venait de servir de passerelle aux anciens refoulés, empiéta peu à peu sur la définition précédemment attribuée à l’éducation pour finir par en constituer l’essentiel. Le rapprochement devint si étroit que parler d’éducation dans le langage courant, c’était vraiment faire référence à l’instruction. Tous se rangèrent allégrement sous la bannière de l’éducation. Ce furent les accolades entre les nouveaux alliés de classe autrefois tenus à distance par les préjugés de caste. La société exclusive des gens éduqués venait d’élargir le nombre de ses adhérents et l’on se mit ensemble à parler d’éduquer le peuple, sans vraiment le vouloir.

 

L’exemple vient d’en haut. Au temps de la colonie, les affranchis s’efforçaient d’imiter les colons, consommateurs insatiables des fruits du labeur des autres, amateurs irréductibles de jouissances faciles et coureurs de jupons impénitents. Après l’Indépendance, les anciens affranchis prirent la place des Blancs. Devenus les nouveaux maîtres, ils ne firent presque rien pour modifier les relations de production ou améliorer le mode de production sociale. Il fallait bien s’attendre à ce que les anciens esclaves, comme les masses qui en sont descendues, haïssent le sort de bêtes de somme qu’on leur réservait. Rien de réel ne fut jamais entrepris pour les tirer de ce qu’on croyait être leur ignorance, car leur donner l’éducation ou les moyens de s’adapter au mode de vie urbain équivaudrait, pour ceux qui bénéficiaient le plus de leur sort, à couper la branche sur laquelle reposait leur principale source de loisirs. Plus on pensait voir d’illettrés au bas de la pyramide, mieux on semblait s’amuser au sommet.

 

La paysanne des mornes et des plaines, portant courageusement sa lourde croix, caresse jusqu’à présent le rêve de voir un jour son fils plastronner dans la capitale à côté de tous ceux qui ont réussi. Rêve qui ne se réalise que dans de très rares cas entraînant, comme on le sait, des séquelles dues à l’esprit de caste du milieu. Il s’agit de cette même paysanne sur qui, pendant deux siècles, a reposé notre production essentiellement agricole ; cette même, traditionnellement chargée de produire la nourriture et de venir, parfois à pied ou à dos d’âne, écouler ses produits dans les marchés urbains. Normalement, la société et l’État auraient dû valoriser et faciliter son rôle et celui des siens, et les inciter à produire mieux et davantage pour le plus grand bien de tous. Au contraire, ceux et celles qui ont travaillé pour nourrir nos citadins ont toujours été méprisés en raison justement de leur rôle indispensable. Hormis quelques efforts limités des milieux associatifs, l’État ne se soucia jamais de mettre à leur portée les moyens systématiques d’améliorer leurs revenus par un rendement accru de leur travail. On cultiva le mythe qu’ils étaient bien plus aptes à faire usage de leurs mains que de leur cerveau. D’où la honteuse imposture de ceux qui croyaient devoir penser pour eux et à leur place, en attendant, si jamais, de les avoir éduqués. Avec cette attitude complexée par rapport aux travaux manuels, comment s’étonner que, pays essentiellement agricole, nous soyons encore embourbés dans le sous-développement ? Tant que le travail concret ne sera pas respecté, valorisé et justement rémunéré, nous continuerons de dépendre des autres pour l’essentiel de notre existence.

 

À travers l’évolution du beau vocable « éducation », nous pouvons voir que la totale équation établie entre ce terme et celui d’instruction, d’enseignement ou de scolarisation n’est que l’effet d’une dérive linguistique voulue, dans un usage favorisant une partie de la société. En fait, les dictionnaires les mieux cotés, tout en reconnaissant un certain voisinage entre les définitions, évitent de confondre totalement éducation et instruction ou enseignement. Les intérêts de classe intervenant comme d’habitude, l’instruction, désormais appelée éducation, est devenue progressivement un apanage servant à distinguer une partie de la nation de l’autre, la première disant à la deuxième : « Vous devez être comme nous, ou il vous manquera toujours quelque chose à nos yeux. Nous ne saurons vous traiter comme des citoyens à part entière ou des égaux, ni faire cas de vos opinions tant que vous ne vous serez assis sur les bancs de nos écoles. »

 

