Un vent nouveau pour la Seleção

Brazilllll

 

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Lorsque Luiz Felipe Scolari, fraîchement nommé à la tête de la Seleção, a pris la parole lors de sa première conférence de presse, l’atmosphère n’était pas la même qu’aujourdhui. Le mois de novembre s’achevait et le technicien était entouré d’un climat de méfiance. Dans son discours, une seule certitude : “Pour l’instant, nous ne sommes pas les favoris”.

Cette déclaration peut sembler impensable aux yeux de tout supporter de la seule équipe quintuple championne du monde. Néanmoins, elle jouera chez elle, avec une génération prometteuse et sous la houlette d’un jeune crack, Neymar, en pleine ascension. Mais le fait est que les Auriverdes sont passés dans une zone de turbulences après la démission de Mano Menezes, l’homme qui, deux ans auparavant, avait été désigné pour mener à bien un projet où seule une issue était tolérée : gagner l’épreuve suprême. Chose que son successeur savait – et sait – très bien.

“Nous sommes dans l’obligation de remporter le titre. Il se peut qu’on ne soit pas les favoris mais on va tout mettre en œuvre pour le devenir et on va travailler pour ça”, a déclaré Felipão lors de cette même conférence de presse. Beaucoup ont assimilé ces déclarations à de l’effronterie, pour ne pas dire à des élucubrations d’un entraîneur qui, pour les plus critiques, était obsolète. Ses mots, cependant, ont revêtu un autre sens lorsque le dimanche 30 juin, le Maracanã a vécu un moment extatique grâce à une inoubliable démonstration contre l’Espagne : 3 à 0 et un honneur plus que sauf.

De l’ordre
Lorsque l’actuel sélectionneur a accepté la proposition de la Confédération brésilienne de football (CBF) à un an et demi pratiquement de la compétition au Brésil, il était beaucoup plus facile de rechercher des références positives dans sa Seleção de 2002. Le présent ne lui arrivait pas à la cheville. Malgré un effectif impressionnant, Menezes avait échoué une fois de plus dans la conquête de l’or olympique, et l’équipe il peinait contre les gros calibres.

Malgré la baisse de confiance générale, le Scolari n’a pas esquivé l’affrontement contre de grandes équipes lors des premiers matches. Il lui fallait tester les joueurs qu’il avait convoqués. Et les difficultés ont persisté. A la fin, lorsque l’équipe s’est réunie pour la Coupe des Confédérations de la FIFA, le bilan contre ses principaux adversaires était préoccupant : deux défaites contre l’Argentine, un match nul et une défaite face à l’Angleterre, sans compter les accrocs contre l’Allemagne et la France.

Cependant, d’un point de vue général, la Seleção s’en est sortie gagnante. Six mois après, Felipão peut s’appuyer sur une bonne dynamique. “Notre objectif est de conquérir la Coupe du Monde. Nous avons remis à la CBF un document qui indique le travail prévu jusqu’à la fin de la compétition. Pendant la préparation, nous suggérons qu’ils nous choisissent des adversaires avec un bon niveau afin d’acquérir une bonne base”, a déclaré Scolari en conférence ce mois-ci, aux côtés du coordinateur Carlos Alberto Parreira et de l’assistant Flavio Murtosa.

Après la définition d’un noyau dur, il a fallu construire une identité de groupe. Les jeunes talents comme Neymar et Oscar brillaient dans le rôle de créateurs. De la même façon, en défense, des figures telles que Thiago Silva et Dani Alves étaient fréquemment encensées. Il ne restait plus qu’à faire en sorte que le collectif se créée.

En ce sens, une période de préparation plus longue avait été la clé. Avant le début de la Coupe des Confédérations, on percevait déjà que le vent avait tourné. “Felipão avait révélé son positionnement tactique lors d’une conférence. A un moment, pour sentir le groupe, il a demandé si le pressing serait haut ou au milieu de terrain”, se souvient Parreira. “La réponse a été unanime : les joueurs ont répondu qu’ils feraient un pressing haut. Ça c’est la confiance et le travail. Ils ont assuré qu’ils obtiendraient un bon résultat et c’est ce qui s’est passé.”

En effet, la Seleção a étouffé ses adversaires d’abord en juin grâce à son implication sur le terrain – laissant ensuite son talent naturel finir le travail. Le résultat ? Avec des prestations convaincantes, elle a non seulement gagné le titre mais aussi, chose inestimable pour n’importe quel hôte, elle a gagné le soutien indéfectible de ses supporters.

Peut mieux faire
Gagner la Coupe des Confédérations n’est pas garant d’un succès en Coupe du Monde. Champion en 2005, Parreira lui-même peut en témoigner – tout comme Dunga, vainqueur en 2009. Si l’on se rappelle du scénario un an plus tôt, le progrès est évident. L’entraîneur a réussi à transformer le jeu.

“Le bilan c’est que nous sommes parvenus à avoir un système tactique bien défini. On a un bon groupe, on forme une équipe, que ce soit en A ou en B. On a obtenu des résultats intéressants, en appliquant tout ce qui a établi l’année dernière.”

Sur cette base, il est normal que la plupart des joueurs qui ont battu le Japon, le Mexique, l’Italie, l’Uruguay et l’Espagne espèrent faire partie de la liste finale du 7 mai. Aussi parce que, d’ici là, il n’y aura plus qu’un match amical en mars contre l’Afrique du Sud.

Ça ne veut pas dire que la liste est close. Ce mois-ci, par exemple, Scolari s’est rendu en Europe pour aller observer des joueurs brésiliens. Lors des matchs amicaux post-titre, des noms comme Robinho, Willian et Maxwell ont été testés et ont convaincu. Les questions ne cessent de tarauder l’esprit d’un entraîneur, même si elles sont désagréables.

“J’ai étudié 45 joueurs que j’avais choisis depuis le début. Aujourd’hui, ma liste des 25 est faite. Il a fallu que je fasse des choix”, a-t-il déclaré. “Je suis pleinement satisfait. Mais on peut toujours mieux faire. Je vais aller voir d’autres matches pour l’élargir avec un ou deux joueurs de plus. On continue à observer, et qui sait, une occasion peut se présenter. Il se peut qu’il y ait encore de la nouveauté.”

Le contexte des dernières interviews de l’entraîneur des Auriverdes n’est pas si différent que celui sa première conférence de presse. Et il répète : “Il y a des gens qui doutent que nous puissions être champions du monde. Comme nous jouons au Brésil, aucune autre hypothèse n’est envisageable. Nous devons assumer cette posture”. À la fin de l’année 2013, l’équipe est un candidat sérieux au titre de champion du monde, et il sera bientôt impossible de trouver quelqu’un affirmant le contraire.

FIFA

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