Open à tout

Open à tout
Le Nouvelliste | Publi le :16 septembre 2013
 Roberson Alphonse

Sur la route nationale numéro 2, à hauteur de Petit- Goâve, une bande armée impose sa loi. Depuis plusieurs semaines, certains de ses éléments descendent des collines de Maro, attaquent des automobilistes, volent tous ce qu’ils peuvent emporter. Bijoux, argent, laptops, armes. Vendredi dernier, la publicité autour de ces individus connectés à des politiques dans la région des Palmes s’est amplifiée. Ils ont blessé un cameraman de Radio télé Scoop à la tête et tiré en direction du journaliste Gary Pierre Paul Charles, sorti indemne de cette attaque. Ce lundi, ils ont récidivé. Pour la énième fois.
A ce stade, pas la peine de forcer sur les traits. Dans le « pays open for business », cela fait bazar qu’une bande armée impose sa loi et ridiculise les forces de l’ordre, incapables jusqu’ici de la mettre hors d’état de nuire. Entre-temps, les gens d’affaires, les tours opérateurs, les hôteliers… rongent leur frein d’impatience et d’inquiétude. Cette artère, pour être sûr qu’on ne  l’oublie pas, mène au grand Sud, une destination touristique promue par le gouvernement de Lamothe et la très dynamique ministre du Tourisme Stéphanie B. Villedrouin. Un département où des millions de dollars sont alloués à des projets d’infrastructures aéroportuaires aux Cayes et à Ile-à-Vache.
Si sur  papier glacé, les plages de l’Ile-à-Vache, de Port-Salut sont  jolies, le sont-elles assez pour inciter à l’excursion  ces jours-ci ? La réponse est non, reconnaitrait n’importe quel hôtelier soucieux d’abord et avant tout de la sécurité de son client.
Sans hôpital de référence en cas d’accident sur la nationale numéro 2, sans service de secours d’urgence, cette région et le pays étaient suffisamment mal lotis dans les avis aux voyageurs du département d’Etat pour avoir sur le dos ces temps-ci cette bande armée. Des bandits connectés à des hommes politiques, qui plus est, même si ce n’est pas nouveau ici où l’on semble être « open à tout ». Sans que la puissance publique ne soit capable d’y mettre un frein. Soit à cause de son impuissance, soit à cause d’obscurs intérêts politiques.
Roberson Alphonse