L’entente foulée au pied, la grève persiste

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L’entente foulée au pied, la grève persiste
Le Nouvelliste | Publi le :22 octobre 2013
Robenson Geffrard, Edrick Saint Juste
La rencontre, tenue lundi, entre le ministre de l’Economie et des Finances et les représentants des douaniers grévistes n’a pas suffi à débloquer la situation. Ce mardi encore, toutes les activités étaient paralysées à la douane du port de Port-au-Prince.
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Rien n’a changé à la douane du port de Port-au-Prince. La grève en est à sa deuxième semaine, semant le désarroi parmi les commerçants. Certains d’entre eux commencent à perdre beaucoup d’argent… « Le service de recevabilité ne fonctionne toujours pas », dénonce un commerçant venu déposer ses dossiers pour 40 conteneurs.
Chacun son dossier en main, ils sont une vingtaine à se plaindre de la situation. « J’ai trois conteneurs pleins de produits périssables, renchérit un autre. On me demande de payer chaque jour pour la réfrigération. Le risque de perdre mes marchandises est évident. »
La cellule d’urgence mise en place par les grévistes pour favoriser le dédouanement des produits périssables n’existe que de nom, dénoncent les commerçants interviewés sur place par Le Nouvelliste. Face à cette situation, ils menacent de gagner les rues pour forcer les autorités à trouver une solution à la crise.
« On ne peut pas demander aux douaniers de retourner travailler sans qu’ils se sentent en confiance ni en sécurité avec l’équipe de Fresnel Jean-Baptiste », soutient Nelson Michelson, porte-parole de l’association des douaniers. Malgré la rencontre, lundi, entre le ministre Wilson Laleau et les grévistes, suivie de la signature d’un protocole d’entente, la situation reste inchangée à la douane du port de Port-au-Prince.
« Nous avons proposé de mettre de côté, pendant la durée de l’enquête, la direction générale de Fresnel Jean-Baptiste, parce qu’il ne peut être à la fois juge et partie», indique Nelson Michelson. Ce point ne figure pas dans le communiqué publié par le ministère des Finances sur les résultats des négociations.
Dans un communiqué publié tard dans la nuit de lundi, Wilson Laleau a révélé qu’à la suite des discussions avec les douaniers, il avait été convenu de reprendre les activités à l’AGD dès le mardi 22 octobre. Ensuite, une commission d’enquête administrative devant fixer les responsabilités dans le cadre du dossier de corruption impliquant des employés de la douane devait être formée. Elle devait être composée d’un représentant de l’Inspection générale des finances, d’un représentant de la Direction de l’inspection fiscale, d’un représentant de l’Unité de lutte contre la corruption et d’un employé de l’AGD.
Il avait également été convenu que les employés fassent preuve, au cours de l’enquête, de retenue et de discipline dans l’exercice de leurs fonctions. Pour sa part, le ministère de l’Economie et des Finances ne devait exercer aucune forme de représailles à l’encontre des protestataires.
Intervenant mardi matin sur Radio Magik 9, Nelson Michelson a laissé comprendre que les douaniers grévistes se sont mis d’accord sur le protocole d’entente, tout en rajoutant un quatrième point. Selon lui, le directeur général de l’AGD n’a jamais mis le ministre de l’Economie et des Finances au courant de la situation qui prévalait à la douane. « Nous avons été très contents de rencontrer M. Laleau. Nous lui avons exprimé nos frustrations sur le fonctionnement de la douane », a-t-il dit. Le porte-parole de l’association des douaniers a souligné qu’ils sont entrés en grève pour dénoncer et attirer l’attention des autorités sur un ensemble de mauvaises pratiques ayant cours à la douane. Nelson Michelson a reconnu que la grève devrait être la dernière étape à franchir dans leur mouvement de protestation. Mais, il a souligné qu’ils ont tenté à maintes reprises de discuter avec les autorités.
Après la résolution de la crise, il a promis que les douaniers travailleraient plusieurs samedis et dimanches sans être payés afin de rattraper le temps perdu.
Intervenant, lui aussi, mardi matin à l’émission Panel Magik, le ministre Wilson Laleau a indiqué qu’après plusieurs tentatives de résolution de la crise, il s’est lui-même rendu à la douane en vue de débloquer la situation. La grève a de graves conséquences non seulement sur les activités économiques, mais également sur la sécurité du pays, a fait savoir le ministre. « Nulle part sur la terre, la douane ne peut être en grève », a-t-il lancé.
Le titulaire du ministère de l’Economie et des Finances a souligné que les protestataires ont convenu de lever le mot d’ordre de grève à la suite des discussions. Pour calmer le jeu et faire montre d’une neutralité dans la gestion du problème, a-t-il dit, il a été décidé de permettre aux douaniers de se faire représenter dans la commission qui va fixer les responsabilités de chacun dans la crise. Interrogé sur la demande des grévistes de révoquer le directeur général de l’AGD, le professeur Wilson Laleau a indiqué qu’il n’a pas été question de négocier le départ d’un directeur. Le ministre ne veut pas créer d’antécédent. Cependant, a-t-il souligné, une fois les responsabilités dans la crise établies, les fautifs devront payer pour les pots cassés, même Fresnel Jean-Baptiste, le cas échéant. Dans un nouveau communiqué publié mardi soir, le ministère de l’Economie et des Finances a informé l’Administration Générale des douanes que suite à la réunion qu’il a organisée le mardi 22 octobre 2013 avec les représentants de l’Association des douaniers haïtiens (ADH) à la salle de conférence du ministère, relative à l’arrêt de travail observé par les employés, il a été convenu les points suivants : la reprise des activités a la douane est fixée au mercredi 23 octobre 2013 en présence du ministre des Finances, Wilson Laleau et du secrétaire d’Etat des Finances, ronald Décembre; la mise en place d’une commission d’enquête administrative pour fixer les responsabilités ; et aucunes représailles ne seront envisagées contre les employés ; toutefois, les résultats de l’enquête indiqueront les mesures disciplinaires à prendre le cas échéant.
Robenson Geffrard, Edrick Saint Juste
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