Qu’on ne prenne pas ce qui précède comme une condamnation de ce qu’il a été convenu d’appeler l’éducation. Cette dernière, bonne et utile en soi, peut toutefois fonctionner comme un outil à double tranchant ; tout comme l’ustensile de cuisine qui sert à satisfaire nos besoins en nourriture, mais peut aussi être converti en arme pour blesser ou tuer ; tout comme la christianisation des esclaves pour les rendre plus soumis, donc plus exploitables ; tout comme l’acculturation des élites africaines pour coloniser le Continent noir. On se plaît à raconter cette blague en Afrique du Sud : « À l’arrivée des Blancs sur nos terres, ils nous tendirent une Bible et nous dirent : “Fermons les yeux et prions”. Croyant qu’ils étaient sincères, nous consentîmes alors à fermer les yeux pour prier. Quand nous avons rouvert les yeux, ils avaient les terres et nous avions la Bible. »

 

Le prestige du mot « éducation » n’est pas dû au hasard. Il est le préféré de ceux qui font une référence absolue de leur bagage livresque, dit intellectuel, à cause de tout ce qu’implique le terme. C’est que celui-ci dérive du prestigieux verbe latin educere, qui signifie « faire sortir » (veuillez entendre par là, sortir de son état primitif). Comme le chêne géant qui est issu d’une graine, pour atteindre des hauteurs supérieures et trôner sur son entourage. La personne éduquée, c’est l’oracle qui domine par son esprit et par sa verve, et en présence de qui les autres doivent se taire pour écouter et recevoir l’éclairage sur les sujets les plus divers. Selon la racine étymologique, toujours présente dans la pensée de la personne éduquée, celle-ci aurait, mieux que tout le monde, atteint les suprêmes vertus de l’épanouissement humain, inaccessibles aux frustes parce qu’ils ne sont pas éduqués : vastes connaissances, rectitude morale, intelligence vive et probité intellectuelle, courage et capacité de dépassement de soi, sérénité en face de la tentation, dignité dans la défaite et modestie dans la victoire, respect de la parole donnée, générosité et compassion pour les autres… Hélas ! Allez voir.

 

Autrefois en Haïti, des grandes dames de la société se vantaient d’avoir des bonnes stylées, qui pouvaient aller au marché avec une liste en main pour les provisions alimentaires. Certaines gens de maison savaient ainsi lire grâce aux bons soins de la patronne ou de ses enfants, mais la plupart devaient garder toute leur vie le statut de subordonné(e)s. Là s’arrêtait leur « éducation ». Au niveau des entreprises, les patrons demandent aux ouvriers d’acquérir un peu plus que les notions rudimentaires de lecture et d’écriture. « To get a good job, get a good education. » Mais le patron se gardera bien d’embaucher quelqu’un qui semble trop « éduqué », de peur qu’à la première occasion il n’échappe aux contraintes de son job pour chercher mieux ailleurs. Là encore, la « good education » est celle qui fidélise l’employé, au mieux des intérêts de l’employeur. Bien sûr, dans les pays industrialisés, avec un marché de l’emploi plus ou moins favorable, le salarié arrive souvent à s’instruire au-delà des exigences de son emploi actuel, pour se mettre le plus tôt possible à la recherche d’un meilleur. Mais en Haïti, c’est un tout autre monde, surtout quand la vieillesse arrive au galop et qu’on ne bénéficie pas d’un régime de retraite ou de protection sociale. Le salariat peut ainsi être vu comme l’héritier direct de l’esclavage pour ceux qui n’ont pas eu l’éducation.

 

Cette façon de présenter uniquement l’éducation selon une perspective occidentale comporte une autre implication. L’idée, transmise à dessein sans être trop clairement exprimée, est qu’il ne saurait exister d’autres moyens d’atteindre les niveaux élevés du développement humain. Ajoutons ici quelques questions à celles que nous avons posées en introduction : L’éducation a-t-elle une valeur absolue, applicable en tout temps et en tous lieux ? Les grands esprits d’autrefois possédaient-ils autant de connaissances que les jeunes internautes d’aujourd’hui, dont l’accès à la connaissance est virtuellement illimité ? Quelle est la pertinence de l’éducation pour celui ou celle qui change de milieu ? L’éducation perd-elle son utilité dans certaines circonstances et peut-elle s’acquérir par des voies autres que celles consacrées par les cultures occidentales ?

