Morne l’Hôpital, le combat est loin d’être gagné

Morne l’Hôpital, le combat est loin d’être gagné

 

 

Le Nouvelliste | Publié le :                            09 janvier 2014

  L’annonce du président Michel Martelly, il y a un an, faisant de 2013 l’Année de l’environnement a suscité de longs débats, comme il s’en produit quasi-quotidiennement, mais aussi beaucoup d’espoir. Un train de dispositions et de mesures a depuis été annoncé pour stopper la déforestation, le premier des maux environnementaux du pays. Il y a quelques jours, le ministère de l’Environnement s’est octroyé un satisfecit et a parlé de 2013 comme d’une bonne année pour l’environnement. Un optimisme qu’on n’a pas,  à la vue de ce qui se passe sur le terrain. 

Vue d’un secteur du Morne l’hôpital et du mur sec qui y passe.
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 Morne_Lhopital

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

   Sur le flanc du Morne l’Hôpital, au dos de Jalousie, bienvenue à Ménard. Le Morne Calvaire passé, la longue route sablonneuse, formée de pentes raides et accidentées y mène tout droit. Comme tout ici, le courant électrique et le câblage qui va avec y arrive parvenu par l’action -informelle- des riverains. En vue, un cordon pierreux érigé pour délimiter la partie construite du Morne l’hôpital de la partie à reboiser.
Dans ce quartier manquant de tout : assainissement, eau potable, écoles, etc., où la pauvreté a élu domicile, personne ne parle d’environnement ni de reforestation. Aucune trace d’agents du Corps de surveillance environnementale, ces hommes en verts censés être aux trousses de ceux qui maltraitent l’environnement. Ici, les plantules mises en terre servent de pâtûre à quelques chèvres en liberté et les roches du cordon pierreux visant à délimiter la partie construite du Morne l’hôpital sont parfois utilisés comme matériaux de construction.
C’est pourtant à deux pas de là que Michel Martelly et son ministre de l’Environnement Jean-François Thomas ont inauguré en septembre dernier les travaux de réhabilitation du Morne l’hôpital. Les officiels ont alors promis « la mise en terre de centaines de milliers de plantules, la construction de 48 latrines, la mise en place de 12 postes de surveillance, la construction de 6 bassins de rétention de sédiments et l’érection d’un cordon pierreux de 11, 15 kilomètres partant de Jalousie jusqu’à Carrefour-Feuilles ».
« A ce jour, la plupart de ces promesses sont restées lettre morte, confie Jean-Martin Atiliès, président du Collectif des citoyens engagés pour le développement de Ménard (Cosidema). Comme les postes de surveillance nous n’avons toujours pas ces latrines qui nous font cruellement défaut (…).
Pour ce qui est des plantules, poursuit le leader communautaire, les autorités sont venues et les ont mises en terre mais il n’y a aucune surveillance après. Le fait est que tous ici ne sont pas conscients de la nécessité de reboiser la montagne. Et comme il n’y a aucun contrôle, tout le monde fait comme bon lui semble. À ce propos, nous avons rencontré le maire de Pétion-Ville mais aucun suivi n’a jamais été fait. »
Quant à l’interdiction de construire au delà du cordon pierreux, si celle-ci est respectée, néanmoins les roches dudit cordon serviraient de matériaux de construction à plus d’un, comme pour se moquer de la mesure, avance pour sa part Lubin Cédieu, un riverain. “Comme le quartier est encore en évolution, des riverains malhonnêtes s’adonnent clandestinement à cette pratique aussi facile que dangereuse pour toute la communauté”, regrette-t-il.
A cela s’ajoute le fait que quelques habitants du quartier réclament tour à tour un morceau du terrain réservé  comme étant leur propriété, reprend Jean-Martin Atiliès. « Il faut dire qu’ici chaque parcelle de terre est toujours très discuté, dit-il. Cela a interrompu la construction de la ligne de pierre en maints endroits. »
Si la situation est ainsi, c’est que le gouvernement parle plus qu’il n’agit, fustige M. Atiliès. Entre-temps et paradoxalement, Ménard reste un quartier très fragile en saison de pluie. « Quand il pleut, c’est le chaos, ajoute M. Atiliès. Une catastrophe peut surgir à n’importe quel moment. Faisant déjà face à des problèmes de toutes sortes dont le manque de latrines, d’eau potable, d’écoles et la recrudescence de l’épidémie du choléra, cela compliquera encore davantage la situation, poursuit le président du Cosidema.
Sans contrôle ni suivi des travaux, la bataille environnementale est loin d’être gagnée au Morne l’Hôpital. Il serait même à craindre que l’échec du programme environnemental du pouvoir en place ne commence dans ce quartier au toit de Pétion-Ville, commentent des esprits avisés.
Dumas Macon

http://lenouvelliste.com/lenouvelliste/article/125958/Morne-lHopital-le-combat-est-loin-detre-gagne.html

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