L’actualité est dominée en ce début d’année par les réactions au discours du 1er janvier 2014 du chef de l’Etat, son appel au dialogue, sa promesse de la tenue d’élections et la présence à la cérémonie du 210ème anniversaire de l’indépendance du dictateur Jean Claude Duvalier et du dirigeant politique Evans Paul.
Le directeur exécutif du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), Pierre Espérance, proteste contre la présence aux Gonaïves de l’ex-dictateur Jean-Claude Duvalier le 1er janvier 2014, alors qu’il est inculpé pour détournement de fonds et poursuivi par certaines de ses victimes pour crimes contre l’humanité. Le militant des droits humains assimile à une gifle infligée aux victimes de la dictature par le chef de l’Etat.
Il affirme souhaiter que les juges en charge du dossier de l’ex-président à vie à la Cour d’Appel réalisent un travail objectif pour rendre justice aux victimes, « en dépit de la volonté du chef de l’Etat de blanchir le dictateur en l’invitant à ses activités ». M. Espérance ajoute que la présence de M. Duvalier aux Gonaïves s’explique par le fait que les dérives du pouvoir Tèt Kale établissent une similitude entre celui-ci et le pouvoir duvaliériste.
Désapprouvant, sans le citer, le dirigeant du KID, Evans Paul, qui a pris part à la cérémonie officielle, M. Espérance exprime son accord avec le principe du dialogue, mais à condition qu’il se déroule dans le cadre de la loi et le renforcement des institutions. Se disant en faveur d’élections honnêtes, crédibles et démocratiques, le responsable du RNDDH déclare que le dialogue ne se réalisera pas avec des gens qui cherchent à se faire embaucher pour se remplir les poches.
Le président de la Plateforme Libération et membre du directoire du Mouvement de l’Opposition Démocratique (MOPOD), Serge Jean-Louis, proteste également contre l’invitation qui a été lancée à l’ancien président à vie Jean Claude Duvalier et à l’ancien général-président Prosper Avril. La réconciliation n’est pas possible avec ces criminels notoires, déclare Jean-Louis qui considère la présence de Baby Doc aux Gonaïves comme une insulte aux parents des 3 écoliers tués dans cette ville en 1985 par les sbires du dictateur.
Serge Jean-Louis doute par ailleurs de la volonté réelle du chef de l’Etat de vouloir faire avancer la barque de la démocratie. Les actes qu’il pose empêchent d’y croire, soutient-il. L’ancien député de la 45ème législature évoque la récente déclaration de M. Martelly selon laquelle la police est le bras armé du gouvernement. Il rappelle aussi l’emprisonnement des frères Florestal qu’il considère comme des prisonniers politiques.
Sur la présence de M. Evans Paul à la cérémonie des Gonaïves, M. Jean-Louis estime que cela correspond à la lecture du responsable du KID de la situation politique actuelle.
Paul Denis, grand conseiller de la plateforme INITE pour les affaires politiques, exprime des appréhensions par rapport à la volonté de M. Martelly de vouloir rétablir la dictature dans le pays. Il désapprouve en ce sens la présence de MM. Duvalier et Avril aux Gonaïves qui, est selon lui, le signe de la véritable unité, celle des dictateurs, qu’entend réaliser M. Martelly. Il est difficile d’entrer dans cette logique de « Tèt ansanm » prônée par le chef de l’Etat quand on est un vrai démocrate, ajoute Denis.
En ce qui concerne la présence à la cérémonie de Evans Paul, l’ancien ministre de la justice de Préval déclare être en train de suivre afin de bien comprendre.
Le sénateur du Nord-est, Jean-Baptiste Bien-Aimé, déclare attendre des actions concrètes du chef de l’Etat en conformité avec son appel au dialogue. Son opinion est partagée par le député de Moron/Chambellan, Sorel Jacinthe.
Les deux parlementaires expriment par ailleurs des doutes sur la volonté du chef de l’Etat d’organiser des élections qui soient véritablement libres.
Le coordonnateur national de « Repons Peyizan » et membre du « Consortium des partis politiques » (pro-gouvernemental), Fednel Monchéry, applaudit le discours du 1er janvier du chef de l’Etat et son appel à l’unité. Il nie que le pouvoir Tèt Kale compte des prisonniers politiques et salue la participation de Evans Paul à la cérémonie officielle ayant marqué le 210ème anniversaire de la proclamation de l’indépendance nationale.
Le chef suprême du vodou, Max Beauvoir, qualifie de démagogique l’appel à l’unité du chef de l’Etat après l’exclusion des vodouisants consacrée par l’amendement de l’article 297 de la Constitution qui garantissait l’égalité des cultes.
Le coordonnateur du Conseil national des acteurs non-étatiques, Edouard Paultre, appelle le chef de l’Etat à poser des actes en conformité avec son appel au dialogue. Il se dit en faveur d’un compromis politique avant la tenue d’élections.
Kiskeya Haiti
http://www.radiokiskeya.com/spip.php?article9943