“Ariel Sharon était un criminel”.

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Ariel Sharon, le 2 juin 2003. (AFP PHOTO/Gali TIBBON)
Les dirigeants palestiniens déplorent que l’ex-Premier ministre n’ait pas été traduit devant la justice international.

Human Rights Watch (HRW) a également jugé dans un communiqué “regrettable que Sharon aille vers sa tombe sans répondre devant la justice de son rôle à Sabra et Chatila [à Beyrouth en 1982, NDLR] et d’autres violations” des droits de l’Homme.

“Sharon était un criminel, responsable de l’assassinat d’Arafat et nous espérions qu’il comparaisse devant la Cour pénale internationale (CPI) en tant que criminel de guerre”, a déclaré Jibril Rajoub, un haut responsable du Fatah, le mouvement du dirigeant historique palestinien.

“Exemple pour tous les tyrans”

Jusqu’à la mort en novembre 2004 de Yasser Arafat, qu’il avait fait assiéger par les chars israéliens depuis décembre 2001, Sharon avait multiplié les menaces à son encontre, nourrissant les soupçons d’un empoisonnement, qu’Israël a toujours nié.

Un porte-parole du Hamas, au pouvoir à Gaza, Sami Abou Zouhri a qualifié dans un communiqué la mort de Sharon d'”exemple pour tous les tyrans”.

“Notre peuple vit un moment historique avec la disparition de ce criminel aux mains couvertes de sang des Palestiniens et de leurs dirigeants”, a dit le porte-parole du mouvement islamiste, dont le fondateur et chef spirituel, cheikh Ahmad Yassine, a notamment été assassiné en 2004 par l’armée israélienne sur ordre de Sharon.

En tant que ministre de la Défense, Sharon avait été contraint à la démission par une commission d’enquête israélienne ayant conclu à sa “responsabilité indirecte” mais personnelle dans le massacre de centaines de civils palestiniens par ses alliés phalangistes chrétiens libanais dans les camps de réfugiés de Sabra et Chatila, à Beyrouth en 1982.

Selon la directrice pour le Moyen-Orient de HRW, Sarah Leah Whitson, “pour les milliers de victimes de violations, la disparition de Sharon sans qu’il ait comparu en justice amplifie leur tragédie”.

“Sa disparition est un triste rappel supplémentaire que des années d’impunité de fait n’ont rien fait pour faire avancer la paix entre Israéliens et Palestiniens”, a-t-elle ajouté.

La commission d’enquête israélienne avait établi que c’était Sharon qui avait pris la décision de laisser les phalangistes pénétrer à Sabra et Chatila, estimant qu’il ne pouvait pas ignorer les risques d’un massacre, souligne HRW.

“Sa vie à l’Etat d’Israël”

Les Etats-Unis et l’ONU ont rendu hommage à la mémoire d’Ariel Sharon après sa mort.

Pour Barack Obama, Ariel Sharon a “consacré sa vie à l’Etat d’Israël”.

“Nous restons attachés à une paix durable et à la sécurité pour le peuple d’Israël, y compris par notre engagement en faveur de l’objectif de deux Etats vivant côte à côte dans la paix et la sécurité”, a encore déclaré le président américain.

La brièveté et la sobriété de son communiqué ont tranché avec celui du secrétaire d’Etat John Kerry, d’après lequel “Le voyage d’Ariel Sharon a été celui d’Israël”. “Le rêve d’Israël a été sa raison de vivre et il a joué le tout pour le tout pour faire vivre ce rêve”, a-t-il ajouté.

Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a pour sa part salué “le courage politique et la détermination dont il a fait preuve en appliquant la décision douloureuse et historique de retirer les colons et les soldats israéliens de la bande de Gaza” en 2005.

“Tout au long d’une vie dévouée à l’Etat d’Israël, Ariel Sharon a été un héros pour son peuple, d’abord en tant que soldat, puis en tant qu’homme d’Etat”, a jugé  Ban Ki-moon.

Nouvel Observateur

http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20140111.OBS2053/israel-ariel-sharon-etait-un-criminel.html