Il faut un « sursaut de courage et d’espérance pour sortir de cette impasse » et satisfaire un « besoin urgent de retrouver l’imagination créative pour (…) engager [la nation] sur la voie du développement et de la promotion intégrale de l’homme [et de la femme] », préconise l’archevêque de l’église catholique romaine au Cap-Haïtien, Mgr. Louis Kébreau.
Célébrant principal, Kébreau s’exprimait à l’occasion d’une cérémonie « Te Deum », tenue à la cathédrale de Notre Dame de l’Assomption au Cap-Haïtien (deuxième ville du pays à 248 km au nord de la capitale) pour commémorer le 210e anniversaire de la bataille de Vertières (18 novembre 1803).
Face au tableau de la réalité d’un peuple haïtien « en déroute », Mgr. Kébreau appelle le président Joseph Michel Martelly à apporter « une parole de vérité pour inviter la nation à participer dans des élections libres honnêtes et démocratiques ».
La question des élections continue de diviser Martelly et le parlement ainsi que l’opposition, qui l’accuse de velléité dictatoriale.
« Interpellations à l’emporte pièce, des jeux de coude pour corrompre de plus en plus, la médisance, la calomnie, tout ce mal qui défile sous nos yeux et nous laisse dans une totale indifférence, comme si nous n’étions pas concernés par la désinvolture de ces actes qui conduisent le pays au chaos » : telle est la situationgénérale du pays, que décrit Kébreau.
Un silence semble s’emparer des secteurs porteurs de lumière et d’espérance dans ce trou béant, d’après lui.
« C’est dommage, aussi, de constater ce grand silence de la part de ceux à qui nous avons laissé l’initiative de prendre les décisions au niveau national, de la classe des intellectuels et des affaires qui n’ont pas su se mettre autour d’une table pour arrêter cette hémorragie, qui peut conduire la nation à perdre les acquis du 18 novembre 1803 et du 1er janvier 1804 », s’indigne le dignitaire ecclésiastique catholique romain.
Kébreau déplore que l’histoire de ce peuple, aux antécédents vaillants, soit jalonnée de « catastrophes, programmées par des incompétents qui ne savent pas ce qu’est la politique ou encore avoir la sensibilité ou un cœur pour la souffrance de l’Haïtien [et de l’Haïtienne] ».
Dans son homélie de circonstance, il exhorte à renoncer « au mensonge, au marronnage, au cynisme, à la haine, à la violence » pour promouvoir une « culture de la vie ».
Mais « qui sera capable d’écouter les cris de souffrance, qui jaillissent de ces familles désemparées, de ces jeunes en panne de travail, souvent manipulés et embrigadés dans des bandes de malfaiteurs, de ces vieillards abandonnés à eux-mêmes, de ces paysans sans terres qui errent ? »
Le président Martelly, son premier ministre Laurent Salvador Lamothe, le président du Conseil supérieur du pouvoir Judiciaire (Cspj), Anel Alexis Joseph, des ministres du gouvernement, des parlementaires proches du pouvoir sont présents au Cap-Haïtien pour la commémoration de la dernière bataille, le 18 novembre 1803, des captifs de Saint-Domingue contre les soldats français.
A cette commémoration, ce lundi 18 novembre 2013, les présidents du sénat et de la chambre des députés au parlement haïtien, respectivement Dieusseul Simon Desras et Jean Tholbert Alexis, n’étaient pas remarqués aux côtés des officiels gouvernementaux, accusés de dérives dictatoriales.
Ce 18 novembre 2013, plusieurs manifestations contre le pouvoir en place sont programmées dans plusieurs villes du pays, dont Port-au-Prince et le Cap-Haïtien, où se tiennent les festivités commémoratives
Par Edner Fils Décime., CaraibesFM., http://www.radiotelevisioncaraibes.com/nouvelles/haiti/un_sursaut_national_pour_surmonter_la_deroute_en_cours.html