Youri Latortue pose ses conditions pour supporter le prochain gouvernement

Youri Latortue

Youri Latortue veut garder vivant le dossier PetroCaribe. Il braque ses projecteurs sur le président du Sénat, sur la Cour des comptes et pose ses conditions pour supporter le prochain gouvernement.

Le sénateur Youri Latortue a, le 18 juillet, écrit au président du Sénat, Joseph Lambert, pour lui rappeler« l’urgence d’obtenir des conclusions de la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif (CSC/CA) sur les indices palpables du rapport » de la commission Éthique et Anti-corruption concernant la gestion du fonds PetroCaribe de 2008 à 2016.

Plusieurs mois après qu’une résolution avait été votée par la majorité présidentielle dans le dos de la minorité pour transférer ce dossier épineux à la CSC/CA, Youri Latortue, dans cette correspondance, a souligné que le peuple haïtien « attend les suites célères et transparentes » « dans le contexte particulièrement volatil, qui perdure encore suite aux pillages du 6 au 7 juillet ». « Il serait de bon ton de satisfaire les attentes populaires et, somme toute légitimes, de la nation en matière de reddition de comptes et de bonne gouvernance », a poursuivi le sénateur Youri Latortue.

En ces temps de consultations pour monter un nouveau gouvernement, Youri Latortue pose ses conditions pour ratifier la déclaration de politique générale du prochain gouvernement. « C’est ma première si ce n’est mon unique condition. Pour voter le nouveau gouvernement, il faut qu’il prenne l’engagement d’aller jusqu’au bout avec le dossier PetroCaribe », a affirmé le sénateur Latortue espérant que la CSC/CA aura remis son rapport avant le changement du cabinet ministériel. « Je dis que le mouvement contre la hausse des prix de l’essence était une cause occasionnelle mais il y a des causes profondes, dont l’utilisation du fonds PetroCaribe », a souligné Youri Latortue.

« J’ai parlé au président de la Cour des comptes qui m’a dit que la cour a recruté des experts », a-t-il expliqué, encouragé que la cour travaille d’arrache-pied sur ce dossier. « D’ici septembre, le rapport sera prêt. C’est ce que j’ai comme information de source sûre », a indiqué le sénateur Youri Latortue.

« Il y a lieu de faire remarquer que l’avancement du dossier PetroCaribe n’est pas subordonné à ce que fait ou fera la Cour des comptes. Le dossier est actuellement pendant par-devant le cabinet d’instruction, la seule juridiction compétente en matière de Corruption et de blanchiment des avoirs », a confié au journal Me André Michel, avocat de personnes ayant porté plainte contre d’anciens responsables de l’État.

« La Cour des comptes n’a rien à voir dans un pareil dossier. La Cour des comptes analyse les comptes publics (les comptes de l’État) alors que dans l’enquête sur la corruption le juge doit surtout analyser les avoirs des personnes visées et de leurs proches. Bref, il s’agit de deux champs d’action différents, a soutenu Me André Michel.

« À propos du changement de gouvernement, il faut faire remarquer que le principal obstacle à l’organisation du procès de la dilapidation des 3.8 milliards de dollars américains du fonds PetroCaribe c’est bien Jovenel Moïse lui-même », a poursuivi André Michel accusant le chef de l’État de protéger des personnes indexées pour dilapidation du fonds PetroCaribe.

La population s’est approprié le dossier PetroCaribe en faisant le lien entre sa situation d’existence exécrable et la dilapidation du fonds PetroCaribe. Le procès aura lieu. Rien ne peut l’arrêter, même si la présence de Jovenel Moïse au palais national reste et demeure un handicap à la tenue du procès PetroCaribe. En ce qui nous concerne, nous ferons tout ce qui est possible pour la tenue du procès étant entendu que l’avenir de ce pays passe par la lutte contre la corruption. Plus de 60 citoyens ont déjà porté plainte dans ce dossier. Pour le moment, nous attendons le déport du juge Ramoncite Accimé pour un meilleur traitement du dossier », a indiqué Me André Michel.

Par rapport au dossier PetroCaribe, beaucoup de personnes indexées dénoncent une persécution politique. Ils estiment que des politiques ont instrumentalisé ce dossier pour servir leur agenda politique.

Le journal a tenté sans succès d’obtenir un commentaire du président du Sénat, Joseph Lambert.

Roberson Alphonse, Extrait du journal Le Nouvelliste Haiti.

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