Carte blanche à Jean-Claude Boyer
Vers une plus grande protection juridique du personnel de maison
Le Nouvelliste | Publi le :13 septembre 2013
Jean-Claude Boyer jeudi 5 septembre 2013
«Elles font la vaisselle, lavent le linge, gardent les enfants. Ce sont les domestiques. L’Organisation internationale du travail (OIT) vient de les doter d’un cadre juridique à travers l’adoption d’un code international sur le statut des domestiques de façon à assurer leur protection, mettre fin à leur exploitation et leur garantir une sécurité sociale. Le code a une vocation universelle (…)» (Capté du journal en français facile, RFI, jeudi 5 septembre 2013). Le présentateur conclut : «(…) de façon à ce qu’elles ne soient plus considérées comme des employées de seconde zone.»
Voilà le genre d’information qui me jette dans le ravissement et éclaire ma journée. Je n’ai jamais eu mauvaise conscience, puisque j’ai une reconnaissance éternelle envers toutes ces femmes qui, en me berçant, me dorlotant, me nourrissant, en suivant mes premiers pas, bref ont pris soin du gosse que j’ai été, ont contribué, chacune à sa manière, à la formation de mon statut d’homme. On ne devient pas adulte sans l’apport de la bonne. Du plus loin que l’on remonte dans l’évocation du passé, s’installent dans la pensée de l’homme ou de la femme, sa mère et sa bonne. Avec mes lecteurs, j’ai partagé en 2011 le papier écrit en guise d’hommage aux domestiques sous le titre «Éloge de la bonne». A l’égard de cette catégorie de travailleurs, j’ai donc la reconnaissance du coeur.
Alors, comment ne serais-je pas sensible à l’adoption, aujourd’hui, d’une législation internationale tendant à les placer au même rang que les autres employés? En somme, l’objectif des Nations unies est de mettre fin à une discrimination. Le traitement réservé au personnel de maison – Ah! pardon, en Haïti, est notée une évolution positive quant à la dénomination. En effet, de plus en plus les nantis du savoir et de l’avoir, emploient «personnel de maison» pour désigner ces femmes qui les aident dans la gestion de la maison – était parfois dégradant. Mais l’OIT ne se fait pas d’illusion, il reste beaucoup à faire pour améliorer le statut de ces employées. Aussi, l’organisation basée à Genève exhorte-t-elle les États, particulièrement ceux d’Asie et de l’Amérique du Sud, où statistiquement les domestiques sont en plus grand nombre, à insérer ces nouvelles dispositions dans leur législation interne.
En Haïti, le code du travail n’est pas muet. Un chapitre est consacré au personnel de maison. L’État leur accorde sa protection. Mais, dans la réalité, de trop grandes inégalités structurelles entraînent que, dans certaines familles, le personnel de maison bénéficie de meilleures conditions de travail tandis que dans d’autres familles, on n’arrive pas à leur verser des salaires intéressants. Je mets ces différences de traitement sur le compte de la stagnation continue de l’économie. Eh oui! L’économie «régressive » d’Haïti, comme l’identifiait Édouard Francisque dès 1964 dans sa thèse de doctorat, ne facilite pas la distribution équitable du revenu dans toutes les familles. Feu Marc Louis Bazin disait la même chose en relevant en 2008 que depuis la cure de l’ajustement structurel, imposée à nous depuis les années 1980, le pays était sans revenus. Comment dès lors diffuser, répandre la richesse? C’est difficile. De plus, l’incertitude du lendemain entraîne que l’on est généralement réticent à se séparer de ses maigres avoirs. La précarité est donc ce qui freine les uns et les autres à partager équitablement le revenu, et, en conséquence, d’en faire profiter les plus vulnérables. Une embellie économique ferait s’envoler les réticences, les résistances et les arrière-pensées qui, après tout, perturbent l’équilibre intérieur de l’homme haïtien et de la femme haïtienne.
Au thésard ou au mémorand, je recommande d’étudier la contribution du personnel de maison à la constitution de la richesse nationale, donc au produit intérieur brut (PIB). L’on serait surpris de constater combien cette participation est vraiment significative.
Voilà le genre d’information qui me jette dans le ravissement et éclaire ma journée. Je n’ai jamais eu mauvaise conscience, puisque j’ai une reconnaissance éternelle envers toutes ces femmes qui, en me berçant, me dorlotant, me nourrissant, en suivant mes premiers pas, bref ont pris soin du gosse que j’ai été, ont contribué, chacune à sa manière, à la formation de mon statut d’homme. On ne devient pas adulte sans l’apport de la bonne. Du plus loin que l’on remonte dans l’évocation du passé, s’installent dans la pensée de l’homme ou de la femme, sa mère et sa bonne. Avec mes lecteurs, j’ai partagé en 2011 le papier écrit en guise d’hommage aux domestiques sous le titre «Éloge de la bonne». A l’égard de cette catégorie de travailleurs, j’ai donc la reconnaissance du coeur.
Alors, comment ne serais-je pas sensible à l’adoption, aujourd’hui, d’une législation internationale tendant à les placer au même rang que les autres employés? En somme, l’objectif des Nations unies est de mettre fin à une discrimination. Le traitement réservé au personnel de maison – Ah! pardon, en Haïti, est notée une évolution positive quant à la dénomination. En effet, de plus en plus les nantis du savoir et de l’avoir, emploient «personnel de maison» pour désigner ces femmes qui les aident dans la gestion de la maison – était parfois dégradant. Mais l’OIT ne se fait pas d’illusion, il reste beaucoup à faire pour améliorer le statut de ces employées. Aussi, l’organisation basée à Genève exhorte-t-elle les États, particulièrement ceux d’Asie et de l’Amérique du Sud, où statistiquement les domestiques sont en plus grand nombre, à insérer ces nouvelles dispositions dans leur législation interne.
En Haïti, le code du travail n’est pas muet. Un chapitre est consacré au personnel de maison. L’État leur accorde sa protection. Mais, dans la réalité, de trop grandes inégalités structurelles entraînent que, dans certaines familles, le personnel de maison bénéficie de meilleures conditions de travail tandis que dans d’autres familles, on n’arrive pas à leur verser des salaires intéressants. Je mets ces différences de traitement sur le compte de la stagnation continue de l’économie. Eh oui! L’économie «régressive » d’Haïti, comme l’identifiait Édouard Francisque dès 1964 dans sa thèse de doctorat, ne facilite pas la distribution équitable du revenu dans toutes les familles. Feu Marc Louis Bazin disait la même chose en relevant en 2008 que depuis la cure de l’ajustement structurel, imposée à nous depuis les années 1980, le pays était sans revenus. Comment dès lors diffuser, répandre la richesse? C’est difficile. De plus, l’incertitude du lendemain entraîne que l’on est généralement réticent à se séparer de ses maigres avoirs. La précarité est donc ce qui freine les uns et les autres à partager équitablement le revenu, et, en conséquence, d’en faire profiter les plus vulnérables. Une embellie économique ferait s’envoler les réticences, les résistances et les arrière-pensées qui, après tout, perturbent l’équilibre intérieur de l’homme haïtien et de la femme haïtienne.
Au thésard ou au mémorand, je recommande d’étudier la contribution du personnel de maison à la constitution de la richesse nationale, donc au produit intérieur brut (PIB). L’on serait surpris de constater combien cette participation est vraiment significative.
Jean-Claude Boyer jeudi 5 septembre 2013