Environ 24 heures après la diffusion de l’interview exclusive réalisée avec le président Jovenel Moïse, des journalistes de Radio Télé Métropole affirment être l’objet de menaces. En pleine rue ou sur les réseaux sociaux, ils sont sont la cible de remarques d’individus qui les accusent de jouer le jeu du pouvoir. Ces travailleurs de la presse dénoncent une « atteinte grave à la liberté de la presse. »
Relayée dans la matinée du 28 octobre via plusieurs chaînes de télévision et sur les réseaux sociaux, l’interview exclusive de la télévision Métropole avec le président Jovenel Moïse a provoqué depuis lundi une vague de réactions négatives vis-à-vis du média, considéré par certains d’être proche de l’actuelle équipe au pouvoir. Mais surtout, des observateurs critiquent vertement la façon dont cet entretien a été mené dans le cadre de l’émission « Le Point », très suivie.
L’institution hébergeant le show est accusée d’avoir offert un plateau en or au président de la République pour qu’il puisse attaquer ses adversaires politiques et justifier son échec au pouvoir, alors qu’il fait face à des appels à la démission de nombreux secteurs nationaux. Des membres de la Radio Télévision Métropole ont confié à Loop Haïti qu’ils fonctionnent dans l’inquiétude la plus totale après l’entretien.
« Quand je vois le nombre de menaces et remarques en tout genre que j’ai pu recevoir ce matin sur mon téléphone après le discours du président, que j’en reviens finalement à louer le ciel de ne pas être un journaliste politique », a écrit Jérémie Tillon. Le reporteur et présentateur de radio Métropole se montre inquiet pour sa sécurité, particulièrement durant les mouvements de protestation.
D’autres collaborateurs du 100.1 et de la chaine 52 affirment également qu’ils sont sur le qui-vive. Cet entretien est vu pour eux comme un lourd fardeau. Certains d’entre eux ayant requis l’anonymat, indiquent avoir reçu personnellement des menaces après la diffusion de l’entretien.
« Ce mardi, j’ai failli être agressé par des individus qui surveillaient des barricades de pneus enflammés dans un quartier de Port-au-Prince. Après avoir exhibé ma carte de presse Métropole, j’ai reçu des menaces verbales », témoigne un collaborateur du média qui s’est confié à Loop Haïti. Il souligne que ses collègues travaillent dans le stress et l’inquiétude.
Pour une autre catégorie de journaliste de RTM, il s’agit d’une campagne visant à empêcher cet organe de presse, qui vient de fêter ses 49 ans d’existence, de travailler en toute liberté. « La liberté de la presse est menacée en Haïti », a brièvement réagi Eddy Jazil, rédacteur du journal Metro News sur la Chaine 52.
Jusqu’à ce mardi dans l’après-midi, aucune réaction ou déclaration de la part de la direction générale de la station. « Toutefois, des mesures sont en train d’être prises en vue de sécuriser les locaux de la station à Delmas 52 », a révélé une source proche de l’institution médiatique.
Rappelons que des journalistes de Radio Télé Métropole ont déjà l’objet de menaces et d’agressions cette année. Le 19 juin 2019, un véhicule de la station a été caillassé au niveau de Turgeau, non loin de Pont Morin par des individus non identifiés. Moins d’une semaine après, soit le 24 juin, un autre véhicule de la RTM a été victime d’une attaque similaire, toujours à Turgeau.
Source LOOP HAITI