Martelly dialogue, l’opposition dans la rue

Elections

Martelly dialogue, l’opposition dans la rue
Le Nouvelliste | Publi le :16 septembre 2013
 Robenson Geffrard rgeffrard@lenouvelliste.com
Le président de la République poursuit sa campagne de charme auprès des leaders politiques. Objectif : on ne sait pas. Parallèlement, les partis politiques réunis au sein du MOPOD ne chôment pas.
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Encore une fois, ils ont gagné les rues de la deuxième ville du pays, le week-end écoulé, toujours avec les mêmes revendications : la réalisation des élections avant la fin de l’année ou la démission du chef de l’Etat. Le mouvement  patriotique de l’opposition démocratique (MOPOD) maintient sa position. Après son sit-in de la semaine dernière dispersé à coup de gaz lacrymogènes par la police nationale, le MOPOD a encore gagné les rues ce week-end au Cap-Haïtien. Parallèlement, Michel Martelly continue de visiter les leaders politiques même ceux de l’opposition qui réclament son départ.
Evans Paul de KID, Serge Gilles de la Fusion des sociaux-démocrates, les dirigeants de l’OPL, Me Osner Fevry, entre autres, ont déjà reçu la visite du président de la République. Pour Mirlande Manigat, secrétaire générale du RDNP, Martelly cherche à diviser l’opposition politique en les rencontrant séparément. Selon l’ancienne candidate à la présidence,  celle-ci n’a pas encore été approchée par le locataire du palais national. Mais, a-t-elle souligné, elle ne répondrait pas seule à une invitation…
Mirlande Manigat a souligné qu’elle fait partie d’un groupe politique, le MOPOD, et qu’une éventuelle  demande de rencontre du chef de l’Etat devrait être adressée  au directoire du Mouvement afin que tous les membres puissent y prendre part. Il faut souligner que la KID que dirige Evans Paul fait partie du MOPOD et a déjà rencontré le chef de l’Etat. « C’était une rencontre improvisée », s’était justifié l’ancien maire de la capitale…
« Le président n’a pas encore sollicité une rencontre de la part du MOPOD, a indiqué de son côté l’agronome Jean-André Victor, le dirigeant du Mouvement. Nous sommes ouverts au dialogue à tous les secteurs. Mais si le pouvoir veut nous rencontrer, notre position est très claire. Le président doit d’abord formuler la demande et ensuite on lui répondra. La demande sera discutée au MOPOD avant la prise d’une décision. »
Contrairement au sit-in de la semaine dernière dispersé par la police, Jean-André Victor s’est réjoui du fait que la manifestation tenue au Cap-Haïtien se soit déroulée sans accroc. « C’est un pas en plus vers notre objectif qui est la réalisation des élections en 2013 ou la démission… », a-t-il dit. Cependant, le leader politique a souligné qu’il cherche à éviter des troubles au pays. Il a dit souhaiter arriver à une solution négociée au niveau national, « de manière à montrer qu’après 200 ans, nous pouvons prendre en main le destin du pays ».
S’il y a une chose dont le président du Consortium national des partis politiques haïtiens proches du pouvoir « Tèt kale » est sûr, c’est qu’il n’y aura pas d’élections avant la fin de l’année. Jeantel Joseph a souligné que le président Martelly a déjà rencontré le 30 août dernier au palais national l’ensemble des membres du Consortium.  Comme le chef de l’Etat, il croit que c’est sous l’égide de la loi électorale de 2008 que les prochaines élections doivent se tenir.
Le leader politique salue l’initiative du chef de l’Etat de rencontrer les responsables de partis politiques. « C’est un acte de sagesse que nous applaudissons et que nous encourageons, a lancé Jeantel Joseph. Interrogé sur les récentes déclarations du président Martelly disant qu’il fera tout ce qu’il veut pendant les deux ans et demi qui lui reste à passer au pouvoir, le responsable de l’UCCADE ne voit en Michel Martelly  que « l’artiste qui ne peut pas changer ses comportements du jour au lendemain… »
« C’est une déclaration que le président avait faite en riant », a-t-il dit comme pour minimiser ses propos. « Ce qui est important, c’est qu’il est allé vers les partis politiques pour dialoguer. Prenons-le au mot afin de sortir de la crise », a ajouté Jeantel Joseph.
Le Nouvelliste a tenté en vain, lundi, d’entrer en contact avec le porte-parole de la présidence, Lucien Jura, pour avoir des précisions sur les leaders politiques que le président compte rencontrer ainsi que sur l’objectif de ces rencontres.
Le président Martelly a écrit la semaine dernière à l’Organisation des Etats américains (OEA) lui demandant d’étudier la faisabilité des élections dans le pays. Une décision vivement critiquée par l’opposition politique. Alors que le gouvernement ne reconnaît pas le vote du projet de loi électorale à la Chambre des députés, le Sénat, qui a déjà reçu le texte, a mis sur pied une commission pour analyser le document avant de le soumettre à l’assemblée.
Robenson Geffrard rgeffrard@lenouvelliste.com