Mgr Langlois Cardinal, la divine surprise.

 

Papeeeee

Un Haïtien élevé au rang de cardinal, c’est la plus belle surprise du 12 janvier 2014. La nouvelle est venue de Rome et a pris tout le monde par surprise, dimanche matin.

Pour monseigneur Chibly Langlois, le principal intéressé, son élévation au rang de cardinal a été « une grande surprise ». « J’ai accueilli la nouvelle avec beaucoup d’émotion et de foi en Dieu qui m’a confié ce service. L’ayant reçue par message texte, j’ai dû me référer à la source pour confirmation», a-t-il expliqué sur les ondes de Magik 9 lundi matin.

Interrogé pour connaître ses ambitions, lui qui risque un jour de devenir un papabile, le cardinal Langlois a répondu en toute humilité : « Je n’ai pas la prétention de devenir pape, comme je n’avais aucune prétention de devenir cardinal. Je suis surtout attaché à mon service au sein de l’Eglise. Ce n’est pas le titre précisément qui m’intéresse, mais le service.

» Pour le moment, le premier cardinal issu d’Haïti ne sait pas encore s’il va siéger à Port-au-Prince ou au Vatican. « Il y a certains détails que je ne suis pas en mesure de donner pour l’instant. Je devrais d’abord me réunir avec les personnes concernées. Il y a certains cardinaux, responsables de certaines commissions, qui sont obligés de s’installer à Rome. D’autres restent dans leur pays pour continuer à s’occuper de leurs diocèses avec pour obligation de faire de temps à autre des voyages à Rome pour prendre part à des activités quand c’est nécessaire.

>> Déjà une affaire d’Etat

Le président Michel Martelly s’est entretenu, ce lundi 13 janvier 2014, avec le pape François autour de l’élévation à la dignité cardinalice de monseigneur Chibly Langlois, évêque des Cayes, a annoncé la présidence haïtienne. Selon la note officielle, « au cours de cette cordiale conversation téléphonique, le chef de l’Etat a adressé ses plus vifs remerciements au pape François pour s’être montré à l’écoute des attentes et aspirations légitimes du peuple et de l’Eglise d‘Haïti. » « Au nom du peuple haïtien en général et des chrétiens catholiques en particulier, le chef de l’Etat transmet, par la même occasion, ses compliments à Son Eminence Chibly Longlois, originaire de La Vallée de Jacmel, qui devient le premier cardinal haïtien de l’histoire de l’Eglise catholique, et lui souhaite beaucoup de succès dans le cadre de cette nouvelle étape dans sa vie ecclésiale», a conclu le communiqué du palais national.

La présidence n’a pas précisé si le président Michel Martelly s’est entretenu avec Mgr Langlois, évêque des Cayes et président de la Conférence épiscopale d’Haïti. Pour le ministère des Affaires étrangères et des Cultes, « l’accession à la curie romaine d’un ecclésiastique haïtien est une excellente nouvelle pour le clergé catholique haïtien, pour la communauté catholique haïtienne, mais aussi et surtout pour la nation haïtienne dans son ensemble ».

Selon la note du ministère, la possibilité pour le Vatican de créer un cardinal venu d’Haïti « avait été à l’ordre du jour de l’entretien que le président Martelly a eu avec le souverain pontife Benoît XIV (NDLR), au Vatican, le 22 novembre 2012. » Le ministère des Affaires étrangères et des Cultes a profité de sa note « pour féliciter vivement monseigneur Langlois pour cette grande marque de distinction et cette ascension sublimatoire tout en lui formulant ses vœux sincères de réussite dans ses nouvelles fonctions empreintes de lourdes responsabilités.

» Une grande première L’Église catholique a donc désormais un cardinal à sa tête en Haïti. Monseigneur Chibly Langlois, 55 ans, évêque des Cayes, président de la Conférence épiscopale d’Haïti, est nommé premier cardinal haïtien par le pape François. Mgr Chibly Langlois est né le 29 novembre 1958 à La Vallée de Jacmel dans le Sud-Est d’Haïti. En 1985, il entre au Grand Séminaire Notre-Dame de Port-au-Prince. Il est ordonné prêtre le 22 septembre 1991. Le 8 avril 2004, le pape Jean-Paul II le nomme évêque de Fort-Liberté où il passe sept ans.

