Le Nouvelliste | Publi le :28 octobre 2013
Martine Fidèle martinefidele@yahoo.fr
Jusqu’au 18 novembre, à Presse Café, une exposition de maquettes revisite l’itinéraire de l’indépendance d’Haïti. Une initiative de « Bèljwèt » et « Ayiti Bèl », deux institutions qui, à travers tout le pays, veulent imposer une certaine image de Jean-Jacques Dessalines…
Conçue pour être ambulante, l’exposition tourne autour de 25 pièces illustrées. Classées par ordre chronologique dans un cadre modeste, elles sont réalisées à partir de quelques extraits des oeuvres historiques de Jean Ledan Fils, figure de proue de cette initiative. Peintre à ses heures, auteur d’une quinzaine de livres, ce dernier, de concert avec « Ayiti Bèl » et Taïno L, tient son exposition depuis le 17 octobre dernier. Histoire d’inviter le peuple haïtien à s’inspirer du mythe fondateur de la patrie, de la vision du garant de l’unité nationale…
Patronnée par Rhum Barbancourt, cette exposition à caractère éducatif vise tout public. Elle traite des dits et non-dits de notre histoire, la grande comme la petite. On parle ainsi de madame Pageot, cette servante qui a sauvé la vie de Dessalines le 17 octobre 1803, lors de la dernière partie de la guerre de l’indépendance. Puis, de cette musique symbolisant notre victoire, rapportée par Timoléon C. Brutus ainsi que le carabinier, notre danse nationale, qui rythme encore la scène musicale en Haïti et dans la République voisine…
« Ce que je fais est zen, précise Jean Ledan Fils, de la petite histoire. » Absorbé dans les annales du pays depuis le coup d’État de 1991, dans l’idée de faire une chronologie de la période révolutionnaire (1791-1804), il choisit l’histoire anecdotique, dans une perspective éducative. A travers cette exposition, il veut spécialement approcher le milieu estudiantin, que ce soit au pays ou en dehors du terroir. Aussi tient-il à rappeler : « L’exposition, dès le départ, est conçue pour faire le tour du pays et aller au-delà des frontières. Les maquettes illustrées et réalisées à partir de quelques extraits du contenu de mes livres sont très portables et peuvent être exposées n’importe où, que ce soit dans les villes, les communes, ou même en dehors du territoire national. C’est une façon de rappeler ce grand homme qui a été un visionnaire, un créateur de société… Un grand homme qu’une certaine élite a toujours considéré comme sanguinaire. Transformer cette exposition en caravane est donc une façon de redire : Nous avons osé être libres, osons l’être par nous-mêmes et pour nous-mêmes. Imitons l’enfant qui grandit. Son propre poids brise la lisière qui lui devient inutile et l’entrave dans sa marche.
» Comme souvent en Haïti, les bras manquent pour soutenir la caravane. En attendant, l’historien continue sa marche, misant certes sur le petit bonheur que lui procure son lectorat, mais surtout sur sa contribution personnelle, sa participation à la cause haïtienne…
Martine Fidèle martinefidele@yahoo.fr