Un gouvernement d’ouverture ou de consensus comme bouée de sauvetage.

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Le processus de dialogue a bouclé sa deuxième journée, mardi, à l’hôtel El Rancho. Les acteurs n’ont pas encore épuisé la thématique de gouvernance. Divisés en deux groupes dont l’un, majoritaire, les uns ont proposé la formation d’un gouvernement d’ouverture et les autres, un gouvernement de consensus comme porte de sortie. La pléthorique assemblée n’a pas encore tranchée

Les deux hypothèses restent sur la table de négociations entre les représentants des partis politiques, des pouvoirs exécutif et législatif, de la société civile. Après deux jours de discussions sous la houlette de la Conférence épiscopale d’Haïti, le nœud gordien provoqué par la crise politique actuelle semble loin d’être défait. Mais les différents partis politiques, qui ont participé à la deuxième journée des assises, ce mardi, à l’hôtel El Rancho, ont tous opté pour un dénouement de la crise politique.

« Nous avons pu arriver à une formulation qui trouve l’entente de toute l’assemblée, a fait savoir le cardinal Chibly Langlois, en marge de cette deuxième journée des assises. C’est une formulation qui fait comprendre qu’on a constaté au cours des débats l’existence de deux principales tendances. L’une exige la formation d’un gouvernement d’ouverture et l’autre, d’un gouvernement de consensus. »

Confiant en son leadership de pouvoir mener le dialogue à bon port, le président de la Conférence épiscopale d’Haïti indique qu’ils seront en mesure de trouver un compromis sur l’un ou l’autre de ces deux types de gouvernement. « Mais l’essentiel pour nous est d’avoir un gouvernement qui peut faciliter l’organisation de bonnes élections dans le pays », nuance le plus grand personnage de l’Eglise catholique en Haïti, soulignant que les débats vont continuer avec les acteurs afin de parler de la séparation des pouvoirs.

Autre point souligné par le cardinal Langlois, à savoir que les participants ont décidé que des efforts soient faits par l’exécutif pour publier les actes pris par le Parlement (lois, résolutions…) dans le journal Le Moniteur au cas où le chef de l’Etat n’aurait pas une quelconque objection tel que cela est prévu par la Constitution du pays.

Le cardinal Langlois dit, par ailleurs, plaider pour l’indépendance et la séparation des pouvoirs. Les institutions, affirme-t-il, doivent fonctionner de manière indépendante. « Il faut garantir un climat de justice dans le pays. Il faut évacuer le problème relatif à l’existence de prisonniers politiques sous forme de prisonniers de droits communs… »

D’après le sénateur Jean-William Jeanty, qui a représenté le parti politique Kontra pèp la dans les discussions, il était nécessaire de synthétiser les différentes propositions relatives à la thématique de gouvernance. « Le gouvernement d’ouverture signifie que le Premier ministre Laurent Lamothe reste à son poste tout en changeant le cabinet ministériel, a précisé l’élu des Nippes. Car c’est un gouvernement entre amis, un partage du gâteau. Par contre, le gouvernement de consensus veut dire que le gouvernement en place est incapable de délivrer la marchandise. D’où la nécessité de trouver un consensus pour identifier d’autres personnalités qui inspirent la confiance nécessaire à la formation tout simplement d’un autre gouvernement qui aura un autre programme. Ce gouvernement sera en mesure d’accompagner le président Martelly pour le reste de son mandat.»

Pour le parlementaire, c’est à cette phase qu’on pourra organiser des élections crédibles pour renouveler les deux tiers du Sénat et les collectivités territoriales. « Ce sera également l’occasion de lancer la conférence nationale qui nous permettra de résoudre les problèmes urgents », a conclu Jean William Jeanty, soulignant que lui et son parti sont pour un gouvernement de consensus.

Des partis proches du régime en place ont, en revanche, plaidé pour un gouvernement d’ouverture. « Ce sont les partis politiques traditionnels qui veulent un gouvernement de consensus afin d’intégrer le nouveau gouvernement, a rétorqué Paul Arthur Fleurival, représentant du parti Vwazinaj se réclamant proche du pouvoir. Mais pour nous autres, notre position est qu’il doit y avoir un gouvernement d’ouverture avec l’assentiment du chef de l’Etat… »

Yvince Hilaire
yvincehilaire@lenouvelliste.com

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