Arly Larivière et Nu Look: Au pied du mur, un très grand défi à relever

Arly Larivière et Nu Look: Au pied du mur, un très grand défi à relever

18/09/2013 14:33:00   Auteur(e) Jean-Robert Noel
Arly Lariviere

arly

Il existe un rêve commun à l’homme : tout le monde aimerait réussir dans la vie. Cela est si vrai que certaines gens se créent un monde fictif, donnant l’impression que tout va bien alors qu’en réalité ils font face à de multiples difficultés. Un tel fait se remarque souvent dans l’industrie musicale haïtienne où tous les groupes musicaux se placent en première position et s’autoproclament champions. L’on se demande qu’est-ce qui les porte à prendre une telle disposition, quand les faits prouvent le contraire. L’espoir fait vivre. La question que l’on se pose aujourd’hui est la suivante : le groupe Nu Look peut-il remonter la pente pour remettre les pendules à l’heure ? Certains, se référant au passé,  le croient possible. D’autres se montrent très pessimistes, considérant l’état actuel du marché musical haïtien et la baisse considérable de Nu Look.

Arly Larivière croit voir la lumière au bout du tunnel. Les mélomanes pensent que seul Gazzman « Couleur » Pierre peut aider Nu Look à se replacer solidement sur l’échiquier musical, parce que disent-ils que Arly Larivière n’est pas un chanteur « hardcore », du compas dur / up tempo. Et ils prétendent aussi que Disip n’a pas le succès que le groupe recherchait après la mise en circulation de son récent CD « Viktwa », qui laisse déjà l’impression d’un feu de paille, à cause du manque de promotion. Une étude approfondie de ces différentes situations nous permettra de voir dans quelle mesure de tels jugements sont fondés. C’est au pied du mur qu’on reconnait les vrais maçons. Aujourd’hui, Arly Larivière s’y trouve et il doit relever le défi.

L’opinion publique est mise en mouvement

Beaucoup de gens se basent sur les récentes tournées des différentes formations musicales en Haïti durant l’été, pour se prononcer sur le classement des groupes musicaux par ordre numérique. Le groupe Nu Look n’avait qu’une seule prestation au pays, quand Klass, Zenglen, Disip et autres ont eu plusieurs contrats à honorer. Cela voudrait-il dire que Nu Look n’a aucune chance de dominer la scène une nouvelle fois, pour reprendre la couronne que lui avait value son album « Confirmation »?  On fait croire que les promoteurs en Haïti ont boudé Nu Look parce que ce groupe n’a plus la valeur marchande d’hier et qu’il ne peut plus drainer la grande foule comme autrefois. Prudence exige!

L’encombrement qu’il y a eu cet été, en Haïti, ne laisserait pas grande chance de réussite à Nu Look. J’ose croire plutôt que c’était l’esprit de clairvoyance et de compréhension des faits d’Arly Larivière et de Dòf Chancy qui les ont guidés à garder un profil bas. Je prends la responsabilité de dire qu’une tournée de Nu Look en Haïti l’été dernier aurait fait plus de mal que de bien à cette formation musicale. Les taureaux dominaient la scène chez nous et Nu Look n’aurait pas pu les prendre par les cornes.  Pourtant, j’observais les activités de Nu Look jusqu’en Martinique, en juillet dernier. J’ai tous les faits et je connais même les raisons qui avaient causé l’annulation de la soirée que devrait animer Nu Look le jeudi 25 juillet en Martinique. Je profite de l’occasion pour dire à ceux qui croient que Nu Look avait utilisé la vidéo d’une prestation tenue en plein air pour prouver son succès au bal alors que la soirée a eu lieu en salle fermée, qu’ils se trompent de groupe musical. Chers musiciens, tous les coups ne sont plus permis. C’est la nouvelle mode aujourd’hui. Certains groupes présentent des vidéos montrant une foule immense lors d’une activité en plein air pour faire croire qu’un bal dans un club a été un succès, puisque pour eux le succès dépend du nombre de participants.

