Haïti-Justice : Martelly et Lamothe attaquent les avocats André Michel et Newton Saint-Juste
lundi 16 décembre 2013
P-au-P, 16 déc. 2013 [AlterPresse] — Le jeune avocat Newton Saint-Juste est déjà en route pour répondre, ce lundi 16 décembre 2013, à la convocation du barreau de Port-au-Prince, relative à une plainte pour diffamation déposée contre lui et son collègue André Michel par une dizaine d’avocats mobilisés par le président de la république, Joseph Michel Martelly et son premier ministre, Laurent Salvador Lamothe.
« Mon collègue et moi » avons « le moral au beau fixe »,affirme Saint-Juste, dans une entrevue à AlterPresse.
Cette « tentative du pouvoir pour [les] réduire au silence n’est que du sérum et des vitamines pour poursuivre les corrompus ».
Il est 9:57 locales (14:57 gmt).
En fait, dans leur plainte, les deux têtes du pouvoir exécutif haïtien sollicitent, du barreau de Port-au-Prince, une radiation des deux avocats opposants du pouvoir pour diffamation, conformément aux articles 62 et 64 du décret du 29 mars 1979 règlementant la profession d’avocat.
Les dénonciations de corruption, de trafic de drogue et de blanchiment d’argent, faites au cours de l’année 2013 contre les deux « barons » de l’actuelle administration politique, sont à la base de la plainte.
Saint Juste l’interprète comme une « stratégie désespérée du pouvoir pour leur enlever leurs privilèges d’avocat et exécuter un plan macabre concocté depuis des mois contre eux [les avocats] ».
L’arrestation « illégale et arbitraire » de Me Michel, le mardi 22 octobre 2013, a occasionné une levée de boucliers au barreau de Port-au-Prince et dans d’autres institutions sœurs de la république contre cet acte.
Au bout de 35 jours de grève, le ministère de la justice – réputé comme le grand soutien de Francisco René, indexé comme instrument du pouvoir en place – s’est vu obliger de révoquer le commissaire du gouvernement de Port-au-Prince.
L’exécutif n’est pas à son premier coup.
Le 9 mai 2013, le premier ministre Lamothe a déposé une plainte à la même enseigne contre St Juste.
Un délai d’un jour franc a été accordé aux deux enfants terribles de la basoche pour rétracter les dénonciations.
« En guise de rétractation, ces derniers avaient réitéré leur dénonciation au parquet » près le tribunal civil de la capitale, rappelle St Juste.
Depuis la lettre-dénonciation de St Juste, le 16 aout 2012, contre la famille présidentielle pour usurpation de fonction, les avocats André Michel et Newton Saint-Juste sont devenus des têtes nuisibles « à abattre » pour le pouvoir, souligne St Juste.
La décision des chefs de l’exécutif de porter plainte soulève, par ailleurs, des questions, notamment en ce qui concerne la source de paiement des honoraires de cette dizaine d’avocats mobilisés. [efd kft rc apr 16/12/2013 10:55]
http://www.alterpresse.org/spip.php?article15679#.Uq–whxBkro