Au Parlement, on dépense cette année 31 millions de gourdes par député et 123 millions de gourdes par sénateur

Frantz Duval, Photo Le Nouvelliste

Le 13 juillet 2017, dans un éditorial, Le Nouvelliste a souligné que l’administration Moïse-Lafontant avait décidé dans son budget 2017-2018 de privilégier le Parlement au détriment de la santé.

Les deux chambres étaient dotées par décision de l’exécutif de 7.2 milliards de gourdes alors que le ministère de la Santé publique et de la Population héritait de 6.1 milliards de gourdes.

L’éditorial se concluait ainsi : « Il est évident que les responsables politiques ont fait un choix clair : privilégier le Parlement pour atteindre des buts encore ignorés. Au prix fort, le premier ministre Jack Guy Lafontant achète la paix politique, récompense ses alliés. Le médecin-premier ministre laisse la santé publique aux soins du Bon Dieu Bon ».

Une année plus tard, on doit se rendre à l’évidence que la formule mathématique de Lafontant n’a pas pu résoudre ses problèmes. Le 14 juillet 2018, ses chouchous du Parlement, les députés, l’ont poussé à la démission.

L’argent versé à flots sur nos parlementaires n’a pas fait le bonheur de nos élus non plus.

La semaine dernière, suite à une altercation sur les ondes de Magik 9 entre le sénateur Ricard Pierre et le président du Grand corps, Joseph Lambert, la population a pu découvrir avec effarement l’ampleur des privilèges et passe-droits que nos sénateurs s’attribuent.

Depuis les révélations sur la génératrice détournée et la faramineuse résidence officielle, c’est la course à la vertu.

Le Sénat fait flèche de tout bois cette semaine pour réduire son train de vie et casser les privilèges des sénateurs.

La Chambre des députés, personne n’en doute, devra lui aussi donner l’exemple.

Car avec 3,63 milliards de gourdes pour 117 députés pour l’exercice 2017-2018, le pays dépense 31 millions de gourdes par député.

Chacun des 29 sénateurs en fonction coûte au pays plus de 123 millions de gourdes l’an piochées dans les 3.57 milliards de gourdes de son budget.

Tout cet argent ne tombe pas directement dans les poches de nos élus mais est dépensé pour eux car le budget du parlement paie aussi les salaires des milliers de personnes qui occupent d’autres fonctions au Parlement. Ils sont tous cependant nommés et au service exclusif des élus.

Que personne n’avance que dans le budget 2017-2018 il y a une partie qui est dévolue à la construction du nouveau siège du Parlement, à deux mois de la fin de l’exercice fiscal, il est évident que la construction n’a pas débuté. Que l’invention du chantier pharaonique était une fable.

Et pourtant, en dépit du fait que le Parlement coûte cher et qu’il soit peu productif, il faudra tout faire pour le protéger et le sauvegarder comme le suggère Pharès Jérôme dans un article dans cette édition du Nouvelliste.

Il faut sauver le Parlement. Mais cela passe par des mea culpa, des pénitences, des corrections.

Ces dernières années, nos parlementaires ont succombé aux péchés capitaux que sont la colère, l’avarice, l’envie, l’orgueil, la gourmandise, la paresse et la luxure.

Ils ont oublié de faire leur travail, de contrôler l’exécutif, de se pencher sur le sort du peuple.

Que cette crise les remette dans le droit chemin.

La démocratie haïtienne a besoin du Parlement, en dépit des turpitudes et des errements de nos parlementaires.

Extrait du Journal Le Nouvelliste Haiti, Par Frantz Duval

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