Interpellation du Ministre des Affaires Etrangère: Lettre des Chefs des Missions Diplomatiques d’Haiti à l’Exterieur et d’anciens Ambassadeurs Haitiens à Santo Domingo aux Sénateurs

Santo Domingo le 4 Novembre 2013

 

Honorables Sénateurs,

 

J’ai l’honneur de Vous faire parvenir, ci-dessous, la lettre que les Chefs des Missions Diplomatiques d’Haiti à l’Exterieur et d’anciens Ambassadeurs Haitienà Santo Domingo vous adressent à  la veille de l’interpellation par devant Votre Haute Assemblée  du Ministre des Affaires Etrangères d’Haïti, S.E.M. Pierre Richard Casimir.

 

Je saisis l’occasion  pour Vous exprimer, Messieurs les Honorables Sénateurs, les assurances de ma considération la plus haute et la plus distinguée.

 

 

Dr. Fritz N. Cinéas

Ambassadeur d’Haiti

 

 

AH/RD/GH : 002-13                 Santo Domingo le 4 novembre 2013

 

 

Honorables Sénateurs de la République,

Nous avons l’honneur, en notre qualité de membres de la représentation diplomatique d’Haïti ou d’anciens chefs de mission, œuvrant sur la ligne de front pour faire valoir la position de la République d’Haïti sur la sentence du Tribunal constitutionnel de la République Dominicaine, de nous adresser à votre haute Assemblée pour lui exposer ce qui suit:

1.  Une crise grave, irréfutable, née de la décision de la Cour constitutionnelle de la République Dominicaine de déchoir de leur citoyenneté des centaines de milliers de citoyens dominicains d’ascendance haïtienne, secoue depuis plus d’un mois les relations haïtiano-dominicaines. Cette crise, par les enjeux majeurs, multiples qu’il soulève, déborde le cadre bilatéral. Faisant jouer les ressorts de la diplomatie, le Gouvernement haïtien a su tisser un puissant réseau de solidarité à l’échelle des Caraïbes et à l’échelle hémisphérique, pour donner à cette crise une dimension internationale, espérant faire prévaloir, au bout du compte, la nécessité d’une solution fondée sur le droit, sur l’équité et sur le respect des droits de l’homme.

2.  Œuvrant en première ligne de cette bataille diplomatique, nous avons pu mesurer le rôle considérable joué par le Ministre des Affaires Etrangères, dont l’action sereine et efficace, au milieu de cette crise, a contribué à asseoir solidement la légitimité de notre cause. Cette action est reconnue et saluée unanimement dans les instances sous-régionales, régionales et internationales. En témoigne avec éloquence la récente réunion, le 29 octobre 2013, du Conseil Permanent de l’Organisation des Etats Américains (OEA), au cours de laquelle la performance du Chancelier haïtien dans la gestion du dossier lui a valu des hommages appuyés des pays amis, notamment ceux de la Caraïbe et au-delà.

3.  L’appui de la CARICOM en particulier a été remarquable. Ardents défenseurs de notre cause, les pays de la Caraïbe apportent un soutien précieux, exemplaire et sans réserves à la position haïtienne. C’est là, indiscutablement, l’expression d’un leadership régional que la diplomatie haïtienne s’est évertuée à affirmer et dont le pays commence à récolter les fruits aujourd’hui. Forte de cette solidarité qu’il convient de cultiver inlassablement, Haïti peut légitimement espérer voir triompher ses vues et sa position en ce qui a trait à un règlement juste et durable de ce dossier.

4.  Nous prenons la liberté de souligner que le succès espéré quant à l’issue de la crise exige de la constance, de la cohérence et de la continuité dans l’action diplomatique haïtienne. Un éventuel retrait soudain – au milieu du gué – du chef de la diplomatie haïtienne à cette étape cruciale, serait de nature à nuire au processus engagé auprès des instances régionales et internationales. Il enverrait un signal négatif qui serait perçu, à juste titre, par l’autre partie mais aussi par les ardents défenseurs de la cause haïtienne, comme un désaveu de l’action menée jusqu’ici, avec succès par notre diplomatie. En particulier, il serait susceptible d’ébranler la confiance et l’engagement des pays amis à nos côtés, notamment ceux de la CARICOM dont l’appui inconditionnel est l’un des meilleurs atouts que nous puissions avoir dans la conduite de ce dossier.

5.  Nous sommes persuadés que le Sénat, cette Assemblée de sages, soucieux des intérêts supérieurs de l’Etat et conscient de l’importance des enjeux diplomatiques actuels, ne ménagera aucun effort de dépassement et de transcendance pour contribuer à assurer la continuité de l’action diplomatique et épargner à Haïti le risque de voir ruiner les efforts en cours et le travail considérable accompli ces derniers mois pour tisser et raffermir ce réseau de solidarité régionale et internationale, indispensable au succès escompté dans le dénouement de cette crise.

Veuillez croire, Honorables Sénateurs de la République, en l’assurance de notre haute considération.

 

1. Dr. Fritz N. CINEAS,

Ambassadeur d’Haiti en République Dominicaine

 

2.  Duly BRUTUS,

Ambassadeur, Représentant Permanent d’Haïti pres l’Organisation des Etats Américains

 

3.  Denis REGIS,

Ambassadeur, Représentant Permanent d’Haïti auprès des Nations Unies

 

4. Frantz LIAUTAUD, Ambassadeur d’Haïti au Canada

 

 

5.  Guy LAMOTHE,

Ambassadeur d’Haïti au Mexique, à Belize et au Guatémala

 

6.  Carl-Henri GUITEAU,

Ambassadeur d’Haïti auprès du Saint-Siège

 

7.  Lesly DAVID,

Ambassadeur d’Haïti au Venezuela et en Equateur

 

8.  Pierre-André DUNBAR,

Ambassadeur, Représentant Permanent d’Haïti auprès de l’Office des Nations Unies et        auprès de l’OMC à Genève

 

9. Madsen CHERUBIN,

Ambassadeur d’Haïti au Brésil,

 

10. Philippe ARCHER,

Ambassadeur d’Haïti à Panama,

 

11.Harvel JEAN-BAPTISTE,

Ambassadeur d’Haïti au Chili

 

12. Paul ALTIDOR,

Ambassadeur d’Haïti à Washington

 

13. Antonio RODRIGUE,

Ambassadeur d’Haïti aux Bahamas

 

14.  Guy ALEXANDRE,

Ancien Ambassadeur d’Haïti en République Dominicaine

 

15.  Hervé H. DENIS, Ancien Ministre,

Ancien Ambassadeur d’Haïti en République     Dominicaine

 

16.  Edwin PARAISON,

Ancien Ministre, Ancien Consul d’Haïti  à Barahona, en République Dominicaine