Nous avons abdiqué

 

Le Nouvelliste | Publié le : 20 décembre 2013

Nous sommes à quelques jours de la Noël et du Nouvel An. A déambuler à travers la ville, on ne le dirait pas. Le centre-ville, la région métropolitaine en général, affiche une déprime que les rares guirlandes et ampoules allumées ne guérissent pas.
Il n’y a pas d’air de fête ni de décorations à profusion. Les commerces comme les rues sont pareils aux époques sans connotation particulière. Un ou deux magasins, ici ou là, sortent de l’ordinaire, mais dans l’ensemble – la Sogebank de Delmas 30 mise à part -, rien qui nous fasse dire Wow !!! D’année en année, le symbolisme des fêtes se perd en Haïti. Les chansons de Noël ne bercent plus les nuits de décembre. Quand on évoque le Père Noël, c’est pour souhaiter qu’il emplisse sa hotte de toutes sortes de solutions pour nos problèmes.
Chaque Noël, nous volons aux enfants leurs illusions pour faire le lit des nôtres.
Il y a de cela des années, les édilités des principales villes du pays, à l’approche des fêtes de fin d’année, demandaient par communiqué aux riverains de repeindre leurs façades. Les vendeurs de balejoudlan, ces très longs balais avec un plumeau en pite blanc, se réjouissaient de l’obligation faite aux ménagères de ne pas laisser les toiles d’araignée d’une année s’ajouter à celles de l’année nouvelle.
Aujourd’hui, tout le monde s’accommode de la saleté. Le toilettage des devantures et la décoration n’inspirent plus personne. Nous avons tué l’esprit des fêtes.
Après son premier Noël extravagant au son mille fois répété « Bay misye yon moto », le président Michel Martelly jusqu’à aujourd’hui fréquente beaucoup les mondanités. On l’entend aussi dans les bals où il reprend le micro. Ce n’est pas toujours pour le plaisir de ceux qui rêvaient de danser au son de la voix du chanteur original des groupes les plus anciens ou les plus huppés.
Noël en 2013 est fade. La fin de l’année est vide de couleurs, de lumières, de chants joyeux. Le carnaval est dans trois mois, le pays rate une occasion de faire une longue fête. Même les commerçants qui devraient être en première ligne sont en retrait. La logique commerciale voudrait que l’on encourage les consommateurs à faire la fête quand l’économie n’est pas au beau fixe; ici, on pousse les citoyens à la morosité. Nous avons abdiqué les plaisirs de la fête et du vivre ensemble joyeux.
Frantz Duval duval@lenouvelliste.com Twitter:@Frantzduval

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