La bombe K-Plim va-t-elle réveiller Jovenel Moïse ?

Frantz Duval; Editorialiste, Le Nouvelliste Haiti

« Le pays est tèt anba. Un méli-mélo ! J’ai beaucoup de peine. C’est comme un bateau sans gouvernail qui ne sait quelle direction prendre. Il y a un capitaine, mais il est dépassé. C’est une cacophonie… ». Celui qui parle ainsi c’est l’ancien Premier ministre Evans Paul. Le Nouvelliste publie en une de cette édition un article qui reprend ses principales déclarations faites à l’émission ”Sa k ap kwit” sur Télé 20 (chaîne 20 en ondes claires et chaîne 146 sur Canal Sat Haïti)

M. Paul est un ami et un allié du pouvoir en place. Il est à la tête d’une formation politique qui compte des sénateurs et des députés au Parlement. De K-Plim au début des années 70 à nos jours, il est devenu l’un des plus anciens militants politiques haïtiens, de ceux qui ont toujours été sur le terrain, tantôt comédien, tantôt journaliste, tantôt activiste, tantôt candidat, tantôt homme d’Etat.

Dans ses déclarations, où il laisse parler son cœur dit-il, l’ancien Premier ministre n’y va pas de main morte. K-Plim atomise Jovenel Moïse. Sa gestion comme sa méthode (son absence de méthode en fait). Le fondateur de la KID annihile l’équipe qui entoure le président et ne donne pas cher du nouveau gouvernement Céant.

« On n’improvise pas le poste de président, de Premier ministre ni de ministre. Or, depuis un certain temps, c’est ce qu’on fait », dénonce Evans Paul. Il dit plus loin : « Il y a plusieurs ministres actuels qui ignoraient complètement, il y a une semaine, qu’ils allaient occuper une telle fonction ».

KP n’est pas tendre avec le président de la République. « Il est clair, selon Evans Paul, que Jovenel Moïse n’avait pas la formation pour être président de la République, mais il a été aux élections et de ce fait il est qualifié politiquement pour être président. « Le fait d’être qualifié politiquement pour être président, cela ne veut pas dire que vous avez rempli toutes les conditions », écrit Robenson Geffrard, qui a conduit l’interview sur Télé 20 et rédigé l’article pour Le Nouvelliste.

Selon celui qui a fait du théâtre avant d’entrer dans la politique, nous sommes sur le Titanic, et s’il prend soin de dire que l’on peut encore éviter le naufrage, tout le monde connaît la fin de l’histoire de ce grand paquebot.

Les mots d’Evans Paul, allié du pouvoir, sont lourds de désespoir ou d’alerte. La sentence de celui qui a un représentant au gouvernement actuel et qui confesse s’entretenir régulièrement avec le président de la République éclaire sur des problèmes qui, somme toute, grèvent l’avenir du pays et le notre plus que celui de ceux qui tiennent une place dans le jeu des ombres qu’est devenue la conduite des affaires de l’Etat dans notre pays.

On se le rappelle, Evans Paul est celui qui avait su avouer au pays, en présence du président Michel Martelly, en direct sur Radio-Télé Métropole, que les élections conduites par le CEP de Pierre-Louis Opont n’allaient pas aboutir. « Eleksyon yon grenn soulye », avait affirmé le Premier ministre Evans Paul pour expliquer, avec l’image de celui qui fait une course avec une seule chaussure, comment cela était inconfortable et désespéré de continuer avec le processus électoral en janvier 2016.

Aujourd’hui encore, K-Plim parle haut, fort et clair.

Editorial du Nouvelliste, Haiti

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