En route vers des élections incertaines

En route vers des élections incertaines

 

Le Nouvelliste | Publié le : 28 novembre 2013

Le document légal tant attendu pour l’organisation des élections est presque effectif. Il ne reste qu’au chef de l’Etat de le promulguer et le publier dans Le Moniteur. Si la communauté internationale et la présidence saluent l’adoption par le Parlement de la loi électorale, les partis politiques de l’opposition restent sur leurs positions.

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Le Parlement a joué sa partition. Maintenant, tous les yeux sont rivés sur le président de la République, Michel Martelly, qui a la responsabilité de publier la loi électorale dans le journal officiel Le Moniteur s’il n’a pas d’objections. Cependant, selon le porte-parole du chef de l’Etat, l’adoption du document par les parlementaires est un pas vers les prochaines élections.
« Il nous incombe, a ajouté Lucien Jura, de faire le suivi en termes de publication dans le journal officiel de la République et nous espérons que, dans les prochains jours, de nouveaux pas seront faits qui nous permettront d’organiser des élections libres, honnêtes, démocratiques et inclusives. »
Selon le porte-parole de la présidence, pour Michel Martelly, le dialogue est un état permanent. « Aujourd’hui plus que jamais, nous avons besoin de nous asseoir, a-t-il dit. Il y a la question électorale proprement dite, mais il y a aussi un ensemble d’autres sujets sur lesquels nous devons nous mettre d’accord. Est-ce que nous nous acheminons vers des élections annuelles sur les sept prochaines années ou est-ce que nous devons nous asseoir désignant ce qui sera le mieux pour le pays ?», s’est-il interrogé.
Il faut d’abord résoudre le problème de confiance, a rétorqué la présidente de la Fusion des sociaux-démocrates. Cependant, pour Edmonde Supplice Beauzile, l’adoption de la loi électorale est un signal envoyé par les parlementaires qui devait conduire à un compromis. L’ancienne sénatrice a estimé qu’il doit y avoir un consensus et un accord politique avant d’entrer dans le processus électoral. Selon elle, les acteurs doivent se mettre d’accord d’abord sur un ensemble de sujets qui posent problème.
Pour l’Organisation du peuple en lutte (OPL), les élections ne sont pas la priorité du moment. Sauveur Pierre-Etienne a estimé que la situation, pour le moins tendue, entre Haïti et la République dominicaine préoccupe son organisation politique. Selon lui, il faut voir comment retrouver ensemble notre dignité et la souveraineté du pays face à nos voisins dominicains sans affrontement.
Mais s’il faut penser élections, le professeur croit qu’avant même de promulguer et de publier la loi électorale, le président Martelly devrait d’abord renvoyer l’institution électorale dirigée par Emmanuel Ménard.
De son côté, le responsable de la commission de mobilisation de Fanmi Lavalas croit que, maintenant, le Collège transitoire du Conseil électoral permanent (CTCEP) a à sa disposition un document légal, la loi électorale. Cependant, Ansyto Félix a indiqué que son organisation politique attend d’autres signaux garantissant des élections libres, honnêtes et démocratiques.
Pour le MOPOD, le vote de la loi électorale à la Chambre des députés est un vote normal dans le cadre du travail des parlementaires. Alors que tout porte à croire qu’il est matériellement impossible d’avoir des élections cette année, le coordonnateur des partis politiques de l’opposition, l’agronome Jean André Victor, maintient encore et toujours : « Elections en 2013 ou la démission du président ».
Pour sa part, le porte-parole du Consortium des partis politiques pro-gouvernementaux, Fednel Montchéry, souhaite voir la loi électorale publiée sans délai au journal Le Moniteur. Il a souligné que l’ensemble des partis politiques du consortium se sont déjà inscrits au CTCEP et la plateforme elle-même est également inscrite. Ils n’attendent que les élections. Pour la communauté internationale, le vote de la loi électorale « marque une étape importante pour l’organisation d’élections inclusives, transparentes et démocratiques ». Dans un communiqué rendu public jeudi, la Minustah, les ambassadeurs du Brésil, de France, du Canada, d’Espagne, des Etats-Unis d’Amérique et le représentant spécial de l’Organisation des Etats américains (OEA) ainsi que le chef de la délégation de l’Union européenne, tout en saluant le vote, exhortent « tous les acteurs concernés à poursuivre leur travail de concert avec l’approfondissement de la démocratie et de la stabilité en Haïti, tant essentielles au développement socio-économique du pays ». Le président du CTCEP, Emmanuel Ménard, qui, généralement, répond aux appels du Nouvelliste, n’était pas joignable jeudi. Plus d’un se demande si, après la publication de la loi électorale, M. Ménard va maintenir les points ayant été annoncés dans le précalendrier qui n’avait pas fait l’unanimité.
Robenson Geffrard
rgeffard@lenouvelliste.com