A Kiev, les Bleus auraient dĂ» Ă©viter coĂ»te que coĂ»te une dĂ©faite. Ne pas encaisser de but, ni prendre de carton rouge. En s’inclinant 2-0 face Ă l’Ukraine – un adversaire pourtant Ă leur portĂ©e – ils ont fait tout ça en mĂŞme temps, hypothĂ©quant du mĂŞme coup leurs chances d’aller au BrĂ©sil.
Mardi soir, ils joueront donc leur peau au Stade de France et n’auront pas d’autre choix que de rĂ©aliser un exploit. Dansl’histoire des barrages en Europe, jamais une Ă©quipe n’a rĂ©ussi Ă se qualifier après avoir concĂ©dĂ© une dĂ©faite 2-0 au match aller. Mais la vraie statistique qui inquiète, c’est que l’Ukraine n’a pas encaissĂ© le moindre but depuis huit rencontres.
Surtout, l’Ă©quipe de France a affichĂ© un visage inquiĂ©tant lors du match aller. ProposĂ© un football tellement prĂ©visible que par moment, elle a rĂ©ussi Ă faire passer l’Ukraine, coriace et appliquĂ©e, pour l’Ă©quipe la plus solide du monde.
A vrai dire, on se demande comment Didier Deschamps, en panne sèche d’inspiration depuis son intronisation Ă l’Ă©tĂ© 2012, pourrait trouver une solution en quelques jours. Pourtant, il faut quand mĂŞme y croire, ne serait-ce que parce qu’il reste 90 minutes Ă jouer et que cette Ă©quipe de France, quand bien mĂŞme il ne saute pas aux yeux au premier abord, a du potentiel.
1- Il y aura du changement
A Saint-Denis, les Bleus devraient évoluer en 4-3-3. La dernière fois qu’ils avaient jouĂ© dans ce système, le BrĂ©sil les avait punis (3-0). On essaye d’oublier. Vendredi, le 4-2-3-1, qui Ă©tait censĂ© ĂŞtre la bonne formule, n’avait pas du tout fonctionnĂ©. De toute façon, il n’y aura pas de bataille tactique. Les Ukrainiens vont bĂ©tonner et exploiter les contre-attaques Ă fond, les Français essayer de combler leur retard.
Après la prestation indigente Ă Kiev, Didier Deschamps avait dĂ©clarĂ© qu’il pouvait tout changer pour le match retour. Il a presque tenu parole puisque quatre titulaires dĂ©cevants Ă Kiev (Abidal, Nasri, RĂ©my, Giroud) pourraient ne pas dĂ©buter mardi soir – cinq si l’on ajoute Laurent Koscielny, suspendu.
“La Dèche” opterait ainsi pour une charnière centrale RaphaĂ«l Varane- Mamadou Sakho, pour un milieu de terrain Ă trois avec Yohan Cabaye en plus de Matuidi et Pogba et un trident offensif composĂ© cette fois-ci de Karim Benzema – bien pâlot lors lors de ses 20 minutes Ă Kiev – et de Mathieu Valbuena.
Ce dernier est le seul joueur Ă avoir disputĂ© tous les matches de l’Ă©quipe de France version Didier Deschamps. Il est aussi l’un des plus rĂ©guliers en Bleu. Remplaçant vendredi soir, son vĹ“u – pour le moment pieu en Ă©quipe de France – d’ĂŞtre reconnu Ă sa juste valeur en sĂ©lection pourrait se rĂ©aliser. Car dĂ©sormais, tout le monde compte sur lui pour Ă©clairer le jeu et mettre de la folie.
2- Franck Ribéry ne pourra pas tout faire tout seul
Il sera peut-ĂŞtre Ă©lu meilleur joueur du monde dans quelques semaines. Il le mĂ©riterait. Mais il n’a ni les caractĂ©ristiques de Cristiano Ronaldo, ni celles de Lionel Messi. Autrement dit, Franck RibĂ©ry doit s’affranchir de cette idĂ©e rĂ©cente que la lumière ne peut venir que de lui. Elle le mine et le bride. Le pousse Ă s’entĂŞter et Ă prendre tout le jeu Ă son compte, ce qu’il ne peut pas faire de son cĂ´tĂ© gauche.
Si ses statistiques prouvent qu’il n’a pas Ă©tĂ© transparent Ă Kiev – 60% de duels gagnĂ©s, 89% de passes rĂ©ussies entre autres – et que Patrice Evra ne l’a pas vraiment aidĂ© sur son cĂ´tĂ©, il n’a jamais pu se dĂ©faire du marquage très serrĂ©, parfois limite, des Ukrainiens, lesquels n’hĂ©sitaient pas Ă s’y mettre Ă trois pour l’empĂŞcher de jouer.
