Mouvements de protestation
Le Nouvelliste | Publié le : 05 d�cembre 2013
Les manifestations en série ne veulent pas dire que le pays est en crise, selon le président de la République. Pour Michel Martelly, c’est de la démocratie. « On parle d’un pays de 11 millions d’habitants et de 2 000 ou 3 000 personnes qui manifestent », a-t-il dit au quotidien La Croix. Une fois de plus, l’opposition va encore gagner les rues ce vendredi.
S’il est vrai que le contexte politique a un peu évolué avec notamment la situation qui se développe entre Haïti et la République dominicaine, la loi électorale qui est votée et acheminée à l’exécutif pour publication, il est tout aussi vrai qu’une partie de l’opposition politique est déterminée à voir Michel Martelly quitter la tête du pouvoir. Pour preuve, les organisations populaires qui se réclament de la mouvance Lavalas et le MOPOD maintiennent la mobilisation sur le terrain à Port-au-Prince et dans certaines villes de province. Ce vendredi encore ils seront dans les rues de la capitale et à Pétion-Ville.
Pour le chef de l’Etat, ils ne sont que 2 000 ou 3 000 personnes qui manifestent sur une population de 11 millions d’habitants. Dans une interview accordée cette semaine au quotidien français La Croix, Michel Martelly a indiqué que ces manifestations ne veulent pas pour autant qu’il y a une crise au pays. « Elles font partie de la démocratie, a-t-il dit. On va prendre en compte leurs revendications, mais ça ne met pas en péril le gouvernement, qui est progressiste, qui croit en la démocratie.
Nous mettons en place des institutions qui n’existaient pas, comme le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire – qui confère au pouvoir judiciaire son indépendance. C’est nous qui renforçons la démocratie. » Le locataire du palais national a estimé que le changement qu’il prône conduit automatiquement à deux camps. « Quand on dit changement, on dit deux camps, a-t-il dit. Ceux qui ne veulent pas l’indépendance du pouvoir judiciaire sont en face. S’il y a crise, c’est qu’on va de l’avant, c’est qu’il y a démocratie. La police accompagne les manifestations, pour qu’elles puissent partir de leur point de départ et arriver à leur terme. Et c’est ça l’essentiel. Car ça nous permet d’identifier nos faiblesses et d’être à l’écoute des revendications. » Les manifestants reprochent toujours à la police de disperser à coups de gaz lacrymogène et des tirs d’armes automatiques les manifestations à chaque fois qu’ils tentent de passer devant le palais national. Pour le chef de l’Etat, la priorité de son administration pour le moment, « c’est d’abord l’éducation. En Haïti, l’école privée est la règle. Arrivé au pouvoir, nous avons réalisé que 87 % des écoles étaient privées, dans un pays où les gens n’ont pas d’argent. Nous avons mis sur pied un programme d’éducation gratuite et obligatoire. Aujourd’hui, 1,3 million d’enfants vont à l’école aux frais de l’État. » Par ailleurs, le porte-parole de la présidence a confirmé, jeudi sur Radio Magik 9, que le chef de l’Etat a bien reçu la loi électorale. Cependant, Lucien Jura n’était pas en mesure de dire si Michel Martelly allait la promulguer et la publier dans les jours qui viennent. Il a simplement rappelé que le président a huit jours francs pour faire objection au document s’il le souhaite.