Y a-t-il un pilote dans l’avion Haïti ?

Y a-t-il un pilote dans l’avion Haïti ?

Le Nouvelliste | Publi le :24 octobre 2013
 Frantz Duval duval@lenouvelliste.com Twitter:@Frantzduva
Tous les jours, dans tous les aéroports du monde, des pilotes, après toutes les vérifications d’usage, empruntent le tarmac avec leur avion pour un décollage immédiat.
Tous les jours, dans tous les aéroports du monde, à la dernière seconde, certains pilotes décident de ne pas prendre les airs parce qu’un instrument leur indique une défaillance sur leur appareil. Quand cela arrive, il n’y a qu’une solution : retarder le vol jusqu’à la réparation parfaite de l’avarie. Dans certains cas, le vol est purement et simplement annulé.
Le dépit des passagers n’y change rien. L’importance des passagers non plus. Les conséquences qu’engendrent les retards n’ont aucun poids dans la balance quand un pilote doit décider de se lancer dans un voyage. Mieux vaut un vol retardé ou annulé que les grands titres dans les nouvelles…
À la Nasa ou sur les rampes de lancement de Baïkonour, là où se retrouvent les scientifiques les plus pointus et les colossaux moyens de l’Amérique ou de la Russie, à quelques secondes du lancement d’une fusée ou d’une navette, il est arrivé que le compte à rebours s’arrête pour une raison ou pour une autre. Dans ces grandes institutions où les prouesses techniques sont légion, on sait le prix d’un accident : quelques morts et souvent la fin de tout un programme qui a coûté des milliards et des années de travail.
La sagesse requiert de temps à autre de dire stop et de prendre le temps nécessaire aux ajustements. Le bon pilote n’est pas celui qui fonce, mais celui qui arrive à bon port. Ce qui est valable pour l’aéronautique l’est aussi pour la mécanique de la gouvernance. Un responsable politique, quel que soit le pouvoir auquel il appartient, doit savoir ne pas s’aventurer outre mesure dans la recherche de l’exploit au détriment de la prudence et de l’élémentaire bon sens.
Qui, ces jours-ci, se demande ce qui se passe quand un pays rate son décollage ? Son atterrissage ? Ce qui se passe quand les moteurs d’un pays flanchent en plein vol ? Ce qui se passe quand les rêves d’une population explosent, s’évanouissent comme glace au soleil ? Ce qui se passe quand les irresponsables à la tête des pouvoirs de l’État provoquent des accidents, entravent la bonne marche d’un pays et de toute une population parce qu’ils n’ont pas su être de bons pilotes et n’ont pas jugé bon de dire stop : on vérifie, on contrôle, on reprend tout à zéro ?
Zéro, c’est le symbole de notre situation; on dirait même que c’est le but que nous nous efforçons d’atteindre. À conjuguer à tous les temps le verbe ERRER, nous errons ces jours-ci, dans un avion sans pilote. Nous zérons, devrait-on plutôt dire, à la recherche du zéro parfait.
Frantz Duval duval@lenouvelliste.com Twitter:@Frantzduval
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