Jovenel Moise ne veut pas entendre la raison

Kerlens Tilus, Editorialiste et Ecrivain.

 

Après les évènements du 6 et 7 Juillet où le peuple est descendu dans les rues, où des casseurs ont pillé et brûlé des entreprises, l’on croyait que Jovenel Moise allait se raviser pour prendre des conseils entre les mains de gens avisés qui ne demandent qu’à être écoutés. Au contraire, le président fait la sourde oreille. Il faut souligner à l’attention du grand public que Jovenel Moise n’a pas droit à aucun faux pas. Il est suivi de près par ses ennemis et ses opposants. Au moindre faux pas, l’occasion sera saisie pour semer la pagaille et déstabiliser le pouvoir en place.

Je n’ai pas foi aux élections en Haïti. Je crois que par la force de l’argent et sur la demande d’un certain secteur, Jovenel Moise a pris les rênes du pouvoir. Maintenant, Jovenel Moise dirige pour faire les délices de ceux qui l’ont installé au Palais National. Certains partisans de Jovenel Moise sont dans une situation de déni et refusent de voir la vérité en face : le président de la république ne travaille pas pour les masses ; toutes les mesures prises vont à l’encontre des intérêts des masses. Vu que nous cherchons toujours à proposer des solutions viables pour aider les dirigeants à établir l’équilibre ou à faire pencher la balance du côté du peuple qui vit une misère atroce dans des conditions exécrables, nous allons essayer de donner quelques conseils au président de la république qui agit comme un entêté et un sourd. Nous tenons à jouer notre partition comme jeune intellectuel qui a une lecture claire de la situation, de la mauvaise marche de l’administration publique et du pays en général.

A entendre Jovenel Moise, il me semble qu’il n’a rien tiré comme leçon de ce qui s’est passé le 6 et 7 Juillet. Le président est très attentif par rapport aux injonctions de la classe d’affaires, surtout des hommes d’affaires qui ont subi des pertes. Certains disent que des hommes d’affaires demandent au pouvoir en place d’étendre les privilèges de franchises douanières sur plusieurs années, d’autres avancent qu’ils veulent des prêts du trésor public pour réparer leurs pertes. Le président de la république a du mal à comprendre qu’il est suivi par toute une population et que les quelques « machann mikwo » qui font de la propagande pour lui ne peuvent pas arriver à berner toute une population. Le président Jovenel Moise doit choisir entre le peuple et l’élite économique qui mérite toute son attention. Le président de la république finira par se cogner à un mur et quand il va vouloir faire volte-face, il serait peut-être trop tard pour lui. A mon humble avis, le président préfère écouter des flatteurs qui lui disent que le peuple est calme et que le tohu-bohu qui se fait est l’affaire d’une petite minorité et qu’il n’a pas à s’inquiéter. Si le président pense ainsi c’est bien compté, mal calculé ; car il risque de suivre Jack Guy Lafontant à la porte de sortie. Que l’on veille ou non, nous sommes toujours sous l’égide de la Doctrine de Monroe, l’Amérique aux Américains. Les Etats-Unis d’Amérique est seul maitre et seigneur en Haïti. Quand la population prendra les rues pour demander le départ de Jovenel Moise, si ce dernier n’arrive pas à garantir l’ordre public, il sera bien obligé de partir. La PNH vient de montrer clairement qu’elle ne sera pas en face du peuple dans ses revendications légitimes.

La grande erreur du président Jovenel Moise est qu’il ne cherche pas à appréhender la fragilité de son mandat. Il est encloitré dans une boite, tout ce qu’il entend c’est sa propre voix, tout ce qu’il voit, c’est son reflet à travers un miroir. Nous encourageons le président à chercher à comprendre les causes sous-jacentes des dérapages du 6 et 7 Juillet, et la grogne populaire qui se fait sentir de jour en jour. Le moment est plus que favorable pour le président de la république d’entreprendre des changements en profondeur dans l’Administration publique haïtienne. Un pays pauvre comme Haïti ne peut pas supporter 18 ministères avec 22 ministres. Qu’est-ce qu’ils font ? Il y a des ministères où après le payroll, il n’y a pas d’argent pour entreprendre quoi que ce soit, alors pourquoi payer des gens qui ne font rien comme travail. Je me demande assez souvent si Jovenel Moise a des priorités nettes pour son quinquennat et s’il est conscient qu’un an et demi est déjà écoulés et qu’il marque des pas sur place. C’est le moment ou jamais pour le pouvoir en place de consulter des experts en économie et en développement afin qu’ils puissent établir un plan pour les trois ans et demi restant du quinquennat. Le pays est quasiment à genoux après la dilapidation des 3.8 milliards de dollars du fond de Petrocaribe. Il faut remettre les pendules à l’heure. Le président qui est lui-même inculpé dans une affaire de blanchiment d’argent doit faire le grand nettoyage. Si Jovenel Moise veut avoir la confiance du peuple et de la diaspora, qu’il arrête de se comporter comme un pantin, qu’il prenne les choses en mains et donne une orientation claire et nette à son administration.

