« Jovenel Moïse s’est autodétruit, il creuse sa propre tombe », constate l’historien Michel Soukar

« Ce à quoi nous assistons, c’est la dégringolade accélérée d’une présidence à un point tel que je ne me sens pas représenté. J’ai un président qui ne peut pas me parler, parce qu’il sait que lorsqu’il va me parler, je me dirai qu’il s’agit d’un mensonge de plus…», soutient l’historien Michel Soukar qui était invité à la rubrique « Le point », le jeudi 20 septembre sur Télé Métropole. Pour le professeur, Jovenel Moïse s’est autodétruit. Il n’a plus rien en main.

« Le pays est ingouvernable. Le pays traverse une crise historique. Nous sommes dans un pays où l’économie s’effondre, la société est disloquée, la classe politique est incapable de proposer une alternative, et un peuple désespéré qui ne se reconnait dans aucun leadership actuel» Telle est la manière dont l’historien Michel Soukar nous dépeint le tableau de la réalité. « Aucun gouvernement n’a jamais  plongé aussi bas, de toute ma vie et de tout ce que je sais de l’histoire du pays. Durant mon existence, de Duvalier à nos jours, je n’ai jamais vu de gouvernement aussi faible, aussi dénué de capacité. Le système, il est mort. Il est mis à terre », affirme l’historien.

Bientôt trois ans au pouvoir, Jovenel Moïse semble trouver le mérite d’être celui qui a mis K.-O. le système, de l’avis de l’historien Michel Soukar qui répondait aux questions du journaliste Luckner Garaud à l’émission « Le point » sur tadio télé Métropole. Pour le professeur, s’il y a un service que le président a rendu au pays, c’est qu’il a détruit le système. Qu’il s’agisse du législatif, du judiciaire ou de l’exécutif, aucune institution ne peut donner des résultats corrects en ce moment dans le pays.

S’agissant de l’exécutif, Michel Soukar, s’interrogeant sur le comportement du président face à la réalité, va droit au but. « C’est un président qui se cache et ne peut s’adresser à son peuple. Un président qui ne peut pas s’imposer, en mettant de l’ordre dans la rue,  qui n’est pas écouté et  qui n’a aucun contrôle du territoire », martèle le professeur, allant jusqu’à considérer qu’« il n’y a plus de président, plus de pouvoir, plus rien, plus d’exécutif ».

Pour l’historien, l’homme que Jovenel Moïse  était dans sa campagne électorale n’est plus dès qu’il est arrivé au pouvoir. « Il s’est comporté comme tous les  autres présidents qui étaient détestables ». Michel Soukar revient sur la visite du président dans le Sud qui, après le passage du cyclone Matthew, avait annoncé la tenue des festivités carnavalesques aux Cayes en balançant sa fameuse phrase : «  Le président a parlé, point barre. » Ce qui irrite, d’après le professeur.

Autre attitude qui n’échappe pas à l’historien, c’est le fait que le président, de passage en République dominicaine, ait rencontré l’ex-président Henry Namphy (qu’il qualifie de « massacreur de Jean Rabel et de la ruelle Vaillant »).  Il reproche également au président de travailler avec des anciens du régime de Joseph Michel Martelly accusés de détournements.  « En un mot, il a donné des signaux tout à fait contraires à ce qu’il avait comme discours », selon le professeur Soukar.

À la question de savoir s’il doit quitter le pouvoir pour avoir un gouvernement de transition, comme l’exigent des acteurs de l’opposition, Michel Soukar déclare : «Je ne vois toujours ce qu’il fait. » Il croit que Jovenel Moïse est un échec. Il pense qu’il est temps que le chef d’État puisse s’asseoir avec quelqu’un, un ami, dont il est sûr de la sincérité et de la lucidité, pour lui dire ce qu’on doit lui dire.

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Wolgenson Noel Source Le Nouvelliste

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