Il n’y a pas de bonne dictature

 

Le Nouvelliste | Public le :23 octobre 2013
 Frantz Duval duval@lenouvelliste.com Twitter:@Frantzduval
En arrêtant Me André Michel, mardi après le délai légal de 6 heures du soir suite à un banal contrôle de routine dans un véhicule où il n’était que passager, l’exécutif et ses exécuteurs avaient commis une erreur. L’avocat était recherché, mais l’imbroglio de son arrestation a desservi la justice et l’action du gouvernement.
Ce mercredi, en arrachant de force Me André Michel du parquet, pour le soustraire à une nouvelle arrestation potentielle, avocats et parlementaires ont aussi commis une erreur. Une erreur monumentale.
L’avocat, opposant notoire au régime en place, n’a plus d’ailes en troquant son statut de victime contre celui de fugitif. Une erreur s’additionnant à une autre, avec une assurance hardie, pouvoir et opposants s’affrontent sur le terrain de la bêtise. Chacun y va, sûr de son bon droit, dans le mur.
Les sénateurs, le barreau, les défenseurs des droits de l’homme, le gouvernement, la Police nationale d’Haïti et l’appareil judiciaire s’enfoncent, par des sentiers sans retour, dans une aventure aux lendemains incertains.
Ce n’est pas la première fois que, de bonne foi et avec toute la tête dure du monde, différentes parties en conflit en Haïti préfèrent se perdre, tout perdre que de prendre le temps de trouver sereinement un accommodement raisonnable pour épuiser leur différend. Un incident chasse un autre sans qu’aucun des problèmes en suspens ne soit résolu.
Comment le pouvoir exécutif peut-il conforter son mandat s’il laisse croire qu’il veut s’en prendre à celui du corps législatif ?
Comment aller aux élections sans des vis-à-vis disposés, sans un CEP ou un CTCEP fiable, sans une loi électorale et une atmosphère propice aux scrutins ? Comment la justice trouvera-t-elle ses lustres en s’enferrant dans la servilité ? Comment être fort tout seul dans un pays qui a soupé des sauveurs providentiels, des hommes forts sans projet et des arrangements de fortune des pouvoirs provisoires ? Les faux pas de ces derniers jours n’augurent rien de bon. Leur seul avantage est d’épuiser la panoplie des erreurs de ces enfants de tout bord qui se rêvent en bons dictateurs.
Frantz Duval duval@lenouvelliste.com Twitter:@Frantzduval
No comments yet.

Leave a Reply