NON !

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Finalement, il faut que nous Haïtiens, nous cessions de pleurnicher sur le sort fait à nos compatriotes en République dominicaine pour poser la vraie question qui est le fossé économique entre nos deux pays et la collusion de deux élites prédatrices et fondamentalement racistes qui se satisfont de la situation actuelle même si elles peuvent être momentanément à couteaux tirés pour une question de profit. Ces deux compères ne se préoccupent nullement des dangers que fait peser sur cette île l’absence d’une gouvernance véritable dans la partie occidentale d’Hispaniola.
Sans cette aile raciste en République dominicaine, qui a ses agents en Haïti, la classe politique dominicaine comprendrait qu’elle ne peut s’aligner sur les pratiques privilégiées par certaines officines occidentales qui font la promotion, à chaque élection en Haïti, du plus glauque et du plus malsain. La République dominicaine a une frontière commune avec nous. La mer nous sépare de toute manière des États-Unis.
Nos voisins auraient donc logiquement toutes les raisons stratégiques pour appuyer en Haïti un changement en profondeur. Premièrement, un décollage économique avec son corollaire qui est la création d’emplois avec donc une diminution de la pression migratoire sur la République dominicaine.
Deuxièmement, l’augmentation du pouvoir d’achat en Haïti rendrait encore plus attrayant le marché haïtien pour les entreprises dominicaines. Mais le fait de considérer Haïti comme une arrière-cour pour déverser ses produits, sans tenir compte de la dégradation des conditions de vie de la population haïtienne, menace à moyen terme la République dominicaine d’une déstabilisation dont elle ne mesure pas les conséquences. Ce qui arrive actuellement avec l’arrêt pris par la Cour suprême dominicaine n’est qu’un aperçu.
Du côté haïtien, pour l’instant, car la solution est dans une remise en question complète de notre organisation sociale et économique, de tout ce que la mentalité affranchie a inscrit en nous de mépris de l’autre et de nous-mêmes, on ne veut même pas poser les vrais problèmes, préférant les pleurs, les appels à la solidarité internationale, avec ce même instinct qui est de profiter de la misère pour obtenir de quoi engranger.
Il fut un temps où nous étions la puissance de la Caraïbe. En tant que peuple, nous ne pouvons pas accepter d’être descendus aussi bas. Nous devons dire non à ceux qui font tout pour que nous soyons la risée des autres, pour que nous comptions constamment sur la pitié des étrangers.
On veut nous faire croire constamment qu’il n’y a pas pour nous de porte de sortie, que nous devrions constamment cheminer la tête baissée, la main tendue, avec nos ONG et nos dirigeants vendant notre misère comme de l’or. Arrivés au fond, nous le sommes déjà, on nous donne des outils pour creuser, pour aller encore plus bas.
Non ! Il faut dire Non !
Nous le prouvons constamment en dépit de cette conspiration pour nous réduire à notre plus simple expression. Il y a une vitalité, malgré tout, dans notre communauté, une créativité qu’une simple étincelle peut faire exploser. C’est cette étincelle qu’il nous faut trouver.
La solution au problème avec la République dominicaine est chez nous.
Il nous faut trouver des hommes, pas des vendus ni de mauvais marchands.
Gary Victor.,  Le Nouvelliste.,
Gary Victor