Martelly cherche le beau rôle et un bon costume.

Martelly cherche le beau rôle et un bon costume

 

Le Nouvelliste | Publié le :                                        13 novembre 2013

        
        Techniquement, on peut réaliser des élections rapidement en Haïti. Cela fait des mois que cela se dit. Aujourd’hui, les solutions techniques sont disponibles. Experts et machines sont dans nos murs.
Cependant, les élections n’ont jamais été une affaire de solutions techniques. Ni de budget. Avant tout, il faut un consensus sur l’opportunité de les tenir. Il faut une loi. Des partis politiques qui acceptent de concourir. Un peuple convoqué en ses comices qui se déplace.
Il faut surtout un climat.
Dans l’idéal, toutes ces composantes se mettent en place périodiquement. A des intervalles réguliers connus de tous. Dans les pays normaux. En Haïti, il est rare que les élections fassent l’unanimité. Soit avant, soit pendant, soit après, il y a des pans entiers de la classe politique ou de la population qui  refusent d’y prendre part ou bien en contestent les résultats.
Là encore, rien de grave. Cela arrive dans tous les pays du monde. Même dans les pays où les élections sont contrôlées de A à Z, il y a des ratés. Dans les pays au processus démocratique le plus parfait, il y a aussi des épines, des récifs, des déchirures, des naufrages.
Tout dépend de l’ampleur de la débâcle. Des élections payées rubis sur l’ongle sont des fois annulées. D’autres changent de cap au beau milieu du processus. Sont retardées. Repensées. Nous avons même vécu des changements radicaux.  Des résultats acquis se sont déjà transformés du tout au tout.
Ici, en deux coups de cuillère à pot, des gagnants annoncés sont métamorphosés en vaincus en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Depuis 1987 que le pays tient des élections, nous avons tout vu avant, pendant et après les élections. On peut comprendre que Michel Martelly, le Tèt kale en chef, une seule élection en matière d’expérience (celle qu’il a remportée en 2011), hésite et tergiverse avant de se lancer. On a l’impression que Son Excellence le président de la République se veut grand ordonnateur, grand contrôleur, grand vérificateur comme d’autres avant lui qui furent grand électeur ou grand dindon de nos affaires électorales. Des fois, tour à tour.
Le président cherche, à petits pas des fois, en brûlant les étapes d’autres fois, à se donner un grand rôle dans l’histoire du prochain changement de personnel politique qui se dessine sous nos yeux. Toute la question est : saura-t-il quelle direction prendre pour ne pas être dans un mauvais costume après le scrutin ?
Choisira-t-il un dyanni cousu par un pacotilleur dont il ignore le nom ou du sur-mesure à l’aune des enjeux ?
  Frantz Duval duval@lenouvelliste.com

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