Petite victoire de la diplomatie haïtienne

Petite victoire de la diplomatie haïtienne

Le Nouvelliste | Publi le :21 octobre 2013
 Lemoine Bonneau lbonneau@lenouvelliste.com

Le chancelier haïtien Pierre-Richard Casimir a obtenu gain de cause lors de sa visite effectuée la semaine dernière dans plusieurs pays de la région à propos de l’arrêt de la Cour constitutionnelle dominicaine. Du lundi 14 au dimanche 20 octobre en cours, le ministre des Affaires étrangères s’est rendu respectivement à Trinidad and Tobago, à Surinam ainsi qu’à Guyana pour sensibiliser les dirigeants de la Caricom, d’une part, et les gouvernements des pays de la région, d’autre part, aux fins de prendre position contre cet arrêt rendu de l’autre côté de la frontière. Sans vouloir condamner nos voisins dominicains, la Caricom a exprimé ses appréhensions quant à l’application de cet arrêt sur les 210 000 Dominicains d’origine haïtienne qui ont contribué à la prospérité de leur pays et qui maintenant peuvent être considérés comme des apatrides si cet arrêt devrait être appliqué.
Des réactions en chaîne ont fait la une des médias de différents pays de la Caraïbe, condamnant l’arrêt de la Cour constitutionnelle dominicaine. L’ex-Premier ministre de la Jamaïque Percival Paterson, le Premier ministre de Saint-Vincent-et-les-Grenadines, Ralph E. Gonsalves, et le Premier ministre de Trinidad and Tobago, Kalma Persad-Bissessar, ont tous qualifié la décision de discriminatoire. Timidement, les médias nord-américains commencent à se pencher sur l’arrêt de la Cour constitutionnelle.  Traditionnellement, ces médias présentent toujours l’image positive de la république voisine au détriment de celle d’Haïti toujours ternie à volonté. Le Miami Herald, dans sa livraison de samedi, n’a pas manqué de poser le problème de cet arrêt ; le New York Times ainsi que le quotidien Métro de Montréal ont commenté la décision de la Cour constitutionnelle dominicaine comme une grande première.
Si la diplomatie haïtienne a triomphé dans la région, telle n’est peut-être pas le cas pour les Etats-Unis et le Canada. L’investissement massif américain dans le pays de Juan Pablo Duarte ne va pas permettre à l’administration Obama de condamner l’arrêt de la Cour constitutionnelle dominicaine, mettant le gouvernement Medina  sur la sellette. La plus grande démocratie du monde se voit contrainte de ne pas se prononcer sur un cas grave de violation de droits humains en raison des intérêts économiques de la plupart de ses ressortissants. Le gouvernement canadien ne va pas, sans nul doute, condamner la République dominicaine par rapport à cette décision discriminatoire. En dépit des articles et des reportages de médias canadiens, il sera difficile pour Haïti d’obtenir le support de ces pays qui n’ont jamais condamné dans le passé les graves violations des droits humains commises de l’autre côté de la frontière. Après les pays de la Caricom, Haïti doit continuer à chercher le support des pays de l’Amérique latine pour obtenir le retrait de cet arrêt scélérat.
Lemoine Bonneau lbonneau@lenouvelliste.com