Des réformes de l’Administration publique doivent être engagées. Je regarde que dans la majorité des ministères, à part l’argent du payroll rien n’est garanti. Les ministères fonctionnent comme de petites boutiques avec une pléthore de consultants alors que les fonctionnaires qui s’y trouvent devraient être en mesure de faire fonctionner l’institution. Le président de la république doit engager un travail d’épuration au niveau de la fonction publique. Haïti donne l’impression qu’il n’est pas dirigé et qu’il va à la dérive. Je souhaite que le premier ministre à venir n’aura pas à présenter un ramassis de feuilles de chou comme programme de politique générale, mais qu’il y aura une concertation entre tous les secteurs de la vie nationale pour dégager un plan directeur permettant à Jovenel Moise de relancer l’économie nationale. Il faut créer des emplois dans le pays, il faut encourager la compétition. On ne peut pas donner le monopole de tous les secteurs d’activités à un petit groupe de gens alors que plein d’autres sont décidés à investir s’ils ont la confiance que leurs investissements seront sécurisés. Je ne suis pas là pour faire la promotion pour des professionnels, mais je sais que le président sait qui contacter et qui vont le permettre d’avoir des résultats probants.

Très jeune, j’ai eu la chance de faire des recherches sur les dix glorieuses (années 1946-1956) qui ont débuté avec Dumarsais Estime. Le président Estime avait choisi de mettre de l’ordre dans les finances publiques et d’encourager le tourisme. Le pays a besoin d’un Estime capable de comprendre que « se grès kochon an ki dwe kwit kochon an ». Jovenel Moise doit coûte que coûte encourager le procès du Petrocaribe s’il veut trouver l’admiration et la confiance du peuple. Quand la corruption gangrène la société, personne ne va investir son argent dûment gagné en quoi que ce soit, à moins que cette personne ait des intentions cachées ou ait des garanties d’un système mafieux qu’il aura un fort retour sur son investissement. Haïti peut redevenir la perle des Antilles comme dans les années 40 et 50 si vraiment le pouvoir en place se penche sur l’industrie du tourisme. Il ne s’agit pas de faire de la propagande comme cela se passait sous le régime de Martelly, mais c’est de trouver des experts capables de monter un plan de tourisme national. Il suffit de nettoyer le pays et les acteurs dans le système joueront leur partition. Nous n’avons pas besoin de grands moyens pour relancer le tourisme national. Avec la stabilité, des investisseurs viendront construire des ressorts et des hôtels sur le littoral, et des gens un peu partout à travers le monde viendraient voir ce pays de contraste qu’est Haïti.

A mon humble avis, Jovenel Moise devrait établir des priorités : l’eau, l’électricité, le traitement des déchets, la réfection des grands axes routiers nationaux, la sécurité, la stabilité politique. Si le président arrive à se pencher sur ces six points, il sera fin prêt pour ouvrir le pays au tourisme. Je refuse de croire qu’on peut boycotter un président qui travaille pour son peuple avec transparence. Les hommes de gauche parlent tout le temps de mains cachées qui empêchent de faire avancer les choses, mais dans la réalité des choses, ils n’offrent rien de probant pour faire face à ces monstres qui ne jurent que par le chaos. Je vis la culture d’exécution aux Etats-Unis d’Amérique. Je comprends que l’on doit être responsable et que l’on doit rendre compte de ses actions. Toute volonté d’imposer un gouvernement composé de flatteurs qui va continuer à gérer les affaires courantes sans aucune feuille de route sérieuses se soldera par un échec et crois-le ou non, la majorité nationale finira par prendre les rues pour provoquer un « lobèy » un bon matin. Haïti est un pays qui a des richesses cachées. Les Haïtiens n’ont pas besoin de réinventer la roue. Nous avons une histoire qui est riche. Le monde veut découvrir ce pays qui a fait trembler les puissances esclavagistes des 18ème et 19ème siècles. Il revient aux Haïtiens les plus capables, les plus informés de porter les autres à agir avec raison et pour le bien du pays.

