L’accord intérimaire que l’Iran et les six puissances ont signé cette nuit à Genève correspond à ce qui était attendu – sauf sur un point crucial qui était demeuré confidentiel tout au long des pourparlers.
Pour empêcher l’Iran de construire rapidement et en secret une arme atomique ou au moins la matière fissile nécessaire à une bombe, l’accord prévoit : la suspension de l’enrichissement à 20%, la destruction du stock déjà constitué, un contrôle international quotidien des principales installations nucléaires et la non mise en route du réacteur d’Arak. En échange, l’Iran va bénéficier de la levée de certaines sanctions et le dégel de comptes bancaires.
Mais, à lire de près le texte publié par la Maison Blanche, on découvre un point dont jusqu’à présent, il n’a jamais été question publiquement et qui a dû pourtant être, loin des regards, au centre des discussions.
L’usine IR10, le chaînon qui manquera
Dans l’accord, il est stipulé que l’Iran renonce à construire une usine de séparation de plutonium. Une telle installation est le chaînon manquant entre le réacteur d’Arak (qui produit de la matière contenant du plutonium) et la bombe (qui nécessite du plutonium pur). Elle ne peut être utilisée que dans un programme militaire.
Les spécialistes civils soupçonnaient que l’Iran travaillait à la mise en place d’une telle usine, qui est la preuve définitive d’un programme nucléaire militaire, mais n’en avaient pas la certitude. Il semble donc que les services de renseignement occidentaux disposaient, eux, d’éléments probants. On parle de l’installation dite IR10, dont “Le Figaro” a publié les plans il y a quelques jours, sans certitude quant à sa destination.
On comprend mieux pourquoi la France a soudainement fait d’Arak et de la filière plutonium un enjeu majeur des négociations alors que jusqu’à présent, seule la voie de l’enrichissement de l’uranium semblait poser problème.