FAD’H
Martelly reconstitue l’armée en catimini
Le Nouvelliste | Publi le :05 septembre 2013
Robenson Geffrard, rgeffrard@lenouvelliste.com
Le président de la République au milieu des 41 nouveaux officiers-ingénieurs et soldats-techniciens haïtiens
Une promesse de campagne qui commence à prendre corps. Après 10 mois de formation aux écoles Eloy Alfaro et los Vencedores del CENEPA de l’Equateur, 41 nouveaux officiers-ingénieurs et soldats-techniciens haïtiens sont de retour au pays. Ils seront cantonnés à la Petite-Rivière de l’Artibonite. C’est le président de la République qui en a fait l’annonce lui-même. Inquiétude, doute, questionnement…s’en suivent.
C’est au palais national que le président de la République a présenté, mercredi, ces 41 jeunes nouveaux militaires haïtiens au pays. « En vous accueillant aujourd’hui comme officiers-ingénieurs et soldats-techniciens, il me vient le sentiment exaltant de ressusciter le Corps du génie militaire haïtien, de poser la première pierre d’un panthéon où la jeunesse haïtienne viendra périodiquement se ressourcer et puiser des leçons de discipline et de dévouement, le culte du civisme et du sacrifice au service de la patrie immortelle », a déclaré le président Martelly en la circonstance.
Selon un communiqué de la présidence, ces jeunes sont le fruit de la promesse électorale du président de la République de remobiliser les Forces armées d’Haïti sous forme d’une force de défense nationale. « Celle-ci sera principalement affectée à la surveillance de nos frontières, à la lutte contre la contrebande et les trafics illicites, à la vigilance environnementale, à la protection civile, etc. »
« Ces 41 jeunes officiers-ingénieurs et soldats-techniciens vont suivre un stage pratique à la Petite-Rivière de l’Artibonite jusqu’au mois de décembre, sous la direction du contingent équatorien, appelé à quitter le pays définitivement. Après quoi, ils auront à prendre charge à leur tour », conclut le communiqué.
Interrogé sur la question, le sénateur de l’Artibonite, le département où vont être cantonnés ces nouveaux militaires haïtiens, a ri à gorge déployée. « Vous venez de m’en informer, a indiqué François Anick Joseph. Je ne peux pas réagir sur ce dossier maintenant, parce que je viens tout juste de l’apprendre de vous », a-t-il dit toujours en riant comme pour ironiser.
Pour le président de la commission Justice et Sécurité de la Chambre des députés, le président Martelly ne fait qu’appliquer les prescrits de la Constitution qui reconnaît l’existence de deux forces armées sur le territoire national. Cependant, a souligné le député Emmanuel Fritz Gérald Bourjolly, le chef de l’Etat aurait dû en parler au Parlement avant. « On vient de voter le budget national à la Chambre basse, il n’y a même pas de prévision pour ce corps », a-t-il fait remarquer.
Le parlementaire, interrogé par Le Nouvelliste, a surtout insisté sur le fait que le chef de l’Etat aurait dû les mettre au courant d’abord. « On ne sait pas dans quelles conditions ils seront sur le terrain ni comment leur recrutement a été fait. Dans les jours à venir, le gouvernement aura à répondre aux questions des parlementaires sur le dossier », a annoncé le député Bourjolly.
L’ex-sergent des anciennes Forces armées d’Haïti (FAD’H), Yves Jeudy, a estimé que le président Martelly a fait le bon choix en voulant remobiliser l’armée. Cependant, il croit qu’on devrait également faire appel aux anciens militaires. « C’est vrai que bon nombre d’entre nous sont avancés en âge, mais je pense qu’on peut toujours servir à quelque chose dans la nouvelle force armée », a-t-il dit au journal.
Le directeur exécutif du Réseau national de défense des droits humains (RNDDH) se dit très inquiet par la présence de ces 41 personnes qui ont été formées en Equateur « en catimini » et qui sont de retour au pays. « Nous ne savons rien sur le passé de ces gens, rien sur les conditions de leur recrutement, rien sur leur mission, la société n’a aucune explication à ce sujet. Le Parlement, qui a droit de contrôle sur les autres pouvoirs, n’est pas au courant », a énuméré Pierre Espérance.
Le défenseur des droits de l’homme a reconnu qu’au sein de la population des gens auraient aimé voir le retour de l’armée. Mais, a-t-il dit, cela doit se faire selon les normes et le président de la République ne peut pas prendre une décision unilatérale. M. Espérance revient sur ce qu’il appelle des prisonniers politiques déjà enregistrés sous le pouvoir « Tèt kale » et souligne que ce « groupe paramilitaire » augmente encore plus ses inquiétudes sur la volonté du gouvernement de persécuter ses opposants politiques.
Il estime que la population devrait se révolter contre cet état de fait. Il a rappelé encore une fois que le chef de l’Etat a parmi ses agents de sécurité des civils armés qui ne font partie d’aucune unité de la Police nationale d’Haïti (PNH).
Plusieurs voix se sont élevées au sein de l’opposition pour dénoncer cette décision du chef de l’Etat. Elles disent craindre le retour des actes de répression des années de dictature. Plus d’un s’interroge sur la mission de ces nouveaux militaires et sur celui qui les commandera et à quelle fin. Puisqu’il n’y a aucune prévision budgétaire peur eux, qui les payera, les nourrira, les logera?…Ils seront au service de qui ?
