La gestion des fonds PetroCaribe fait le buzz

Coopération/Developpement
La gestion des fonds PetroCaribe fait le buzz

 

Le Nouvelliste | Publié le : 05 d�cembre 2013

Michaël Lecorps, DG du BMPAD
×
Lecorps2
1 / 1
Décidément, la gestion des fonds PetroCaribe fait le buzz. Après la déclaration de l’envoyée spéciale de la Banque mondiale en Haïti, Mary Barton-Dock, appelant le gouvernement haïtien à l’utilisation plus sage des financements de cet accord, c’est maintenant le tour de Michaël Lecorps de monter au créneau. Le directeur du Bureau de gestion des Programmes d’aide au développement (BMPAD) chargé de gérer les fonds de l’accord PetroCaribe pour Haïti, déclare sans ambages que l’audit réalisé par un département de PDVSA lui a accordé un « No finding.» Traduisez : rien à signaler dans la gestion des fonds du BMPAD.
Mais les déclarations du directeur général du BMPAD laissaient transparaître de la contradiction. En début de conférence M. Lecorps a, d’une part, déclaré haut et fort que les firmes pour auditer ses livres sont recrutées uniquement par appel d’offres. D’autre part, il a confié que l’audit est réalisé par un département de la compagnie vénézuélienne PDVSA. Apparemment tendu durant son intervention, le DG du BMPAD s’est résolu à prendre la parole après un faux bond du ministre de l’Economie et des Finances, Wilson Laleau. Annoncée depuis la veille, aucune explication de l’absence du ministre Laleau signalée à la dernière minute n’a été fournie. Tout en évitant de parler de conflit avec la Banque mondiale, M. Lecorps explique que dans le contrat établi avec PetroCaribe, Haïti a un délai de 90 jours pour payer 40% de la facture pétrolière.« Mais nous payons en 30 jours. Le pays a la réputation d’être le meilleur payeur de tous les pays membres de l’accord PetroCaribe. Pourtant, la raison est simple. Du 31e au 90e jour 2 % du montant total de la facture sera ajouté », a nuancé le directeur général du BMPAD, qui précise, par ailleurs, qu’aucune banque haïtienne ne peut garantir un taux de 2% par mois ou plus sur les fonds déposés, l’Etat préfère honorer la dette en 30 jours.
Les questions des journalistes fusent de toutes parts. Seul derrière le pupitre, Michaël Lecorps fournit des explications : « La gestion des comptes (à la BRH et à la BNC) est confiée au BMPAD. Mais toute une procédure est à suivre pour les décaissements de fonds.» Il rappelle, à qui veut l’entendre, la composition du conseil d’administration du BMPAD formé de sept membres : six ministres (Finances, Planification, Commerce, Affaires étrangères, Travaux publics, Agriculture) et le gouverneur de la Banque centrale. En dehors des périodes d’urgence, dit-il, les projets sont analysés par le Conseil national de passation des marchés publics (CNMP), et la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif (CSC/CA).
« Les compagnies locales de distribution des produits pétroliers sont approvisionnées moyennant le paiement de leur facture en 30 jours. Elles doivent fournir la totalité du montant. 60% est versé dans un compte PetroCaribe. Ce dernier permet de financer des projets dits de développement approuvés par des résolutions prises en Conseil des ministres. Jusqu’ici, sept résolutions ont déjà été prises », a précisé le DG du BMPAD devant un parterre de journalistes, ce jeudi, à la Primature. « Depuis décembre 2012, les compagnies pétrolières paient 40% de leur facture en dollars et 60% en gourdes. Cette décision a été prise par l’administration Martelly / Lamothe afin d’éviter des pressions sur le taux de change entre les deux monnaies », a confié le DG Michael Lecorps. Interrogé sur le processus de décaissement des fonds, Michaël Lecorps a précisé que son institution ne reçoit de requêtes que du ministère de l’Economie et des Finances qui occupe la présidence du conseil d’administration du BMPAD. Au 30 novembre 2013, 189 projets dans divers secteurs sont budgétisés dans les fonds PetroCaribe à hauteur d’un milliard 316 millions 803 000 731 dollars américains. Au 27 février 2013 environ 845,158,227.55 ont été décaissés sur le 1,3 milliard. A cette date plus de 64% des fonds ont déjà été transférés.
Dieudonné Joachim
djoachim@lenouvelliste.com