Sans addition

 

Le Nouvelliste | Publié le : 04 novembre 2013

Port-au-Prince s’est réveillé lundi avec des barricades à Cité Soleil. La police et la Minustah sont intervenues. Plus tard dans la journée, c’est à Tabarre que le point de fixation s’est transporté. Des employés révoqués manifestaient. Dans le même temps, et jusque fort tard dans l’après-midi, des étudiants jouaient au chat et à la souris avec les forces de l’ordre dans les parages de la Faculté d’ethnologie, à quelques pas du palais national. Sous une nappe de gaz lacrymogène, les passants ont pris leurs jambes à leur cou pour échapper aux projectiles -pierres, balles, bombes- perdus.
Tout le week-end, on a craint le pire à Cité Soleil. Des rumeurs agitent la communauté. Des mains brassent les rancœurs, manipulent les peurs. Le week-end a été sanglant dans l’Artibonite. Dans la commune de Marchand-Dessalines, des habitants de deux quartiers en sont venus aux mains et aux armes. On déplore des morts et plus d’une centaine de maisons incendiées.
La semaine dernière, c’est le Cap-Haïtien qui s’embrasait. Des élèves du principal lycée de la deuxième ville du pays furent pris en otage par les batailles sans limite des éducateurs qui s’entredéchirent au sujet du contrôle du lycée et de la direction départementale de l’Education nationale. Quand les murs de l’établissement scolaire ne sont pas badigeonnés de matières fécales, c’est à coups de bonbonnes de gaz lacrymogène que l’on fait déguerpir les élèves. Depuis la semaine dernière, les avocats sont en grève. Ils réclament le respect des droits d’un des leurs et la tête du commissaire du gouvernement de Port-au-Prince. Des professeurs d’université sont aussi en grève même si les cours n’ont pas encore repris à l’université d’Etat. Demain, trois ministres du gouvernement sont attendus au Parlement. Ils risquent leur poste. Les titulaires de la Justice, de l’Intérieur et des Affaires étrangères sont sur la sellette. Tout le week-end, il y eut des tractations pour colmater les brèches, rabibocher les branches des pouvoirs en délicatesse. La montagne de l’interpellation accouchera-t-elle? Personne ne sait. Les négociations débuteront-elles ? Personne ne sait. Nous sommes sur pilotage automatique dans bien des domaines. Le navire vogue sur les vagues déferlantes. « Où vont-nous ? », comme disait l’autre. Ça, c’est une autre affaire.
Frantz Duval
duval@lenouvelliste.com

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