Depuis le 15 août 2011, il occupe le même rang aux Cayes par décision du pape Benoît XVI. C’est au titre d’évêque des Cayes qu’il devient président de la Conférence épiscopale d’Haïti, le 15 décembre 2011. A ce poste, il succède à l’archevêque métropolitain du Cap-Haïtien, Mgr Louis Kébreau. Selon le père Hans Alexandre, secrétaire permanent de la conférence, interrogé à l’époque par Radio Kiskeya, lors de l’assemblée plénière des évêques qui le hisse à cette haute fonction, Mgr Langlois « a été récompensé pour son engagement en faveur de la mission de l’Eglise et de l’enseignement du catéchèse ».

Un cardinal pour une Eglise qui se cherche Comme évêque et aujourd’hui cardinal, Chibly Langlois est à la tête d’une Église catholique jeune qui se cherche une nouvelle place sur l’échiquier haïtien. Fini le temps des évêques de Duvalier, fini le temps des prêtres de la théologie de la libération et de Jean -Bertrand Aristide, l’un d’eux devenu président de la République d’Haïti.

Bienvenue à l’église revenue au service de Rome et des fidèles haïtiens ! Mais à la question directement posée par Magik 9 pour savoir dans quel camp il se situe à l’intérieur de l’Eglise, entre les évêques nommés pas le régime des Duvalier et les adeptes de la théologie de la libération, Mgr Langlois a eu ces mots : L’Eglise est au service de tout le monde, les fidèles et la société dans son ensemble. Nous sommes le sel qui donne la saveur. Je ne veux pas répondre pour préciser mon camp. Je me suis associé avec Jésus-Christ pour propager la bonne nouvelle. » Plus loin, le prélat a ajouté : « S’il faut éclairer la politique, on le fait.

Quand il faut montrer à la société comment se comporter, on le fait. Nous exerçons la responsabilité au sein de l’Eglise. Il ne s’agit pas d’être dans un camp ou dans un autre. L évêque doit être accessible à tout le monde sans distinction. Si la politique divise, l’évêque ne doit pas suivre la même voie. » Cela ne veut pas dire que la politique n’a plus sa place dans l’Eglise. La dernière initiative de Mgr Langlois et de ses pairs est de prendre en main le dialogue impossible entre le président Michel Martelly, l’opposition et le Parlement.

La Conférence épiscopale d’Haïti tente même un coup de maître depuis quelques semaines en remplaçant, au pied levé, Religions pour la paix, un regroupement œcuménique, comme médiateur dans la crise haïtienne. La CEH s’est offerte comme facilitatrice et fait la navette entre tous les camps en conflit pour permettre le retour autour d’une table des protagonistes. C’est dans ce cadre que Mgr Langlois a rencontré, le 30 décembre dernier, des patrons de la presse haïtienne. A cette occasion, les responsables des médias ont pu découvrir une hiérarchie catholique rajeunie et moderne, consciente de l’enjeu de la médiation politique dans laquelle elle met les doigts. « La Conférence épiscopale d’Haïti s’est offerte comme espace de rencontre entre les acteurs. Nous voulons mettre ensemble tous les secteurs. C’est une lourde responsabilité à cause des intérêts particuliers qui divisent. Ces intérêts aveuglent.

Nous en sommes conscients. Mais nous sommes aussi conscients que nous pouvons trouver des solutions à nos problèmes dans le dialogue», avance très diplomate le cardinal qui sera intronisé le 22 février prochain à Rome. Une belle réponse aux malheurs du 12 janvier Mgr Langlois fait partie des premiers 16 cardinaux créés par le pape François. La date de l’annonce de cette distinction est très symbolique pour Haïti. « Ma nomination, rendue publique le 12 janvier, est une réponse du pape pour témoigner son attention à l’Eglise haïtienne. Il veut ajouter de la joie à notre tristesse», croit le nouveau cardinal. Le 12 janvier ramène le 4e anniversaire du tremblement de terre de 2010 qui avait détruit la cathédrale de Port-au-Prince et les principales églises de la région métropolitaine. L’archevêque de Port-au-Prince, Serge Miot, et des prêtres meurent sous les décombres.

