SANTE:Homosexualité : entre les privilèges d’un choix et les droits de l’homme

imagesCA2TS2B5Le Nouvelliste | Publi le :03 septembre 2013
 Docteur Philippe DESMANGLES ; pdesmangles@yahoo.fr

Quand on veut parler du mariage pour tous, cela déclenche en Haïti bien des passions. J’ai donc décidé d’y mettre mon grain de sel et j’annonce d’emblée la couleur avec mon titre. En effet, en cogitant sur la chose, je vois qu’en fait deux concepts se bousculent, deux concepts à la fois synergiques et contradictoires suivant l’angle où l’on se base. Je les ai donc triturés et les ai poussés à fond pour voir jusqu’où l’on risque d’arriver. J’ai trouvé la conclusion d’autant plus cocasse qu’elle est logique, et je peux vous dire d’ors et déjà que c’est avec un fou rire que j’y suis arrivé.  Hilarité qui me tient encore pendant que je tape ces lignes rendant la rédaction de cet écrit fort compliquée, car mes doigts peinent à presser les touches exactes.
Je vais tout d’abord parler de ces deux concepts, puis je donnerai ma compréhension personnelle de l’homosexualité, ensuite, au regard de notre code civil qui date de mars 1826, je vous invite à découvrir « les qualités et conditions requises pour pouvoir contracter mariage » et enfin je laisserai comme promis l’enchaînement des concepts arriver jusqu’à la conclusion qui m’a failli être fatale, tant j’ai ri !
Alors les deux concepts qui un temps se tiennent la main et plus tard s’opposent sont d’une part la possibilité pour chacun d’avoir un choix sexuel : hétéro, homo, bi et asexuel, mais aussi malheureusement : pédophile, amant des mineurs et violeur…  D’autre part, dans le deuxième concept, ce choix (en soustrayant les trois derniers qui sont illégaux et punis par la loi) veut être pris dans le sens d’un droit, et certain parle de droits sexuels qui incluent aussi pour la femme la liberté d’accepter ou non ce qui se trouve dans son utérus et de s’en débarrasser si besoin est. Je ne comprends pas cet amalgame, car la maternité n’est pas un droit sexuel mais plutôt celui de la procréation, de s’assurer une descendance si tant est que ces désirs et souhaits peuvent être pris comme un droit ! Donc pour revenir au choix sexuel, il devrait être un droit.
La différence entre les deux est que si ce choix devient un droit de l’homme, tout gouvernement qui y adhère devrait faire en sorte que tous ses citoyens y aient accès et devrait les défendre contre toute vindicte populaire. Dans le cas contraire, le citoyen devra se débrouiller tout seul et défendre ses points de vue devant une société qui pourrait lui être hostile. Mais d’où vient la possibilité d’avoir un choix pour l’exercice de notre sexualité ? Il est inhérent à notre humanité, comme je l’ai déjà écrit dans un précédent article.
La génitalité humaine, et j’entends  par là l’utilisation des organes génitaux, est en fait une sexualité, terme que j’aimerais qui ne soit réservé qu’à l’être humain: les animaux ont une cervelle, les humains un cerveau; l’animal a une génitalité et l’humain une sexualité. Parce que la génitalité humaine n’est point assujettie à la reproduction qui devient secondaire face au plaisir, et c’est ce qui en fait une sexualité.
L’homme peut utiliser ses organes génitaux seulement pour le plaisir sans aucun désir de s’assurer une progéniture. Et il peut se le donner seul ou avec quelqu’un de son choix, du même sexe ou de sexe opposé. Pour juguler ses envies, il existe la force coercitive de la société qui légifère et, dans notre cas, interdit sous peine de sanction la possibilité d’avoir du plaisir sans le consentement de l’autre (viol) ou si l’autre n’a pas atteint un degré de maturité certain (pédophilie et détournement de mineur). Pour aussi réguler ces envies, il existe une contrainte morale, donnée le plus souvent par les religions, qui nest pas toujours en synergie avec les lois. Ainsi, elles peuvent interdire ce que permet la loi et ne peuvent donc, à leur grand dam, contraindre l’individu qui ne veut s’y soustraire. Mais que dit notre code civil?
C’est plutôt ce que ne dit pas notre code civil, car ce qui n’est pas interdit est permis! Le code civil, à partir de la page 30 article 133 où il détermine «les qualités et conditions requises pour pouvoir contracter mariage», ne donne aucune précision sur le sexe des conjoints et ne fait aucunement obligation à ce qu’ils soient de sexe opposé! Je sais que plusieurs me diront que la précision ne fut pas fait parce qu’en 1826 le mariage gay était inconcevable. Mais voilà, en 2013 il ne l’interdit pas, et comme je l’ai écrit plus haut, ce qui n’est pas interdit…
Mais allons plus loin et faisons du choix sexuel un droit. Tout le monde a donc le droit d’aimer et de se mettre en couple avec l’objet de son amour. Et vive le mariage pour tous, mariage hétéro, mariage gay! Mais, c’est un droit, et donc il doit aussi être respecté pour les bisexuels qui ne se sentent accomplis qu’avec comme partenaire un de chaque sexe! Eux aussi on droit à l’amour et la loi doit leur permettre de se marier avec un homme et une femme ! Suivez mon regard, car c’est là que les hétéros peuvent trouver leur compte: les bi, ils ont le droit d’avoir deux partenaires. Donc pour que les droits des hétéros soient autant respectés que les autres, la loi doit permettre la polygamie et la polyandrie ! Ainsi, tout le monde sera satisfait, sauf naturellement les puritains. Mais soyons logique: il faut bien qu’il y ait de sains pêcheurs tels que nous pour faire d’eux des saints ! Bonne semaine et j’espère vous avoir mis de bonne humeur!
Docteur Philippe DESMANGLES ; pdesmangles@yahoo.fr
Source : Le Nouvelliste
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