Le Nouvelliste a tenté en vain de joindre le ministre de la Défense, Jean Rodolphe Joazile, pour avoir ses réactions.
C’est au palais national que le président de la République a présenté, mercredi, ces 41 jeunes nouveaux militaires haïtiens au pays. « En vous accueillant aujourd’hui comme officiers-ingénieurs et soldats-techniciens, il me vient le sentiment exaltant de ressusciter le Corps du génie militaire haïtien, de poser la première pierre d’un panthéon où la jeunesse haïtienne viendra périodiquement se ressourcer et puiser des leçons de discipline et de dévouement, le culte du civisme et du sacrifice au service de la patrie immortelle », a déclaré le président Martelly en la circonstance.
Selon un communiqué de la présidence, ces jeunes sont le fruit de la promesse électorale du président de la République de remobiliser les Forces armées d’Haïti sous forme d’une force de défense nationale. « Celle-ci sera principalement affectée à la surveillance de nos frontières, à la lutte contre la contrebande et les trafics illicites, à la vigilance environnementale, à la protection civile, etc. »
« Ces 41 jeunes officiers-ingénieurs et soldats-techniciens vont suivre un stage pratique à la Petite-Rivière de l’Artibonite jusqu’au mois de décembre, sous la direction du contingent équatorien, appelé à quitter le pays définitivement. Après quoi, ils auront à prendre charge à leur tour », conclut le communiqué.
Interrogé sur la question, le sénateur de l’Artibonite, le département où vont être cantonnés ces nouveaux militaires haïtiens, a ri à gorge déployée. « Vous venez de m’en informer, a indiqué François Anick Joseph. Je ne peux pas réagir sur ce dossier maintenant, parce que je viens tout juste de l’apprendre de vous », a-t-il dit toujours en riant comme pour ironiser.
Pour le président de la commission Justice et Sécurité de la Chambre des députés, le président Martelly ne fait qu’appliquer les prescrits de la Constitution qui reconnaît l’existence de deux forces armées sur le territoire national. Cependant, a souligné le député Emmanuel Fritz Gérald Bourjolly, le chef de l’Etat aurait dû en parler au Parlement avant. « On vient de voter le budget national à la Chambre basse, il n’y a même pas de prévision pour ce corps », a-t-il fait remarquer.
Le parlementaire, interrogé par Le Nouvelliste, a surtout insisté sur le fait que le chef de l’Etat aurait dû les mettre au courant d’abord. « On ne sait pas dans quelles conditions ils seront sur le terrain ni comment leur recrutement a été fait. Dans les jours à venir, le gouvernement aura à répondre aux questions des parlementaires sur le dossier », a annoncé le député Bourjolly.
L’ex-sergent des anciennes Forces armées d’Haïti (FAD’H), Yves Jeudy, a estimé que le président Martelly a fait le bon choix en voulant remobiliser l’armée. Cependant, il croit qu’on devrait également faire appel aux anciens militaires. « C’est vrai que bon nombre d’entre nous sont avancés en âge, mais je pense qu’on peut toujours servir à quelque chose dans la nouvelle force armée », a-t-il dit au journal.
Le directeur exécutif du Réseau national de défense des droits humains (RNDDH) se dit très inquiet par la présence de ces 41 personnes qui ont été formées en Equateur « en catimini » et qui sont de retour au pays. « Nous ne savons rien sur le passé de ces gens, rien sur les conditions de leur recrutement, rien sur leur mission, la société n’a aucune explication à ce sujet. Le Parlement, qui a droit de contrôle sur les autres pouvoirs, n’est pas au courant », a énuméré Pierre Espérance.
Le défenseur des droits de l’homme a reconnu qu’au sein de la population des gens auraient aimé voir le retour de l’armée. Mais, a-t-il dit, cela doit se faire selon les normes et le président de la République ne peut pas prendre une décision unilatérale. M. Espérance revient sur ce qu’il appelle des prisonniers politiques déjà enregistrés sous le pouvoir « Tèt kale » et souligne que ce « groupe paramilitaire » augmente encore plus ses inquiétudes sur la volonté du gouvernement de persécuter ses opposants politiques.
Il estime que la population devrait se révolter contre cet état de fait. Il a rappelé encore une fois que le chef de l’Etat a parmi ses agents de sécurité des civils armés qui ne font partie d’aucune unité de la Police nationale d’Haïti (PNH).
Plusieurs voix se sont élevées au sein de l’opposition pour dénoncer cette décision du chef de l’Etat. Elles disent craindre le retour des actes de répression des années de dictature. Plus d’un s’interroge sur la mission de ces nouveaux militaires et sur celui qui les commandera et à quelle fin. Puisqu’il n’y a aucune prévision budgétaire peur eux, qui les payera, les nourrira, les logera?…Ils seront au service de qui ?
Le Nouvelliste a tenté en vain de joindre le ministre de la Défense, Jean Rodolphe Joazile, pour avoir ses réactions.
Robenson Geffrard, rgeffrard@lenouvelliste.com