Dialogue national, qui fera le premier pas ?

Dialogue national, qui fera le premier pas ?

Le Nouvelliste | Publi le :18 octobre 2013
 Jean Pharès Jérôme pjerome@lenouvelliste.co
La société haïtienne est émiettée. Les causes de notre profonde division sont multiples. Difficile, voire impossible, de trouver un point sur lequel les Haïtiens se mettent tous d’accord. Même la commémoration de la mort du fondateur de la nation haïtienne, Jean-Jacques Dessalines, n’arrive plus à nous réunir autour d’une table. Impossible de nous dépasser. Jeudi 17 octobre, une partie de l’opposition gagnait les rues pour crier sa colère contre le pouvoir en place. Nous ne sommes plus capables de faire semblant d’unité. Pourtant, tout le monde parle de dialogue national. Sauf que personne ne veut faire le premier pas. Comme beaucoup d’autres concepts, celui de dialogue national est galvaudé. Trop tôt pour dire si l’appel au dialogue lancé par le président Michel Martelly, à l’occasion de la célébration du 207e anniversaire de l’assassinat du père de la nation, est un voeu pieux ou encore des mots vides de sens. Le président est-il prêt à faire le premier pas pour arriver au dialogue national ?
L’opposition (toutes les fractions confondues) est-elle prête à se dépasser pour y arriver ? Considérant la conjoncture actuelle, on ne peut que souhaiter une prise de conscience à tous les niveaux de la société haïtienne. Ceci implique d’abord que les autorités constituées fassent le travail pour lequel elles sont payées. Car, trop longtemps, les contribuables haïtiens payent des « chefs » pour alimenter des crises inutiles. La « crise préélectorale », par exemple, n’est-elle pas gratuite ? Sinon, elle donne une bonne raison aux responsables de l’Etat pour ne pas faire leur travail. Dans l’état actuel des choses – dégradation accélérée de l’environnement, système éducatif délabré, système judiciaire affaibli, marasme économique – le président Michel Martelly a intérêt à initier le dialogue national avec ses opposants. Parallèlement aux problèmes internes, il y a la situation de l’autre côté de la frontière qui doit nous interpeller. Face à la décision raciste de la Cour constitutionnelle dominicaine de rendre apatrides les Dominicains d’origine haïtienne, les Haïtiens doivent s’unir pour répondre d’une seule voix. Au nom de ceux qui ne peuvent pas manger à leur faim, de ceux qui sont laissés sur le pavé par le système économique, de ceux qui n’ont pas accès aux soins de santé, à l’eau potable, à l’éducation, à un logement décent, l’opposition et la société civile doivent répondre à l’appel du président Martelly – s’il est sincère – pour éviter au pays de sombrer dans le chaos. Travailler ensemble dans la sérénité, c’est le prix à payer pour mettre fin au cycle d’élections frauduleuses, à la corruption. Bref, aux grands maux qui rongent la société haïtienne. Qui fera le premier pas ?
Jean Pharès Jérôme pjerome@lenouvelliste.com