Nous savons que les arabes et les mulâtres sont les mèt peyi. Ils font ce qu’ils veulent dans le pays sans la peur d’être inquiétés. Jovenel Moise peut choisir de rester à la solde de ces deux groupes au détriment du peuple et périr avec eux ; il peut choisir d’étendre son bras au peuple pour le relever de la boue et de la misère et réussir avec lui. Plus haut, je parlais de priorités, mais j’ai omis de faire mention de l’éducation. Ce n’est pas possible que l’Université d’Etat d’Haïti soit réduite à une peau de chagrin. Il est dit qu’il y a des forces antinationales qui s’élèvent contre la formation des jeunes. Mais, nous, nous voulons croire que nous sommes plus nombreux, plus déterminés et rien ne peut nous arrêter. Le moment est venu pour prendre en mains l’éducation en Haïti qu’elle soit primaire, secondaire, professionnelle et universitaire. Choisir de maltraiter le secteur de l’éducation en Haïti c’est choisir le suicide collectif. Nous ne pouvons pas continuer à nous tirer dans les pieds. Certains vont me lire et nombre ne seront pas en mesure de comprendre parce qu’il est anormal pour un jeune haïtien de rêver beau, bien et bon pour le pays. C’est un devoir de participer au débat national sur le devenir du pays même quand nous ne sommes pas officiellement invités. Haïti appartient à nous tous, nous avons notre mot à placer. Je sais que l’intégrité et l’honnêteté cessent d’être des vertus pour les dirigeants haïtiens. Mais, je reste à croire qu’il y a encore des hommes et des femmes qui peuvent mener à bon port la barque de ce pays. Le pays n’appartient pas aux arabes et aux mulâtres. Jovenel Moise peut choisir de se comporter en larbin ou en grand commandeur, mais un fait est certain le peuple s’attend à ce que le pays soit dirigé. Nous sommes fatigués avec le théâtre des singes. Il est temps de passer aux choses sérieuses.

Le président Jovenel Moise doit savoir qu’il est sur une chaise éjectable. Il a commis de sérieux impairs durant ces dix-sept premiers mois. S’il montre à plus d’un qu’il ne peut pas diriger, il sera remercié par le peuple, et ce peuple ne parle que le langage de la violence et du déchouquage. Voilà pourquoi le peuple délègue le pouvoir à des hommes dit capables et de bon sens pour prendre des décisions à sa place. Jovenel Moise est bel et bien présent sur les réseaux sociaux, il doit ouvrir grand ses yeux pour lire les multiples propositions énoncées par des jeunes qui n’ont que leur plume et leurs méninges comme armes de combat. Je ne flatterai aucun dirigeant politique. En tant que futurologue, je sais qu’il est de mon devoir de produire des réflexions pour la postérité. Jovenel Moise doit cesser de river son regard que sur les arabes et les mulâtres qui prennent en otage l’économie nationale qui est asphyxiée. Jovenel Moise doit approcher la diaspora haïtienne qui est le futur d’Haïti. La diaspora comme les forces en présence en Haïti n’est pas homogène, mais tous les éléments de la diaspora rêvent du bien-être de leur pays et veulent contribuer à cet état de fait. Si Jovenel Moise envoie un signal clair qu’il veut déraciner la corruption et prend des dispositions pour que le procès Petrocaribe devient une réalité, la diaspora marchera à ses côtés comme une force incontournable. Beaucoup de choses ont été dites dans ces pages, mais je termine pour dire ceci : un nouveau premier ministre ne va pas faire des miracles puisqu’il n’a pas une baguette magique. C’est le président qui doit avoir une vision claire et cette vision peut être le consensus entre les forces vives de la nation. Que Jovenel Moise assume ses responsabilités comme chef d’Etat et qu’il met en première loge les intérêts suprêmes de la nation haïtienne et non ceux des arabes et des mulâtres qui mènent la danse en Haïti.

N.B. Je vais garder le silence pour méditer jusqu’à la désignation d’un premier ministre et par ce choix, je verrai si Jovenel Moise se décide réellement à travailler pour le peuple haïtien et boucler son quinquennat.

Kerlens Tilus 07/18/2018\.,.,  Futurologue/ Templier de Dieu/ Ecrivain, Extrait du Journal Haitien  “Radio Caraibes Haiti”.

[email protected].,.,  https://rtvc.radiotelevisioncaraibes.com/opinions/jovenel-moise-ne-veut-pas-entendre-la-raison.html

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