Vers le lit douillet où s’abîment les convictions

Vers le lit douillet où s’abîment les convictions

Le Nouvelliste | Publi le :22 octobre 2013
 Frantz Duval duval@lenouvelliste.com Twitter:@Frantzduval
L’avocat André Michel a été arrêté ce mardi, en début de soirée, par les forces de police en exécution d’un ordre judiciaire. L’arrestation d’un avocat n’est jamais un acte banal. Quand l’intéressé se double d’une figure politique, il n’y a rien d’anodin à vouloir le réduire au silence dans un cachot.
Les autorités politiques, la présidence, la primature et chaque ministre de ce gouvernement se laveront les mains et jureront de leur innocence dans cette affaire; n’empêche que la liste des prisonniers politiques s’allonge. Par action ou par omission, la présidence, la primature et chaque ministre de ce gouvernement, tous, ils sont responsables de cette arrestation qui marque un tournant.
Les sceptiques voient dans ce durcissement un pas de plus vers le fossé de l’arbitraire, ce lit douillet où s’abîment les convictions démocratiques chancelantes. Des exaltés rêvent d’un coup d’arrêt aux ambitions de l’opposition avec cette arrestation.
Depuis des siècles, les exécutifs haïtiens doivent se faire violence pour ne pas succomber à la tentation de la raison du plus fort. Que la politique colore la justice n’est pas une première en Haïti, Martelly et ses amis avaient-ils besoin de cette médaille sur leur poitrine ? Des frères Florestal à Me Michel, tous ont en commun d’avoir porté atteinte à la réputation des détenteurs du pouvoir Tèt Kale et à leurs plus proches alliés. Est-ce pour expier cette faute que la prison leur ouvre ses portes ? Faut-il lire dans l’arrestation de Me Michel un signal supplémentaire après l’affaire Métellus, du nom du journaliste vedette de Radio Caraïbes, Jean Monard Métellus, pourfendeur du pouvoir en place, qu’on a essayé ou essaie d’assassiner ? Il est urgent que le pouvoir en place éclaircisse les doutes qui s’installent. Que la justice prenne toute la place dans les affaires qui se suivent et se ressemblent : arrestation puis silence. Le dialogue est au point mort. Les élections ne peuvent se tenir. Les opposants finissent embastillés. Aujourd’hui plus qu’hier, la carte routière devant conduire vers l’État de droit a besoin d’un urgent coup de brosse à reluire et d’engagements clairs.
Frantz Duval duval@lenouvelliste.com Twitter:@Frantzduval