Ne continuons pas à jeter de l’huile sur le feu …

Religions pour la paix

Ne continuons pas à jeter de l’huile sur le feu …
Le Nouvelliste | Public le :23 octobre 2013
 Jocelyn Belfort belfort87jocelyn@yahoo.fr
Suite aux récentes crises que connaît le pays, Religions pour la paix se dit inquiète de la situation difficile que traverse Haïti et appelle les protagonistes à se rassembler autour d’une table afin de résoudre les problèmes auxquels fait face la société haïtienne. Les membres de cette plateforme lancent un cri d’alarme et demandent aux Haïtiens de compter d’abord sur eux-mêmes pour résoudre les problèmes du pays.
« Au niveau de Religions pour la paix, nous ne pouvons rester insensibles à la situation que vit le pays ces derniers temps, dit Mgr Pierre André Dumas, coordonnateur de l’organisme, regroupant plusieurs tendances religieuses. De même que ce que nous avons fait lors des crises électorales et du choléra, Religions pour la paix s’offre au dialogue pour éviter au pays de se diriger vers le néant.
» Ainsi, la plateforme demande à tous les acteurs de la vie politique de se mettre ensemble afin de permettre une certaine continuité du processus de dialogue qui vient à peine de commencer. « Nous demandons aux extrémistes de ne pas continuer à jeter de l’huile sur le feu, ajoute-t-il. Nous réclamons également au peuple haïtien de ne pas se laisser manipuler par ceux qui essaient par tous les moyens de déstabiliser le processus de paix qui est en train de s’établir dans le pays.
» Selon Mgr Dumas, la population doit trouver au fond d’elle-même les causes du malheur haïtien. « Ce n’est plus le moment de chercher un coupable, dit-il. Chacun a fait, à sa manière, quelque chose de condamnable. Nous condamnons ainsi énergiquement toute action posée en dehors de la loi pour résoudre un problème.
» Monseigneur Dumas a, entre autres, rappelé que Religions pour la paix est une plateforme indépendante qui ne reçoit d’ordre de personne. « C’est la raison pour laquelle nous n’avons accepté aucun fonds venant de quiconque, poursuit-il. Aucune personne ou institution ne peut se vanter de nous avoir apporté un quelconque soutien financier. Nous ne devons rien à personne, sinon au peuple haïtien.
» Euvonie Georges Auguste, représentante du secteur vodou à la plateforme, insiste sur la nécessité pour les extrémistes de se mettre à dialoguer. Pour elle, le rêve de Religions pour la paix est de voir le pays redevenir indépendant sans favoriser le développement d’une personne ou d’une classe sociale au détriment d’une autre. « Après plus de deux cents ans d’indépendance, il est temps de vivre selon nos propres moyens, a-t-elle dit. Nous voulons en finir une fois pour toutes avec cette tendance fasciste et totalitaire qui encourage la polarisation, la division et la violence sous toutes ses formes.»
« Nous voulons un pays où l’on respecte la différence, ajoute-t-elle. Un pays où les droits et les devoirs de tous sont respectés pour le progrès du pays», tout en déclarant qu’il existe au sein de la société haïtienne des fossoyeurs qui aimeraient bien voir le pays s’effondrer. « Ce sont des nantis qui pensent pour eux-mêmes, des fossoyeurs de la patrie.
» Le pasteur Clément Joseph a également prôné un dialogue national pour sortir le pays de cette crise à n’en plus finir. « Il est temps d’en finir avec cette forme de gouvernance ”restavèk”. Le linge sale se lave en famille, il faut être capable de prendre des décisions pour nous-mêmes et par nous-mêmes », tout en précisant qu’on peut cependant avoir des nations amies.
Monseigneur Ogé Beauvoir a, pour sa part, déclaré qu’il existe des mains cachées qui veulent voir s’effondrer la nation haïtienne. « Si nous n’avons pas entamé un vrai dialogue national, nous serons étonnés de voir comment l’Etat haïtien s’effondrera. La solution à nos problèmes doit être recherchée par les Haïtiens et non par l’international. Nous n’acceptons jamais à quiconque ou à aucun ambassadeur d’un autre pays de s’initier dans la vie politique haïtienne.»
« Il n’est pas correct de continuer à vivre dans un pays où la cohabitation entre les différentes couches sociales n’est pas possible, s’attriste-t-il. Il faut nous servir du modèle de paix de Jésus-Christ pour sauver le pays du malheur qui plane sur la nation haïtienne. La religion sera toujours là pour assister les trois pouvoirs dans le processus de dialogue qu’il compte mener pour finir avec les crises permanentes que connaît le pays.»
Jocelyn Belfort belfort87jocelyn@yahoo.fr