La voix de la conscience

La vie est si fragile qu’en  trente cinq secondes on peut perdre tout ce que qu’on a accumulé durant son existence. Le succès est aussi éphémère et demain parait imprévisible. Qui voudrait échouer de bon gré?  Les épreuves de la vie ne sont pas souvent faciles et, pour surmonter les difficultés, on doit s’armer de courage, de patience et de détermination. En plus de tout cela, il faut avoir une foi inébranlable. Je ne parle même pas de croyance puisque la foi est la plus forte des vertus théologales. On ne réussit pas toujours du premier coup. Dans la vie, ceux qui échouent vraiment sont souvent ceux qui ont peur d’essayer une énième fois après une défaite. Je veux croire qu’Arly, maestro du groupe Nu Look, ne veut pas échouer dans ses démarches. Quand on se trouve en position de faiblesse, souvent on tend à l’ignorer en faisant semblant que tout va à merveille, même quand les faits prouvent le contraire. Dans un tel cas, la voix de la conscience fait écho et empêche même un sommeil relaxant.

Arly Larivière a le dos au mur

La situation de Nu Look  peut changer. Quand on a le dos au mur, on ne peut plus reculer et les mouvements ou déplacements ne peuvent être que latéraux ou vers l’avant. J’imagine que Larivière se rend compte que Nu Look n’est plus au sommet de son jeu. Pourtant, ce sont les mêmes musiciens qui l’accompagnent et jouent les mêmes chansons aux soirées dansantes. Considérant ces faits et entrefaites,  l’on se demande pourquoi les soirées de Nu Look ne réussissent pas toutes comme cela a été le cas après la sortie de son dernier CD « Confirmation »?

Le succès est éphémère. La double affiche Carimi-Nu Look en Martinique, en juillet dernier, n’avait pas attiré la foule que ces deux groupes espéraient. S’ils disent le contraire, cela est peut-être dû à une erreur de parallaxe, une mauvaise lecture de leur part. Oublions le passé pour l’instant,  mais il faut quand même se rappeler qu’il nous sert de référence. Et quand on s’y accroche trop, on risque de marquer le pas sur place. Certains veulent rendre Alex Lavaud responsable de la période de sécheresse ou de vache maigre du groupe Nu Look. Pauvre Lavaud, il a bon dos ! Nu Look rampe depuis le départ de Pipo et jusqu’à aujourd’hui. Il semble que ces fans de Nu Look ont perdu la notion du temps et le bon sens. Si le public ne se défait pas de ses préjugés, qui consistent à chercher la voix de Gazzman ou de celle de Pipo à travers Arly, le jeu ne sera pas facile pour le maestro et son groupe. Le public est si habitué à ces deux voix qui ont marqué le succès de Nu Look, qu’il pense qu’aucun chanteur ne pourra convenir. Qu’on se rappelle qu’après le départ de Gazzman « Couleur » Pierre, on pensait que Nu Look allait sombrer en enfer. Tel n’a pas été le cas puisque Pipo avait apporté le souffle de vie dont cette formation musicale avait besoin pour survivre,  même si au début cet ancien chanteur de Beljazz n’a pas eu la tache facile.

Une fois n’est pas coutume et l’histoire le prouve

Quand je remonte le cours de l’histoire de la musique populaire haïtienne, ces situations ont été déjà vécues. Trois exemples nous le prouvent. Guy Durosier fut l’un des meilleurs saxophonistes d’Haïti, avant de devenir chanteur. Chanteur, il le devint par accident. D’ailleurs, il assurait bien le rôle de saxophoniste aux côtés des deux frères Guillaume, Raoul et Roland, au sein de l’Orchestre Saieh, en compagnie du trompettiste Alphonse Simon qui se surpassa à l’instrument dans la chanson « Le Coquelicot ». Oui, par accident, Guy Durosier devint chanteur. L’orchestre se rendit à Cuba avec trois saxophonistes Guy Durosier, Roland Guillaume et Raoul Guillaume pour enregistrer un disque. Le chanteur de l’orchestre n’avait pas fait le voyage. Guy Durosier décida de chanter tous les morceaux que l’orchestre avait voulu enregistrer. Il rendit bien les couplets des morceaux avec soul. Pourtant, Guy Durosier était bègue. Un autre exemple à signaler, Gérard Dupervil fut trompettiste, accordéoniste avant devenir chanteur, d’après ses témoignages. Dadou Pasquet est aussi devenu chanteur dans les mêmes conditions.