Ce qui confirme que l’Ă©quipe de France, quand bien mĂŞme elle compte dans ses rangs un footballeur d’exception, ne peut se permettre de s’en remettre uniquement Ă lui. Oui, pour aller au BrĂ©sil, il faudra un RibĂ©ry au top, mais surtout une performance collective. Il y a la place, Ă condition de s’appliquer.
3- L’Ukraine est sereine
Il n’y a pas de raison pour que cela ne soit pas le cas. Elle a fait son boulot Ă l’aller. Un jeu simple, de la solidaritĂ© et de l’engagement (elle est l’Ă©quipe qui a commis le plus de faute durant les Ă©liminatoires) : il n’y a mĂŞme pas eu de surprise.
L’Ă©quipe de France est dans l’obligation de mettre des buts. Mais si les Ukrainiens marquent, c’est foutu ou complètement fou : les Bleus devraient gagner 4-1.
Il faut pourtant l’envisager : les hommes de Fomenko sont de très bons contre-attaquants. L’Ukraine est coriace et compliquĂ©e Ă bouger et reste sur une sĂ©rie de six matches sans dĂ©faite Ă l’extĂ©rieur.
NĂ©anmoins, elle a largement profitĂ© de l’apathie des Bleus. Ces derniers ne devront pas trainer non plus : plus les minutes vont passer et plus le risque de les voir s’enliser dans le bloc ukrainien est important.
4- Il ne faudra pas oublier la défense
Laurent Koscielny suspendu, “La Dèche” devrait opter pour Varane et Sakho dans l’axe de la dĂ©fense, qui ont dĂ©jĂ faire la paire en GĂ©orgie et une mi-temps contre l’Australie. Pas assez d’expĂ©rience ensemble ? Peut-ĂŞtre. Mais Eric Abidal, souvent dĂ©passĂ©, n’a plus vraiment sa place. Plus globalement, aucune charnière centrale depuis des mois n’a offert des gages de sĂ©rĂ©nitĂ©.
Idem au milieu de terrain oĂą il faudra protĂ©ger les dĂ©fenseurs. Paul Pogba a Ă©tĂ© le meilleur français Ă Kiev, mais pas pour son travail dĂ©fensif, plutĂ´t pour sa capacitĂ© Ă jouer vers l’avant.
Le retour de Yohan Cabaye dans le onze titulaire devrait apporter plus d’Ă©quilibre aux Bleus. Le Magpie est un joueur intelligent, qui sait aussi donner le tempo. Quand on court après un score, c’est nĂ©cessaire, d’autant que les Français devront rester bien organisĂ©s pour espĂ©rer faire la diffĂ©rence.
5- Didier Deschamps a déjà renversé la vapeur
Une Ă©limination des Bleus serait un Ă©chec. Certes, le tirage au sort des Ă©liminatoires a mis l’Espagne sur leur route. Mais celui des barrages a rééquilibrĂ© la donne puisque l’Ukraine, quoiqu’on en dise, est un adversaire prenable.
Didier Deschamps, qui affiche le pire bilan pour un sĂ©lectionneur depuis 1975, pourrait rĂ©sister Ă une non-qualification, surtout si NoĂ«l Le GraĂ«t, le prĂ©sident de la FĂ©dĂ©ration française de football, reste en poste – il lui faudra cependant faire face Ă une large fronde.
Le champion du monde 1998 reste l’un des meilleurs techniciens français, qui bien qu’Ă court de rĂ©sultats – 7 victoires en 17 matches -, pourrait bĂ©nĂ©ficier d’une seconde chance, Ă condition de remanier en profondeur le groupe sur lequel il s’appuierait pour prĂ©parer l’Euro 2016 en France.
“La Dèche” rĂ©pète que l’exploit reste possible au Stade de France, parce qu’il n’y a rien Ă dire d’autre. Tout de mĂŞme, vendredi soir Ă Kiev, on ne l’avait pas senti convaincu. Il Ă©tait sonnĂ©.
Dans son expĂ©rience d’entraĂ®neur, Deschamps peut se reposer sur une remontĂ©e similaire, Ă l’orgueil,il y a deux ans. Mal barrĂ© en Ligue des champions, l’OM devait l’emporter sur la pelouse du Borussia Dortmund pour espĂ©rer accrocher les huitièmes de finale. Au bout de 32 minutes de jeu, les Marseillais Ă©taient menĂ©s 2-0. Ils ont fini par l’emporter 3-2, dans les ultimes minutes, grâce Ă un but exceptionnel… de Mathieu Valbuena.
A l’Ă©poque, Marseille avait jouĂ© de la manière la plus dĂ©gueulasse qui soit, mais avait rĂ©alisĂ© l’exploit. Mardi soir, personne ne se plaindra en cas de scĂ©nario identique pour l’Ă©quipe de France.
Nouvel Observateur., Â http://tempsreel.nouvelobs.com/sport/20131118.OBS5925/10-heures-coupe-du-monde-ribery-ne-pourra-rien-faire-tout-seul.html



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