C’est une Eglise catholique haïtienne en pleine reconstruction qui a à sa tête dorénavant un cardinal. Pour ceux qui assimilent à de la lenteur la reconstruction des édifices religieux détruits par le séisme, le président de la Conférence épiscopale d’Haïti précise que « l’Eglise catholique a attendu la publication des nouveaux codes de construction et pris le temps nécessaire pour coordonner les actions de ses différents partenaires, c’est pourquoi la reconstruction des édifices est un peu lent. Mais il y en a quand même qui sont déjà construits, d’autres qui sont à l’étude. En ce qui concerne la cathédrale de Port-au-Prince, sa reconstruction va prendre du temps à cause des coûts », annonce déjà Mgr Langlois.

Le pape François a annoncé ce dimanche la création, lors d’un consistoire le 22 février prochain, de seize cardinaux électeurs (de moins de 80 ans), dont neuf viennent des pays du Sud et cinq de son continent, l’Amérique latine. Au total, 19 cardinaux sont créés si l’on tient compte de trois cardinaux de plus de 80 ans, qui ne sont donc pas électeurs. Parmi les nouveaux électeurs, en cas de conclave (assemblée convoquée pour élire un nouveau pape), quatre seront italiens, dont le nouveau secrétaire d’Etat Pietro Parolin (58 ans), deux autres Européens (un Allemand et un Britannique), cinq Latino-Américains (Argentine, Chili, Brésil, Haïti, Nicaragua), un Nord-Américain (Canada), deux Africains (Côte d’Ivoire, Burkina Faso), deux Asiatiques (Corée du Sud et Philippines). Sur les seize, douze sont des archevêques titulaires de sièges résidentiels et quatre seulement sont de la curie.

Les quatre nominations de la curie étaient prévisibles: outre Mgr Parolin, numéro deux, figurent le gardien conservateur du dogme, l’Allemand Gerhard Ludwig Müller, préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi; Mgr Lorenzo Baldisseri, secrétaire général (italien) du synode des évêques, qui a la toute la confiance du pape pour préparer les grandes assemblées de fin 2014 et de 2015 sur la famille, et le nouveau préfet pour le clergé, un autre Italien, Beniamino Stella, depuis peu à ce poste clé. Au 22 février prochain, les cardinaux électeurs seront 122.

Les trois cardinaux de plus de 80 ans qui ont été annoncés par le pape viennent d’Italie, des Antilles (Sainte-Lucie) et d’Espagne. Voici les 16 nouveaux cardinaux :

1 – Mgr Pietro Parolin, secrétaire d’Etat.

2 – Mgr Lorenzo Baldisseri, secrétaire général du synode des évêques.

3 – Mgr Gerhard Ludwig Müller, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi.

4 – Mgr Beniamino Stella, préfet de la Congrégation pour le Clergé.

5 – Mgr Vincent Nichols, archevêque de Westminster (Grande-Bretagne).

6 – Mgr Leopoldo José Brenes Solórzano, archevêque de Managua (Nicaragua)

7 – Mgr Gérald Cyprien Lacroix, archevêque de Québec (Canada).

8 – Mgr Jean-Pierre Kutwa, archevêque d’Abidjan (Côte d’Ivoire)

9 – Mgr Orani João Tempesta, archevêque de Rio de Janeiro (Brésil).

10 – Mgr Gualtiero Bassetti, archevêque de Perugia-Città della Pieve (Italie).

11 – Mgr Mario Aurelio Poli, archevêque de Buenos Aires (Argentine).

12 – Mgr Andrew Yeom Soo jung, archevêque de Séoul (Corée).

13 – Mgr Ricardo Ezzati Andrello, archevêque de Santiago du Chili (Chili).

14 – Mgr Philippe Nakellentuba Ouédraogo, archevêque de Ouagadougou (Burkina Faso).

15 – Mgr Orlando B. Quevedo, archevêque de Cotabato (Philippines).

16 – Mgr Chibly Langlois, évêque des Cayes (Haïti).

Le pape François a décidé d’unir aux Membres du Collège Cardinalice 3 archevêques émérites, qui se sont distingués par leur service au Saint-Siège et à l’Eglise:

1 – Mgr Loris Francesco Capovilla, archevêque titulaire de Mesembria.

2 – Mgr Fernando Sebastián Aguilar, archevêque émérite de Pampelune.

3 – Mgr Kelvin Edward Felix, archevêque émérite de Castries.

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