Le « son la ri a » d’aujourd’hui est un prétexte des médiocres, un cache – cache- péché, un mur qui cache les faiblesses des musiciens paresseux.  J’aurais suggéré à Arly de maintenir la section rythmique du vrai style compas direct de Nemours Jean-Baptiste et de réduire, sinon de limiter les longs solos de guitare de Gabriel Laporte et les excursions répétées aux claviers / keyboard. Cela ne prouve en rien la force ou la connaissance de celui qui le fait. En général, les breaks répétés des batteurs nuisent aux danseurs. Ces musiciens doivent plutôt accompagner les autres instruments et le chanteur. Ce n’est pas sans raison que souvent on désigne un groupe musical sous le nom d’Ensemble. Le jeu d’ensemble est impératif. Il serait préférable que le soliste et le keyboardiste utilisent des riffs quand l’intervalle musical le permet, au lieu d’utiliser de longs solos de 10 minutes pensant aussi épater ceux qui comprennent les principes généraux liés à la musique et à ces instruments dont je parle.  Je juge bon de définir une nouvelle fois ce qu’on entend par riff et solo puisque les musiciens et certains journalistes les utilisent sans établir la différence entre les deux vocables. Un riff est un court phrasé mélodique tandis qu’un solo est une succession progressive et linéaire de riffs, donc une succession de phrasés mélodiques. Un solo est directement lié à la gamme de la tonalité de la chanson, ce que certains guitaristes ignorent. Arly doit essayer de changer ce format « son la ri a » tout en conservant la section rythmique originale du Super Ensemble Nemours Jean-Baptiste. J’ai déjà visité cinq continents et ai remarqué que seuls les keyboardistes et guitaristes haïtiens jouent leur instrument en émettant ces cris stridents qui souvent nuisent au cerveau musical et aux oreilles de l’auditeur avisé. La simplicité en tout est la clef du succès.   http://radiotelevisioncaraibes.com

Arly Larivière peut-il réussir comme chanteur de Konpa up-tempo ?

Je sais qu’Arly décide de chanter toutes les chansons à caractère Konpa Dirèk dur qui seront gravées sur le prochain album de Nu Look.  Aujourd’hui, la grande question qu’on se pose est la suivante : Nu Look pourra t-il réussir avec Arly Larivière comme chanteur de pointe des morceaux à caractère Konpa traditionnel ? Comme tout le monde, je sais qu’il n’a pas les qualités de Gazzman et de Pipo qui connaissent bien ce champ. Cependant, il faut se rappeler que c’est Arly qui a toujours trouvé les accords à partir de la tonalité de la composition. C’est lui aussi qui fait la leçon aux chanteurs, même si aujourd’hui ils essaient de nier un tel fait. http://radiotelevisioncaraibes.com

Pipo avait aussi fait face aux dictats musicaux d’Arly Larivière. Ni l’un ni l’autre des anciens chanteurs de Nu Look ne peut prouver le contraire.  Arly donnait le ton aux chanteurs en leur montrant où placer les intonations dans les chansons qu’ils interprétaient. D’ailleurs, c’est le ton qui fait la chanson. Déjà cela met en relief son contact avec les morceaux up-tempo. Il a donc les moyens, il suffit de les utiliser efficacement. On doit cependant prendre en considération le talent de ces derniers chanteurs qui avaient apporté une couleur que, peut-être, Arly Larivière n’avait jamais prévue, et qu’il ne pourra pas apporter, mais il trouvera des moyens pour compenser ce qui lui manque.

Nu Look peut changer sa situation, se replacer en position de force et reconquérir sa couronne. Je pense qu’Arly pourra réussir dans cette nouvelle aventure le mettant au pied du mur comme chanteur «  hardcore », de Konpa up tempo. Cependant, il doit modifier le style de Nu Look pour s’écarter du « son la ri a», un concept commun à tous les groupes musicaux ayant le même format.  Cela va l’aider puisqu’il n’a ni la tessiture de Gazzman ni celle de Pipo. Il faut inévitablement qu’il change les tonalités des chansons  pour être confortable et capable de rendre le compas dur.  Il ne pourra pas chanter les notes aigues que rendait Pipo ou Gazzman. Vouloir c’est pouvoir ! Je souhaite bonne chance à Arly Larivière et au groupe Nu Look.  robertnoel22@yahoo.com

Source : Radio Tele Caraibes

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