 

Imaginez-vous un moment ce monsieur Je-Sais-Tout qui se verrait contraint, par des circonstances totalement imprévisibles, à vivre le reste de ses jours dans un milieu qui lui est tout à fait étranger, loin de toute influence occidentale. Imaginez-le dans une contrée éloignée d’Asie ou du monde arabe. Le voilà redevenu analphabète ! Il ne peut ni lire, ni demander le nom de la rue où il se trouve, ni consulter un annuaire téléphonique, dont les pages peuvent d’ailleurs être écrites de droite à gauche. Imaginez-vous cet homme pris en charge par un adolescent, de l’âge de son petit-fils, pour lui inculquer les premières notions de lecture et d’écriture dans une langue qu’il ne parle pas, en le traitant de sot et d’ignare quand il lit mal. C’est l’image que revêt parfois chez nous ce grand bien qu’est l’alphabétisation, passage obligé de l’éducation.

 

Il me semblerait plus sain et (intellectuellement) plus honnête de considérer l’éducation, l’instruction, l’enseignement, ou ce que vous voudrez, comme une transmission de savoir pouvant passer dans les deux sens. Il ne pourrait être ainsi question de mettre en infériorité celui qui apprend à lire et à écrire, pour la seule raison que ses références cognitives sont différentes. Car il a bel et bien un intellect, quoi qu’on pense du contenu de son crâne. Dans son champ d’expérience, de connaissances et de compétences, l’analphabète peut avoir bien des choses à apprendre à ceux qui ont été hautement scolarisés.

 

Comme l’a maintenu l’ethnologue malien spécialiste des traditions orales, Amadou Hampâté Ba, « un analphabète peut être un savant illettré… [qui] a reçu ses diplômes de l’Université de la Parole… L’écriture est une photographie du savoir ; elle n’est pas le savoir ». Ce prolifique écrivain, appelé de son vivant « le sage », représenta son pays à l’Unesco au cours des années 60. Il y ponctua l’un de ses discours par la célèbre phrase : « Je désire être, je refuse de paraître ». Selon lui, en Afrique, un vieillard qui se meurt peut être, dans certains cas, comparé à « une bibliothèque qui brûle ». De son côté, le psychologue américain Howard Gardner relançait plus tard l’idée des intelligences multiples. Dans son ouvrage bien connu « The Theory of Multiple Intelligences », Gardner préconise que l’enseignement prenne en considération les dispositions naturelles d’un individu et les caractéristiques de son milieu. Selon ce diplômé et professeur de Harvard University, les aptitudes intellectuelles se diviseraient au moins en sept catégories déterminant les compétences potentielles d’une personne, à côté des domaines généralement privilégiés de la lecture, de l’écriture, de la logique et des mathématiques, pris en compte de manière quasi exclusive dans la civilisation occidentale. Pensons-y avant de parler d’illettrisme ou de faiblesse intellectuelle !

 

À l’âge de l’ordinateur, où nous vivons, il ne devrait pas être difficile de comprendre que tout savoir se décompose en éléments d’information. Instruire, enseigner, ou éduquer ne peut ainsi être qu’une transmission d’informations, qui doit se faire dans le respect de la dignité de celui qui reçoit. Inversement, celui qui transmet l’information devrait aussi comprendre qu’il doit garder l’esprit assez ouvert pour recevoir à son tour, c’est-à-dire apprendre de l’autre qui, étant essentiellement un égal dont le parcours a été différent, ne doit pas être vu comme un récipient vide. Le savoir, qui est toujours relatif, ne peut être présenté comme un monopole inhérent à un groupe, ni un badge de supériorité.

 

L’idée de rédiger cet article m’est venue en lisant des courriels que m’ont adressés quelques lecteurs au sujet de ce qu’on appelle l’éducation. L’un d’eux pense qu’il faut commencer par changer radicalement le cursus dans nos écoles : réduire l’enseignement de la littérature française et enseigner la littérature, le théâtre, la musique et le folklore de notre pays, sans oublier le Vodou, qui est la base de la culture nationale. Il ajoute que le but de cet enseignement serait d’apprendre au citoyen à aimer d’abord ce qui est haïtien.

 

Un autre lecteur a semblé partisan d’une large participation à la formation de nos jeunes : « Je ne parle pas seulement de ceux qui ont des diplômes, mais de tous ceux qui peuvent apprendre et montrer leur savoir. Ce que j’ai appris de la vieille dame qui m’a élevé, jamais je ne l’aurais appris ailleurs. Sans télévision et sans lumière à cette époque, elle me faisait écouter les bruits de la nature comme le bananier qui geint comme une femme qui accouche quand il jette ses fleurs ; le contour de la lune pour savoir s’il va pleuvoir ou y avoir des tremblements de terre. »

 

Je pense que c’est assez clair et ne vois rien à y redire.

 

Teddy Thomas

Septembre 2008

Adresse courriel : teddythomas@msn.com

 

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